Notes sur 'Ralentir ou Périr'​ l'économie de la décroissance
"Ralentir ou Périr / 'économie de la décroissance" Timothée Parrique

Notes sur 'Ralentir ou Périr' l'économie de la décroissance

6 pages, temps de lecture estimé de 10 minutes

Je souhaite partager avec vous des extraits du livre de Timothée Parrique Ralentir ou périr.

Timothée Parrique nous adresse un livre particulièrement d'actualité sur les enjeux écologique et sociétaux en les interrogeant sous l'angle de sa discipline, l'économie. Il s'efforce montrer la limite du tout-PIB et de son corollaire la dictature de la croissance à tout prix. 

Les propos ci-après reprennent ceux de son livre et à ce titre provoqueront sans doute une certaine réaction, car il s’attaque aux racines de l’économie, et au delà de l'économie, à ses fondements de son modèle politique. 

Pour Timothée Parrique, une société de la post-croissance est défini comme “une économie stationnaire en relation harmonieuse avec la nature où les décisions sont prises ensemble et où les richesses sont équitablement partagées afin de pouvoir prospérer sans croissance.” 

Car l'objectif est bien d'atteindre un haut niveau de qualité de vie sans croissance (confère ‘prospérité sans croissance’ de Tim Jackson 2009). Et remplacer l’indicateur PIB par d’autres indicateurs mesurant la prospérité de façon holistique. 

Force est de constater aujourd’hui l’intensification des des pollutions humaines, l’intensification du stress hydrique, la déforestation et la bétonisation, l’augmentation de l’effet de serre, l’acidification des océans, l’épuisement des ressources non renouvelables, le recul rapide de la biodiversité

L’ouvrage est d’autant plus intéressant que Timothée Parrique fait le pendant au travail de sensibilisation de Jean-Marc Jancovici, the shift project ou La fresque du climat en l’enrichissant d’une révision des définitions qui accompagnent la mesure de l’activité économique pour prendre en compte. Il rebalaye l’ensemble des travaux effectués sur cette thématique.  

Les solutions qu’il propose sont dérangeantes car viennent bousculer notre petit confort. il impose de par son enjeu notre écoute et a minima une prise de conscience qui doit nous amener à l’action.

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L'indicateur de croissance par excellence

Le PIB maître étalon 

La comptabilité nationale est en charge de mesurer le PIB. L'invention du PIB date des années 1930 aux États-Unis (simon kuznet): il s'agissait d'évaluer l'efficacité des interventions publiques. Après la crise de 1929 le gouvernement à continuer d'utiliser cet instrument de mesure pour organiser la hausse spectaculaire de la production de ta mort pendant la deuxième guerre mondiale . Après la conférence de Bretton Woods, en 1944, le PIB devient le principal outil pour mesurer l’économie d’un pays.

L'agrégat PIB représente le résultat final de l'activité de production des unités productrices résidentes d'un pays. Cette notion peut se définir de trois manières :

  1. Le PIB est la somme des valeurs ajoutées brutes des différents secteurs institutionnels ou des différentes branches d'activité, augmentée des impôts moins les subventions sur les produits (lesquels ne sont pas affectés aux secteurs et aux branches d'activité) ;
  2. Le PIB est la somme des emplois finaux intérieurs de biens et de services (consommation finale effective, formation brute de capital fixe, variations de stocks), plus les exportations, moins les importations ;
  3. Le PIB est la somme des emplois des comptes d'exploitation des secteurs institutionnels : rémunération des salariés, impôts sur la production et les importations moins les subventions, excédent brut d'exploitation et revenu mixte.

Les reproches fait au PIB: il est une valeur d’échange et non une valeur d’usage. 

Exemple: le démarchage téléphonique rentre dans son calcul alors que l’aide aux personnes handicapées en est exclu. 

La santé, l'éducation, les transports publics sur comptabilisés dans le PIB mais seulement à hauteur de leur coût comptable c'est-à-dire principalement les salaires.

Exemple: un système éducatif privé rentrera dans le calcul du PIB, alors qu'un système éducatif public en sera exclu. L'état des stocks par exemple  ‘abondance de poisson dans les fonds sous-marins, l’état des forêts, ou les ressources de pétrole ne sont pas prises en compte dans le PIB.

Le dernier rapport du GIEC lorsqu’il définit le PIB indique que celui-ci est établi “sans  déduire l'épuisement et la dégradation des ressources naturelles”.


Pour l’économiste Eloi Laurent, “la croissance comptabilise fidèlement une part de plus en plus insignifiante des activités humaines : les biens et les services ; mais pas la répartition les transactions marchandes ; mais pas les liens sociaux ; les valeurs monétaires mais pas les volumes naturels. Le PIB est borgne quant au bien-être économique, aveugle ou bien-être humain, sourd à la souffrance sociale et muet sur l'état de la planète”.


