Moody's vient d'abaisser la notation de la Tunisie

Moody’s vient d’abaisser la notation de la Tunisie

 

Pour Moody’s, la Tunisie passe de la note "B3 à perspectives négatives" à "Caa1" avec « risque élevé » de non-remboursement de la dette.

 

Rappel :

 

Une agence de notation (rating) est une personne morale (entreprise ou institution) dont la mission est d’accorder des notations de collectivités pour des demandeurs en se basant sur des critères prédéfinis par des acteurs du marché ou par une réglementation.

 

Les agences de notation ont vu le jour à la fin du 19ème, début du 20ème siècle.

Au début, l’objectif était d’avoir des informations sur les entreprises privées.

Les premières agences de notation financière étaient Fitch Ratings, Moody’s, Standard & Poor. A ce jour, elles réalisent plus de 90% du chiffre d’affaires ce qui leur attribue les premiers rangs des « Big Three ».

 

Elles travaillaient avec rémunération à la demande de collectivités publiques et d’entreprises privées désireuses d’être évaluées, mais en indépendance vis-à-vis de ces dernières. La notation se fait en fonction de critères financiers évidemment, mais aussi moraux, sociaux et écologiques.

 

Dans les années 1970 la notation financière s'impose aux Etats-Unis, à la suite de la faillite de la première entreprise de chemin de fer américaine, (la Penn Central Transportation Company) qui créa la surprise.

 

En France, la première agence de notation est l'entreprise ARESE (Agence de Rating Environnemental et Social des Entreprises) créée en 1997.  En 2002, Arese fut absorbée par l’agence de notation Vigeo créée par Nicole NOTAT.

De façon simplifiée et résumée, le système de notation se base sur les critères suivants :

·        Pour les entreprises : les critères comptables, de gestion, l'analyse des risques, les perspectives économiques (état du marché : part, saturation, international ou local, croissance...).

·        Pour les Etats : la situation économique, la situation politique générale, la politique monétaire et budgétaire.

Il s'agit donc d'un savant mélange entre données de gestion et données purement comptables.

 

L'échelle de notation selon le barème de l'agence Standard and Poor's:

·        AAA : Risque nul pour le créancier

·        AA : L'émetteur est fiable

·        A : Un risque faible est présent

·        BBB : Solvabilité moyenne

·        BB : Risque de spéculation

·        B : Probabilité de remboursement incertaine

·        CCC : Risque important de non-remboursement

·        CC : Emprunt spéculatif, risque de faillite

·        D : L'emprunteur est en faillite

 

Chaque agence a son propre barème de notation qui s’établit schématiquement de A à D, avec des échelons intermédiaires.

Standard & Poor’s (qui évalue 123 pays et près de 6.000 entreprises) attribue ainsi sa note de triple A (AAA) pour des Etats vertueux comme l’Allemagne où le risque de défaut est quasi nul. Viennent ensuite les investissements de bonne qualité (AA+, AA et AA–), de moyenne qualité (A+, A et A–), puis de qualité moyenne inférieure (BBB+, BBB et BBB–).

 

A partir de BB+, les dettes sont rangées dans la classification « high yield » (haut rendement) et considérées comme spéculatives (BB+, BB et BB–) et hautement spéculatives (B+, B et B–). Enfin, les situations au bord de la faillite (CCC+, CCC et CCC–) et celles où le défaut de paiement est avéré (D).

Dès lors, la dégradation d’une note («@rating») a un impact immédiat sur le coût de financement de l’emprunteur (plus la note est mauvaise et plus le coût de la dette se renchérit) et, très souvent, elle provoque une baisse du cours de Bourse. A l’inverse, une entreprise notée « AAA » obtiendra des taux d’intérêt plus avantageux et jouira d’une belle cote de confiance.

Dans ces conditions, on comprend que les décisions des agences de notation soient scrutées de très près par la communauté financière.

 

Cependant, l’indépendance des agences de notation a été mise en cause dans les affaires Enron (2001) et les « subprimes » (2007). On les accuse aussi d’avoir aggravé les problèmes de dettes publiques de certains pays de la zone euro en dégradant la note de pays comme la Grèce ou le Portugal…

 

La crédibilité des agences de notation :

 

La transparence du fonctionnement des agences de notation et leur impartialité ont été mises en cause du fait des risques de conflits d'intérêts tenant au principe de l'émetteur-payeur : aujourd'hui, ce sont les entités qui émettent des produits financiers qui rémunèrent les agences pour leur évaluation ; les agences seraient par conséquent davantage incitées à donner une note qui convienne à leurs clients qu'à veiller à ce que cette note soit un reflet fidèle du risque que présente le produit. Les notations des dettes souveraines sont moins susceptibles de susciter des conflits d'intérêts, puisqu'elles ne sont pas, la plupart du temps, sollicitées par les États, mais réalisées à l'initiative des agences elles-mêmes.

 

Cela n'a pas suffi à écarter toute suspicion quant aux motivations de leurs décisions : le gouverneur de la Banque de France, Christian NOYER, estimait ainsi en décembre dernier que leur méthodologie et les justifications de leurs notations tendaient parfois à devenir plus politiques qu'économiques. La création d'une agence européenne de notation pourrait, si elle s'accompagnait de garanties adéquates, permettre de répondre à ces critiques.

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A mon avis, il faut relativiser le constat et agir pour sauver le pays.

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