Notre santé est fragile, notre planète aussi !

Et s’il s’agissait de l’enseignement le plus précieux que nous pouvions tirer de cette crise sanitaire ?

C’est face à l’urgence de la situation que nous avons changé. En un temps record, les citoyens du monde entier ont modifié leur façon de travailler, de se déplacer, de se saluer, de respirer. 

Le déclencheur ne peut être ignoré. C’est parce que nous avons eu peur, pour nous, pour nos proches, c’est en raison de l’imminence du danger, que nous avons agi.

Mais sitôt le danger un peu éloigné, la tentation est forte d’oublier les gestes barrières qui nous protègent.

Ce biais du temps présent me semble être également l’un des principaux freins à une pleine et rapide transition écologique.

A tort, nous pensons que les conséquences graves du changement climatique ou de l’effondrement de la biodiversité sont pour demain, voire après-demain.

Ce prisme déformant, nous devons lui tordre le cou. Car ne pas agir aujourd’hui, c’est menacer notre propre santé demain. La crise du Covid-19 a mis en lumière ce très fort lien entre santé/bien être et environnement/climat.

Pollution de l’air, de l’eau, des sols, nuisances sonores… la dégradation de notre environnement peut prendre des formes très variées. Toutes ont des conséquences immédiates sur notre santé. L’OMS estime aujourd’hui que les facteurs environnementaux jouent un rôle dans 80 % des maladies les plus régulièrement recensées et seraient responsables de 23 % de tous les décès. La pollution de l’air, y compris intérieur, entraîne des maladies respiratoires, des allergies. Elle est également identifiée par l’OMS comme l’une des premières causes de cancer. La pollution de l’eau est source de multiples maladies : choléra, typhoïde ou encore polio. Les nuisances sonores provoquent anxiété et troubles du sommeil.  

Je vois dans cette prise de conscience accrue du lien indéfectible entre environnement et santé une opportunité d’accélérer plus encore la lutte contre le changement climatique.

Pourquoi ce sujet résonne-t-il particulièrement pour Saint-Gobain ? Parce que nous savons qu’en améliorant la qualité de nos bâtiments nous pouvons améliorer leur empreinte écologique en même temps que notre état de santé. L’isolation joue par exemple un rôle important. Des études épidémiologiques soulignent que le risque de crise cardiaque pour les personnes vivant à proximité de rues très sonores est environ 20 % plus élevé que pour les résidents de rues plus calmes. Quant aux passoires thermiques où l’on ne peut que déplorer qu’un si grand nombre de personnes y vivent encore, elles sont un désastre environnemental autant qu’elles nuisent à la santé et au bien-être de ses habitants.

 Bref, la planète et la santé doivent être pensés de concert. Cette prise de conscience qui s’opère est un puissant moteur du changement.

Même dans le contexte incertain et difficile dans lequel nous nous trouvons, les motifs d’optimisme existent : nous sommes à un moment de bascule, où l’ensemble de la société peut être embarqué.

Je suis convaincu qu’un alliage inédit est en train de se nouer entre puissance publique et volonté individuelle. Si ces derniers mois ont mis à jour notre fragilité et ont fait resurgir les risques de réactions court-termistes, c’est désormais bien de notre future résilience aux crises – sanitaires ou climatiques – qu’il s’agit. Chacun, à son échelle, s’empare de ces sujets.

C’est le cas des gouvernements et des institutions – la Commission Européenne notamment avec le plan de relance ambitieux de 750 milliards d’euros – qui agissent concrètement pour une relance sociale et durable. C’est le cas également des citoyens ! En France, même si je n’adhère pas à toutes les propositions qui en sont ressorties, car relevant d’une vision punitive de l’écologie et non pas d’une écologie incitative, plus inspirante, et à laquelle personnellement je crois pleinement, la Convention citoyenne pour le climat a été un moment fort de montée en compétence sur les sujets climatiques, avec des propositions audacieuses qui ont été formulées sur le sujet de la rénovation énergétique et thermique.

Tout l’enjeu est de faire basculer les sujets environnementaux et les préoccupations de moyen et long-terme dans le champ de la conscience immédiate. Le coût des changements de modes de vie ou de consommation nous apparaît souvent trop important et les bénéfices trop lointains : rattachons-les à nos préoccupations de bien vivre, en bonne santé, aujourd’hui, et nous en tirerons la motivation à agir qui peut encore nous manquer.

Plus que jamais, l’expression « urgence climatique » doit prendre tout son sens.