“Chaque problème qu'il soit social, culturel, politique, écologique, devient subordonné à la volonté du marché. Lutter contre le réchauffement climatique est-il rentable ? avons-nous un intérêt financier à confiner ? y a-t-il assez d’emplois en France pour pouvoir accueillir des réfugiés ? l'économie en mode croissance-à-tout- prix impose alors une tyrannie de la valeur monétaire, le mépris de toute chose qui n'est pas l'argent.[...] Plus c’est toujours mieux. ”


Cette mentalité affecte également nos identités et nos comportements: le psychologue Harald Welzerr décrit la  croissance économique comme “l'infrastructure mentale” de nos sociétés modernes. Cette obsession pénètre nos façons de penser et de ressentir imprègnent nos désirs, nos espoirs et nos valeurs, et façonne nos identités et nos attitudes.


La psychologue Cécile Marty a également travaillé sur cette intériorisation de la rationalité économique productiviste. Elle parle du sentiment de culpabilité qu’on éprouve lorsqu’on reste sur son canapé, où on culpabilise de partir à 18h du travail…

“La conséquence est que la mentalité économique s'immisce dans toute relation sociale et écologique. Le monde devenant alors une usine géante où toute chose devient un facteur de production potentiel” 

L'économie -d’un point de vue macro- n’est est toujours qu’une histoire de temps, d'efforts (donc d'énergie) et de matière.

Toutes les activités économiques peuvent être catégorisées en 5 grandes familles: 

  • l'extraction, 
  • la production, 
  • l'allocation (transfert par le don, la réciprocité/prêt, la répartition ou la vente), 
  • la consommation et 
  • l'élimination.

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Principe du découplage: séparer économie et pression environnementale

Le découplage impossible du PIB et de la pression environnementale 

Le découplage consiste à décorréler/découpler l’économie de l’écologie, développer la première sans détruire notre environnement.

Timothée Parrique définit par ‘pressions environnementales: l'ensemble des conséquences que les activités humaines ont sur la nature, que ce soit à travers l'utilisation des ressources (les matériaux, l'énergie, l'eau, et les sols) ou ses conséquences sur l'environnement dérèglement climatique (perte de biodiversité, acidification des océans, pollution de l'air, de l'eau, du sol, pollution lumineuse et pollution sonore, etc…).”


Avec six autres scientifiques, ils ont publié en 2019 un document “decoupling debunked” qui arrive la conclusion que la croissance verte -découplage entre l’économie et l’écologie- est impossible.

Il cite cela 5 raisons auxquelles je n'apporterais pas toute les explications qu’il donne: 

1/ On parle que de carbone 

2/ on ne comptabilise pas les importations (or les pays où on l’exporte sont souvent moins efficient pour des productions finales équivalente) 

3/ le découplage n'est souvent que temporaire 

4/ les ordres de grandeur sont loin d'être suffisants et 

5/ on ne prend pas en compte le fait que ce verdissement est partiellement expliqué par des faibles taux de croissance du PIB. 

Les rares cas de découplage absolu que l'on peut observer sont le plus souvent des exceptions de courte durée pendant des périodes de croissance faible ne prenant en compte qu'une partie des pressions environnementales et oubliant souvent les importations. 

L’augmentation des dépenses énergétiques entraîne une pression environnementale. Il n’y a qu’à voir la discussion sur les batteries électriques de leur construction à leur approvisionnement en électricité de recharge.

De plus l’EROI (taux de retour énergétique investi, correspondant au taux d'énergie disponible nette de la quantité d’énergie pour l’extraire et la produire) a tendance à décroitre. les gisements sont de moins en moins accessibles. 

De même les énergies renouvelables ont un ‘energy payback time’ qui n’est pas infini et tend à se détériorer. 

Un même ratio existe pour la quantité de matière à extraire pour disposer du minerai recherché, impliquant plus d'énergie pour l’extraction dans le temps.

Dans tous les cas, il y a accroissement des besoins énergétiques à croissance égale.  


Le recyclage -bien qu’utile et nécessaire -et est à encourager- ne permet pas de sauver le système dans son ensemble. Une partie des déchets ne sont pas recyclables, et selon les lois de la thermodynamique et de l’entropie, nécessite de réinjecter davantage d’énergie pour maintenir ou faire croître l’infrastructure de l’écosystème. Ceci entraînera de facto l’impossibilité de découplage croissance/écologie, et pose ainsi une limite pour verdir la croissance. 

L’innovation technologique en terme d’environnement porte l’espoir des conservateurs du système actuel. Mais en l’état, aucune découverte ne permet de croire à un remplacement suffisamment rapide des énergies fossiles ou des pollutions environnementales avec des solutions viables et vérifiées à large échelle. 

