Ne lisez pas, c'est déjà foutu !

Cela fait un petit moment que je n’ai pas pris la plume pour participer à la vie du réseau LinkedIn et aux différentes discussions, autres que liker un post ou apporter un commentaire.

En matière de réflexion, j’avoue avoir été interpellé ces derniers temps par le grand écart des annonces issues de tous ces derniers sommets High Level, et le pessimisme ambiant. En matière d’écologie et d’environnement, il est souvent trop tard. On est bien souvent sur le « c’est déjà foutu ». Pourtant, la réalité du travail du quotidien est bien éloignée de ces grands discours et, généralement, peu en accord avec cette fin du monde qui nous est souvent décrite comme inéluctable.

Ainsi, il y a les grandes visions et les grandes annonces qui se succèdent régulièrement, traditionnellement. Elles sont nombreuses ces derniers mois. Il y a les rapports scientifiques, comme le dernier rapport du GIEC dont certains regrettent l’absence de reprise générale dans les médias. Effectivement. Le rapport précédent est tombé en période COVID. Celui-ci est rentré, comme je l’ai encore lu avec regrets ces derniers jours, en "concurrence" avec la guerre en Ukraine. En "concurrence" avec la guerre en Ukraine ! Sans doute une question de perception ou de vocabulaire.

Produire un document, c’est bien. Le sortir au moment opportun, c’est sans doute mieux. Cela peut certainement faciliter son appropriation. Je me pose tout de même la question de savoir si un document de plus change finalement grand-chose entre ceux qui se fichent du changement climatique, ceux qui sont à 2 000 % sur le sujet et ceux qui jugent, qu’après eux, il y a le déluge et qu’ils ne seront plus là pour le voir. Ou bien alors, ils seront bien à l’abri.

Dans les bonnes nouvelles, on a atteint le jour de dépassement de la Terre pour les déchets. L'humanité aura d’ici la fin de l’année utilisée 1.6 fois la capacité climatique totale de la Terre. Nous allons manquer d’eau cet été. Mais, enfin une bonne nouvelle, les stocks de certains poissons sont rétablis. Finalement, même quand cela paraît perdu et que l’on prend des mesures, même dans des cas désespérés, on peut avoir quelques résultats.

75% des Français sont d’accord avec l’idée d’interdire le plastique à usage unique, mais la grande majorité dit ne pas faire attention lors de ses achats. Ce maudit passage à l’acte. Nous avons tous des discours vertueux, mais des gestes qui le sont moins.

Il n’y a pas de neige, mais on a de l’eau (du moins encore) et de l’électricité (pas verte). On peut donc faire des jeux olympiques. C’est bien d’augmenter le prix de l’essence pour forcer le citoyen à moins rouler et donc à dépenser moins de carbone. Et puis c’est bon pour la santé de marcher ou de faire du vélo. Mais si vous voulez faire du tourisme dans l’espace, il vous faut bien exploser votre bilan carbone. Halte au nucléaire, vive les éoliennes. Mais pour la Méditerranée, l’énergie du vent ce n’est pas avant 30 ans. Mais d’ici là, mettez un pull et baissez votre température de chauffage. Cela vous permettra de faire des économies d’énergies fossiles et accessoirement des économies pour votre budget.

Well, parfois je me rappelle que mes parents me parlaient de cette période d’insouciance qu’est l’enfance. Aujourd’hui, je mesure mieux leurs propos.

Et au milieu de tout cela, il y a le quotidien, avec les invisibles, les obscurs et les sans-grades qui continuent à agir et à croire que tout n’est pas fichu. Il reste toujours un espoir si l’on se bouge, si l’on croit que l’on peut changer les choses, si l’on se bat, même quand cela paraît impossible. C’est aussi ce que nous disent, à quelques milliers de kilomètres de chez nous, les citoyens d’Ukraine. Finalement non, tout n’est pas fichu.