Nestlé Water-Closet

Chaque année, en France, nous consommons plus de 7 milliards de litres d’eau en bouteille dont une bonne partie est commercialisée par Nestlé Waters. Il est pourtant probable que le groupe suisse ne sabrera pas le champagne cette semaine après les nouvelles révélations concernant sa marque leader, Perrier.

Que contiennent donc les célèbres bouteilles vertes pour que leur production soit totalement interrompue depuis vendredi ? A priori, pas que de l’eau et des bulles... En avril déjà, le préfet du Gard avait ordonné l’arrêt immédiat de la production sur l’un de ses puits après qu’on ait détecté une contamination d’origine fécale, entrainant la destruction de près de 3 millions de flacons d’un litre.

Une présence à nouveau repérée qui fait plutôt mauvais genre dans un univers où la santé est un positionnement marketing incontournable et qui jette le doute sur l’avenir des autorisations d’exploitation accordées jusqu’ici à l’usine de Vergèze.

Les ennuis volant, comme on le sait, en escadrilles, le géant alimentaire suisse est aussi emberlificoté dans une autre affaire, enclenchée mercredi dernier par l’ONG Public Eye qui, avec de solides arguments, accuse Nestlé d’ajouter du sucre dans les aliments pour bébé vendus en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Et pas qu’un peu : + 2 grammes de sucre dans chaque portion de lait de croissance et + 4 grammes dans celle de céréales. Sur les marchés européens, de tels produits sont obligatoirement vendus sans sucre ajouté, pour ne pas contribuer à la multiplication de maladies chroniques comme l’obésité et le diabète.

Si, en bourse, la cote de l’action Nestlé ne semble pas encore dangereusement affectée par ces informations, celle de la confiance des consommateurs pourrait pourtant bien connaître une chute aussi rapide que les chiffres de mise en vente de l’eau gazeuse en rayons.

En communication de crise, mieux vaut toujours dire la vérité rapidement, en l’occurrence pour éviter que la signature publicitaire ne se transforme, sous la plume d’esprits taquins, en Perrier, c’est flou.

Jacques DRAUSSIN