Ceci amène à introduire le coût et le taux de remplacement des infrastructures en cas de découverte majeure. Ainsi mes gains de productivité gagnés nécessitent qu’on ait une explosion des innovations en même temps qu’un taux de remplacement rapide sans empilement technologique. Statistiquement, c’est un peu comme jouer à l’Euromillion et croire gagner avec un ticket.  

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Les valeurs sociétales sont les grandes absentes


L’absence d’éthique sociétale au delà de la métrique du PIB

La croissance du PIB n'est pas un surplus magique. La croissance du PIB est lié à un facteur temps, et le temps est limité au temps disponible. La marchandisation de notre temps ou des ressources naturelles contient des limites. Et il est avant tout un choix sociétal et politique.

“Faire croître la production marchande c'est toujours un peu comme faire un nouveau pull avec la laine d'un ancien pull. Tout d'abord il n'y aura jamais plus de pulls qu'il y a de laine (les limites écologiques du découplage). Ensuite tricoter demande du temps, un temps qui ne sera pas passer à faire autre chose (limites sociales du temps disponible, et du bien être mental des individus aptes à l’effectuer).” 

Or selon Timothée Parrique, “Certaines choses ne peuvent pas être marchandisé est a moins de conduire à leur dégradation.” 

Dès 1967, l’économiste Ezra Misham de LSE, dans ‘the costs of the economic growth’ dénonce qu’une recrudescence des activités commerciales apportait son lot de troubles psychologiques, de surmenages professionnels, de dégradation des activités communautaires, et de pollution. Herman Daly parlait de croissance anti-économique. Et Manfred Max-Neef d’hypothèse de seuil, où la prospérité ne serait pas une histoire de croissance infinie d'accumulation mais plutôt de taille optimale de suffisance

Les limites des politiques de croissance

10 millions de pauvres en France selon l’Insee. La redistribution ne fonctionne pas alors que la France a une des dépenses sociales les plus importantes de l’OCDE. La croissance du PIB n’a aucun impact sur l’allocation des richesses. Les inégalités continuent.

Qu’on parle de croissance inclusive ou de ruissellement des revenus, il y a la croyance d’aspiration vers le haut de la précarité. Mais une des causes provient que les propriétaires du capital s’enrichissent plus vites que les revenus des travailleurs.

Il y a un rapport de 336 entre le patrimoine du décile inférieur (3.8k€) face à celui du plus élevé (1280k€). De même, 10% des français dispose de 50% de la richesse nationale.

La bonne nouvelle c'est que la transition écologique devrait entrainer de monter la part des salaires vs les revenus du capital, car elle favorise les activités riches en travail, comme la réindustrialisation et l’agroécologie (production sobre en machines et intrants).


Concernant l’emploi, Timothée Parrique suggère de décorréler le travail à la notion de production et implicitement de croissance. Si on reprend la définition de l’économie, nous pourrions parler d’organisation du contentement “L'économie est l'organisation sociale de la satiété des besoins”.

Nous avons parlé des bullshits jobs pendant le confinement: l’infirmière est plus utile à la société que le démarcheur publicitaire ou l’agent immobilier. Le risque est d’avoir une moitié de la population qui creuse des trous, et l’autre qui les bouche.

A l’échelle macroéconomique, il y a toujours assez de revenus pour acheter ce qui est produit.

“Mais cette dépendance n'est pas inévitable. Dans une économie avec une distribution plus harmonieuse de la valeur ajoutée, un contrôle démocratique des prix et une culture de la suffisance, nous pourrions tous devenir ‘rentier’, et le salaire ne deviendrait alors qu'une petite partie de notre richesse. Revenu minimum garanti, gratuité des services publics, sécurité sociale de l'alimentation, logement social, plafonnement des prix, redistribution de l'héritage”.  

Le chômage pourrait être une réorganisation de la façon dont nous contribuons à l’activité économique. “Élever ses enfants, organiser une association sportive, donner des cours de langue bénévolement, écrire un livre d'économie sur la décroissance, toutes les solidarités informelle du quotidien, ces activités produisent des utilités (des valeurs d'usage) sans pour autant être comptabilisées comme source de valeur d'échange et donc sans être reconnu comme richesses.” 

“Au lieu de créer de l'emploi pour créer de l'emploi commençant par reconnaître certaines formes de travail comme méritant rémunération”. Ceci permettrait de reconnaître le travail non-marchand. Le but d'une économie n'est pas de s'agiter mais d'optimiser la satisfaction des besoins et nécessite donc une refonte en profondeur de l’organisation sociale du travail.

Le paradoxe d’Easterlin fait référence à la situation où les sociétés continuent de s’enrichir sans pour autant augmenter leur bien-être. La qualité de vie est indépendante de la croissance et niveau de richesse du PIB.

