Muguet amer

Muguet amer

Il est des jours où les oiseaux me chantent à l’oreille, il est des jours où le soleil empli mon cœur, choie mes jours et réchauffe mes nuits incertaines. Il est aussi d’autres jours où le cœur n’y est pas mais il faut faire avec. Mais franchement il est des discours où je ne veux plus être, où je vois disséminer ma Nation, fondre mon pays, s’écrouler mes espoirs en un mieux être, triste fut cette époque. Lugubre sonne le glas pour ceux qui parlent si mal, font si mal, se comportent si mal, malmènent des générations qui outrepassent leurs interdits et leurs maudits présages. Je ne vous en partage ni l’image ni le son tant ces parleurs de mauvaise augure n’ont ni langue ni pensé à vous donner de la saveur ne serait-ce que celle d’une démagogie dont je commence à regretter efficience. D’un Ali au Abdelmalek, les sons fusent avec une telle laideur que mes orteils se chatouillent par honte d’avoir à porter les mêmes emblèmes d’une entité qui n’en peut plus de nous être commune. Dieux qu’ils sont médiocres, Dieux que de médiocres n’ont-ils procréé, Dieux que de trésors n’ont-ils dilapidé, Dieu combien ils ont fait joujou avec des institutions, une identité, un honneur, une Histoire, un rêve, Dieux combien ont-ils triché avec les Dieux. 

Ce 1er Mai est fait de tristesse, de banalité et de pâleur à donner aux cœurs bien des pleurs et aux petites bourses encore plus de malheurs. Combien j’aurais voulu offrir des muguets à mes frères, à mes amies, mes amis, mes camarades mais je n’en ai plus le cœur tant le travail est devenu maudit, tant le travailleur est devenu interdit. Qu’il est amer le muguet de ce Mai, qu’il est fané ce muguet amer. Je n’en ai point offert par pudeur, je n’en ai point offert par la certitude que bientôt j’en aurais à offrir à toutes saisons et à toutes et à tous.

Ils ont tout dilapidé, ils ne peuvent plus nous offrir d’autres lendemain enchanteurs, il ne nous construirons plus de tours ni de logements, ils nous marchanderont notre pain et semoule, ils nous feront goûter le lait tourné, ils nous feront bouffer notre silence et notre patience, ils nous mettront le nez dans ce que nous avons médiocrement mangé, ils nous demanderont des comptes tant ils sont faits de culot. Par leurs hublots ils nous jetterons quelques miettes et leurs vils vigiles veilleront encore à ce qu’on les ramasse. On en est à conjuguer sauter au lieu de voter, on en est à craindre plus le bruit de nos bottes que celui des autres, on en est déjà là !

Se tromper d’époque est devenu notre sort car à ne point connaitre notre Histoire nous serons condamnés à la revivre outrageusement.

Il n’y a plus d’argent nous disent-ils, l’Etat n’en peut plus et les caisses sont vides, à vous de vous retrousser les manches nous réaffirment-ils avec l’arrogance de l’imbécile voleur. La belle affaire ! Mais où est le travail, où sont les apprentis formés pour, où sont ces cadres aptes aux taches et à la direction de projets, à la créativité et l’innovation, où sont les entreprises à même de relever les défis de notre temps, où sont les capitaines d’industrie que vous avez castré, où sont les travailleurs que vous avez bâillonné et les syndicats que vous avez si lourdement gavé, où est votre politique de développement et d’émergence ?         

Vous nous composez encore et encore des documents intitulés « Schéma directeur » de ceci et de cela avec des horizons qui s’éloignent miraculeusement une fois arrivés à échéance, un « nouveau model de croissance économique » déjà obsolète, fait d’idées vieilles de 30 ans, une « nouvelle politique industrielle » qui ne verra jamais le soleil, de « nouveaux plans de réformes » qui puent la pérennité d’une bureaucratie faite d’agents médiocres, de cadres incompétents, d’insalubrité civique,   sans vous questionner sur le sort de ceux que vous avez déjà décrété il y a 20 ans, 10 ans et plus.  Sans vous préoccupez des raisons de leurs échecs systématiques, de la responsabilité criminelle de ceux qui en furent les artisans.

Vous vous êtes institués dirigeants par la force du culot, de la roublardise, de la cupidité et des passes droit. Vous vous croyez invulnérables, intouchables alors que vous ne faites même pas confiance en votre propre système, vous faites fuir nos capitaux, votre argent sales en dehors de nos frontières, vous négociez son blanchiment en soutenant les candidats complaisants des autres contrées, vous trichez avec les lois que vous décrétez, vous violez les lois de finance, vous bafouez la constitution comme bon vous semble, vous vous méfiez les uns des autres, vous rigolez de notre détresse, vous en jouissez car cela vous confère un sentiment de puissance et d’immunité. Vous vous préoccupiez de la paix sociale quitte à corrompre (votre seule compétence avérée) des franges entières de la société par mille et un subterfuges mais aujourd’hui vous ne pouvez plus le faire car les caisses sont vides. Sacrées caisses qu’on croyait « inconsommables ». Aujourd’hui vous en êtes à attendre le mois de Mai pour les renflouer avec l’argent des impôts des entreprises que vous avez coulée, pathétique n’est-ce pas votre situation. Alors, restez aux pouvoirs, restez-y jusqu’à vous en faire chasser car qu’il est doux ce confort illégitime et combien il vous est impossible d’y renoncer si ce n’est par la force du coup de pied. En cela vous êtes incapables de prédire et d’anticiper le jour de votre déchéance.

Qu’il est amer ce muguet de ce moi de Mai, qu’il est amer de vous regarder parler, qu’il est triste ce temps passé à vous subir et à vous voir consumer sans modération ni mesure tout notre potentiel, notre devenir. Il vous en coûtera !

Hocine Benmedakhene

Le 01/05/2017         

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets