Nucléaire et charbon: restons en aux faits.
Je lis souvent sous la plume de mes collègues de la filière nucléaire des attaques en règle contre l’extraction du lignite en Allemagne. Il n’est pas question pour moi de défendre ce combustible fossile, mais d’inciter les uns et les autres à ne pas user d’arguments tronqués, même quand ceux-ci ne traitent que d’une part mineure du problème. Au sujet des mines de lignite à ciel ouvert, j’observe ceci dans des posts à charge, qui reprennent curieusement les arguments des Verts :
- « La mine a détruit la forêt de Hambach » : cette forêt était certes ancienne, mais ne pouvait pas excéder la surface de la mine elle-même. Pour chaque arbre coupé, RWE doit en replanter 4. Les prairies alentour sont transformées en forêt. Nous n’avons jamais eu autant de surfaces boisées alentour de nos villages. La forêt atteindra bientôt mon jardin…
- Le post est agrémenté de la photo aérienne de la mine, immense saignée dans la terre. Notons que cette image impressionnante était reprise dans l’édition de vendredi du Figaro. Cette vision n’est possible que depuis un seul point de vue ou depuis une section d’autoroute. J’habite à 1 km à l’ouest de la mine, et ne voit que la « Hauteur de Sophie » (die Sophienhöhe – voir la photo jointe), la montagne artificielle entièrement reboisée et sur laquelle les randonneurs profitent de plus de 100 km de chemins. Nul bruit, nulle fumée noire.
- « Il y a eu des expropriations en masse » : c’est peut-être subtil, mais il s’est agi de rachats fait au long des ans. Venez visiter le village de Lich-Steinstraß, construit dans les années 80 pour remplacer les 2 villages absorbés, et vous constaterez que le dédommagement a dû être à la hauteur du standing des maisons, presque outrancier. En matière d’expropriations stratégiques pour autoroutes et infrastructures, je ne crois pas que nous ayons des leçons à donner.
- « Les décès par maladie se comptent par dizaine de milliers du fait des mines et des centrales à charbon. » Je ne contesterai pas les études d’éminents spécialistes, mais je m’étonne de n’avoir jamais eu connaissance dans mon entourage d’une personne disparue du fait de la pollution. Je me demande comment ces statistiques, reprises à l'envie, sont construites?
- Il n’y aura pas rebouchage du trou et nouveau bouleversement du paysage, mais noyage de la mine pour la transformer en lac de plaisance.
Effet miroir : rappelons-nous ce qui était ainsi raconté sur « mon » usine de La Hague :
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- « C’est une verrue de béton sur la pointe sauvage du Cotentin » : moi, je lui trouvais fière allure.
- « 330 hectares confisqués aux agriculteurs du pays » : certes, mais des villages devenus riches grâce aux emplois, au commerce et à la taxe professionnelle.
- « Les rejets de l’usine causent des leucémies et des cancers ». Des allemands imaginaient alors une région désolée, en proie aux atomes voraces, et ne voulaient pas y venir en vacances, effrayés par ces phantasmes médicaux.
- « Une telle masse de béton ne sera jamais démantelée… ». Certes, il faudra du temps, mais nous y arriverons.
L’erreur stratégique des gouvernements allemands, condamnant l’énergie nucléaire et se condamnant aux énergies fossiles, se suffit à elle-même. Il ne me semble pas utile de rajouter des arguments miroirs de ceux que nous avons connus à notre encontre et qui n’apportent rien au débat. Certes, une mine à ciel ouvert écorche la terre, comme celles d’uranium au Niger, ou comme ces multiples sites d’extraction des minerais dont nous faisons grand usage.
Restons-en aux faits, et n’imitons pas les chicaneries historiques des Verts.