Le consumérisme amène les gens non pas à se définir par ce qu’ils ont ou ce qu'ils sont, mais par comparaison et au prestige que leurs biens leur procurent.

Faire disparaître les inégalités et mieux répartir les richesses est un sujet politique et sociétal, et non pas économique. Faire croire le contraire est du cynisme.

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Reporterre.net


Penser la décroissance et la post-croissance

Dans ‘the limit of growth’ de Dennis et Donella Meadows (1972), la modélisation de 12 modèles prospectifs font converger sur une conclusion où le “taux de croissance exponentielle de la production et de la population finit tôt tard par outrepasser les limites écologiques de la planète. En conséquence la santé de la planète exige que les sociétés humaines respecte ‘un équilibre global’ “ 

Serge Latouche est une des figures de la pensée de la décroissance en France (que sais-je: la décroissance -2019-). Il prône de favoriser le local et la frugalité à l’instar de la surconsommation, et de renoncer aux idées capitalistes fondées sur la constante accumulation de richesse et la croissance économique.

Jean Gadrey, économiste, travaille sur les indicateurs de richesse et également sur la monétarisation de la nature (ainsi que sa marchandisation et sa financierisation). Il parle d’une société soutenable de sobriété et de plein emploi, débarassé de l’obligation de croissance et impliquant une forte diminution des inégalités. Cela passe par plus de durabilité des biens, plus de temps libre, plus de sens au travail, plus de lien social, plus de démocratie…


Aussi parle t-on d’objecteur de croissance, (définit comme dire que si la croissance continue, elle finira par rencontrer des obstacles écologiques), de post-croissance (on dépasse la notion d’objection et on parle de modèles ’alternatifs) et d’autres parlent de décroissance (notion porteur d’un discours politiquement plus engagé et souvent plus radical que les tenants de la post-croissance). 

Pour Timothée Parrique, parler de décroissance permet de transcender les deux premiers concepts pour s'attaquer au projet politique qu’il s’agit de collectivement construire. La décroissance entraine de parler de ralentir la croissance, de favoriser la frugalité et la sobriété dans nos modes de consommation. Il y aurait baisse du PIB, mais cela ne veut pas dire que l’économie rentre en récession.

Chaque foyer français ne nécessite pas d’avoir une machine à laver, dans les immeubles, un espace commun permettrait d’avoir toujours accès à l’usage d’une machine à laver. Cela constituerait une baisse du PIB, mais pas une baisse de la fonction d’usage. On peut imaginer baisser le nombre de voitures thermiques, et favoriser la rénovation de batiments. Supprimer la publicité favorisant le consumérisme pourrait être envisagé comme pour développer des activités à plus forte valeur sociale (favoriser les aides soignantes plutôt que les voyages à l’autre bout du monde).

Dans la publication “exploring degrowth policy proposals : a systematic mapping with thématic synthesis” (journal of cleaner production -2022-) 380 sujets concrets de décroissance sont identifiées et proposées

Ils couvrent “l'abandon des grands projets inutiles et imposés, le décret de moratoire sur les forages marins et la création de sanctuaire écosystémiques, l'introduction de budget nationaux de bien-être, une taxe progressive sur le patrimoine financier ajusté en fonction de l'empreinte carbone, l'annulation de certaines dettes, l'interdiction de certaines formes de publicité, l'allongement de la garantie des produits et la criminalisation de l'obsolescence programmée, l'interdiction des pesticides, la fermeture des lignes aériennes et le rationnement des billets d'avion, la généralisation de l’usage des logiciels libres, une taxe sur le transport maritime et routier, l’interdiction du vertains produits financiers et du trading haute fréquence, [...] le plafonnement des salaires, etc…

Point important, la décroissance, à contrario d’une récession, peut être planifiée, anticipée, organisée, et choisie. On ne parle pas d’effondrement, ou d’accident, mais d’une transition intentionnelle et volontaire.

Une nationalisation de l’énergie permettrait la coordination d’une stratégie de sobriété énergétique nationale et d’une transition plus rapide vers les énergies bas carbone. NDLR: Tout l'inverse du plan Hercule promu actuellement par Bercy.

Ce sont ceux qui ont une empreintes carbone la plus lourde qui devront en priorité déconsommer le plus. La décroissance des pays riches est une condition sine qua non pour la prospérité des pays pauvres.

Ainsi une économie de post-croissance est une économie stationnaire, en harmonie avec la nature, où les décisions sont prises collectivement dans le bien de tous, où les richesses sont plus équitablement réparties et partagées et où la qualité de vie s’accroit.

Une économie de la post-croissance serait donc une économie où l’on passerait de l’économie du toujours Plus à une économie du Mieux.

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