NON ! Féminin – Singulier

Il y a 3 ans, j'écrivais le texte que voici. Et comme les mots sont encore et toujours au diapason des saisons, jamais je n'aurais cru que ce texte serait autant d'actualité aujourd'hui. Je précise donc, que je ne suis pas pour un NON au référendum, mais  pour un NON dans la manière de décider de ce référendum...

Hommage aux femmes, puisque c’est d’elles qu’il s’agit. Nobles révérences à ces altesses altières. Que le salut soit sur vous mesdames qui contre vents et marées, entreprenez ! Que d’éloges pour des guerrières, qui n’envient rien aux hommes. Et si John Gray martèle haut et fort, que les Hommes viennent de Mars, et les femmes de Vénus, c’est donc en ce mois de Mars, que l’humanité voudrait vous célébrer. Que non ! J’exige un Non ; féminin et singulier.

L’on ne le dira jamais assez, qu’est ce donc un mois pour vous fêter ? Au fourneau, ou au bureau, vous faîtes de l’excellence votre crédo, et du « 1 » votre numéro. Singulières ? Oui vous l’êtes ! Tantôt vis-à-vis du client ou du consommateur, roi de par les principes mercatiques. Tantôt vis-à-vis de l’époux, roi par alliance. Car vous êtes des reines. Le sang des reines vous coule dans les veines, et la cendre de Nder, vous l’avez dans votre sang.

Alors je vous dis : « Femmes de Nder ! Dignes filles du Walo ! Redressez-vous et renouez vos pagnes ! ». Cet illustre discours de Mbarka Dia, confidente de la Linguère Faty Yamar, lors de la terrible bataille, lors du fameux et décisif assaut des maures, je vous le confie. Je vous le rappelle. Enseignez-le par pitié à vos filles, et qu’elles en fassent de même pour leurs filles... Car un certain mardi de Novembre 1819, vos aïeules ne se sont pas délecté de l’âpre goût de la fumée et de l’odeur étouffante de l’honneur pour que vous cédiez devant un mot : Parité. Qu’était-ce donc que la parité en 1819 ? Où en étaient ces pays donneurs de leçons, lorsqu’en chantant les refrains de leurs jeunesses, vos grand-mères luttaient farouchement contre l’instinct de survie dans une case en feu : cercueil incandescent, pour ne pas prêter le flanc aux assaillants ? Troqueriez-vous cette prestigieuse leçon d’héroïsme et de civisme contre une exigence, une égalité, un leurre qui tel un mirage, vous brûle les yeux ? Que non ! J’exige un Non féminin et singulier.

D’ailleurs, les self-made women que vous êtes n’ont que faire de la parité, tant de par vos compétences, nul ne trouverait à redire. Pourtant Dieu sait qu’en entreprise, si ce n’est le genre, c’est donc l’âge. Car ils ne nous épargnent guère, eux, leur égo et leurs préjugés. On me l’a dit, il faut que cela change ! La valeur n’attend point le nombre des années disait l’autre. Quel âge avait donc la reine-prêtresse de Kabrousse, lorsqu’elle fit plier la puissance coloniale sous son joug ?

Telle Aline Sitoé, c’est donc belles et rebelles, et avec un charisme incroyable que vous dirigez vos affaires et vous affairez d’ailleurs, en cuisine ou à table. A peine le temps d’attacher vos pagnes, et d’arracher le masque de la grande dame, au profit de celui de la fée du logis, vous voilà impétueuse et plus majestueuse que jamais.

Elles sont donc si singulières, mais tellement plurielles. Puisqu’elles se font le modèle de tant de femmes. Et la chanteuse de clamer que « vous n’êtes pas des femmes – objets ». Que non ! J’exige un Non ; féminin et singulier. Car vous faîtes plutôt femmes, l’objet d’une incompréhension si profonde... Derrière un bureau, vous êtes femmes d’entreprise, à vous battre avec la dernière énergie pour investir...Derrière la marmite, vous êtes dans l’antre, prises par mille et une tâches ménagères, investie de la dernière volonté de satisfaire votre homme. Sans compter votre deuxième bureau : être mère. En voilà un autre boulot à part entière. Aux yeux de la société vous êtes toujours entre prises, cherchant encore le fameux secret pour arrêter le temps, histoire de vous dévouer à la belle-famille et aux amis. Vous l’aurez un jour, ce Chronos[1], vous l’aurez ! Et dans leur erreur, non, dans leur ingratitude, comment oseraient-ils vous dédier une journée, alors que de temps, vous n’en avez même pas pour vous-même ? Que non ! J’exige un Non; féminin et singulier.

Je n’ai ni la voix de Julio Iglésias pour vous « chanter vous, les femmes », ni la plume de Senghor d’ailleurs pour vous décrire. Mais j’ai un dictionnaire ! Qu’il me plaît de feuilleter. Et que vois-je une définition : « Personne qui se distingue par sa bravoure, ses mérites exceptionnels »...Tiens donc un homonyme... « Produit de synthèse obtenu à partir de la morphine (je pense que c’est le féminin de l’amour fin), elle-même dérivée de l’opium (ils ont sûrement voulu écrire or premium) et utilisé comme stupéfiant (cela doit être l’adjectif et non le mot pardi !).... Mais quelle est donc ce mot qui nous qualifie NOUS, femme ?

HEROÏNE : Nom féminin, singulier...

[1] Personnifie le temps et la destinée dans la mythologie grecque.

Ndeye Absa Gningue

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