Numérique en France : un bilan en demi-teinte
Couverture de l'étude Roland Berger Google France Notre pays face à la nouvelle donne numérique

Numérique en France : un bilan en demi-teinte

Au lendemain du CES 2017 de Las Vegas, où la French Tech était bien représentée, Roland Berger et Google France ont voulu dresser une photographie de la France numérique. Objectif : mesurer les points forts et les marges de progression de l’Hexagone en se livrant au jeu des comparaison avec les meilleurs élèves. Bilan et explication.

Cinq thèmes, 30 fiches, 48 pages pour dresser un Etat des lieux numérique de la France en 2017 : le cabinet d’étude Roland Berger et Google France brossent un panorama complet de la situation dans une étude intitulée "Notre pays face à la nouvelle donne numérique", qui vient d’être dévoilée. Des usages des citoyens et dans les entreprises, à la transformation de l’Etat en passant par l’écosystème numérique, sans oublier la formation et les compétences : tous les domaines ont été passés au scan pour dessiner un portrait au plus juste de la France numérique. Avec une question centrale : l’Hexagone se donne-t-il les moyens d’être une grande puissance numérique et de faire émerger des champions nationaux ?

Avec ses 65 milliards d’euros, la France est le deuxième marché européen du e-commerce, derrière le Royaume-Uni.

Au rang des atouts pointés par le rapport, les usages se sont fortement développés, avec un goût marqué des Français pour le numérique, et notamment un vif appétit pour l’achat en ligne. « Avec ses 65 milliards d’euros, la France est le deuxième marché européen du e-commerce, derrière le Royaume-Uni. Cependant le panier moyen par an est très inférieur puisqu’il s’élève à à 1800 euros versus le double chez le leader européen», détaille Nicolas Teisseyre, associé chez Roland Berger et coauteur du document. Les acteurs français du e-commerce ont pris une belle place en France face aux leaders internationaux (cf graphique).


La France caracole aussi en tête sur le marché des petites annonces, comme en témoigne le succès du Bon Coin, et les Français ont adopté en masse le car sharing, donnant naissance à Blablacar, une des seules licornes françaises. L’Hexagone est également le deuxième plus gros marché d’Airbnb derrière les Etats-Unis.


Autre signe de l’adoption des usages numériques, les Français sont parmi les mieux équipés pour accéder aux contenus en ligne depuis leur domicile avec 79% des foyers équipés pour la VOD. Petit bémol souligné par l’étude : 11% des Français n’ont jamais utilisé Internet, contre seulement 3% au Danemark. Un pays qui a mis en place des politiques et alloué des ressources pour combler le gap numérique en direction des séniors.

La France est en retard sur les usages mobiles par rapport aux autres pays européens.

Côté faiblesse, l’étude montre que la France n’est pas en avance sur les usages mobiles par rapport aux autres pays européens. Ainsi seulement 27% des pages vues le sont sur mobile contre 41% pour le Royaume Uni et 27% des transactions de e-commerce se font sur mobile en France, versus 51% de l’autre côté de la Manche. Or la deuxième révolution d’Internet est tirée par le mobile.

« Les entreprises ont adopté une attitude attentiste par rapport aux attentes des internautes et l’Etat prend du retard », souligne Elisabeth Barges, directrice des politiques publiques chez Google France. La France, qui avait une certaine avance en termes d’infrastructures télécoms, a enregistré un retard à l’allumage dans le déploiement du très haut débit et de la 4G.

D’ailleurs si le plan Fibre lancé en 2013 par le gouvernement va répondre à cette problématique, le chantier a pris du retard. La cour des Comptes vient de prévenir que l'objectif d'un territoire 100% en très haut débit d'ici 2022 ne sera pas atteint, et table plutôt sur 2030. Et ce plan, qui remplacera l’ADSL par la fibre, coûtera plus cher : 35 milliards contre 20 milliards. Reste que la fibre couvre bien 50% de la population cette année. 

Seulement 66% des PME françaises disposent d’un site web, contre 80% en Allemagne

Du côté des entreprises, le bilan est également mitigé. La France ne figure pas en tête de classement par rapport à ses voisins européens, à la fois en terme d’équipement mobile mais aussi en matière de service proposés aux internautes. Globalement, le constat dressé est sans appel, signe que les entreprises ne se sont pas saisies de la transformation numérique, ou pas assez. Les PME utilisent insuffisamment le numérique dans la relation client : 66% d’entre elles disposent d’un site web, contre 80% en Allemagne et seulement 16% font de la vente en ligne.

Aucune entreprise pure player française dans les 100 premières entreprises nationales.

Et si des efforts sont fait du côté des start-up, avec une belle représentation lors du dernier CES de Las Vegas qui vient de s’achever, l’accompagnement de la croissance des entreprise reste le maillon faible hexagonal. Avec comme résultat, des start-up qui se vendent et aucune entreprise française n’est présente dans le Top 100 mondial des capitalisations boursières (Orange est à la 262e place). Et comme le montre le visuel, la France ne dispose d'aucune entreprise pure player dans les 100 premières entreprises nationales.


L’enjeu est pourtant économiquement significatif. Selon les auteurs de l’étude, la France pourrait gagner dix points de croissance. En doublant le niveau de numérisation, actuellement évalué à 12% mais dans la moyenne européenne, l’Hexagone pourrait créer 200 à 250 milliards d’euros supplémentaires de valeur à l’horizon 2025. Une belle manne !

Emmanuelle Leneuf, Fondatrice du FlashTweet

Paris, le 01 février 2017

Marie-Mercédes GHENASSIA

Responsable Communication chez HSBC

7 ans

Et certains candidats imaginent sans sourciller une "taxe-robot" pour financer le doux rêve d'un revenu universel...

Frederic JUANICO

CHIFFREUR EXPERT chez SNEF

7 ans

Article très intéressant, couverture prévue du territoire en fibre 100% en 2022, finalement vu le retard pris plutôt 2030?

Emmanuel GILBERT

Directeur Administratif et Financier chez Tulipes & Cie

7 ans

Article très intéressant. Une pyramide des âges des différents pays cités aurait cependant été un complément intéressant pour comprendre pourquoi 11 % de la population française n'a jamais utilisé internet. De même pour le taux de détention de portable vs les autres pays européens pour comprendre un peu mieux le faible usage du mobile.

Luc Chapoton

Directeur de cabinet du Maire- Conseiller Départemental de l'Oise

7 ans

Passionnant, bien étayé. Une synthèse pertinente des tweets récemment reçus.

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