NVA
“L’union fait la force !”
Une phrase d’introduction qui risque bien de faire grincer les dents du lion de Geert Bourgeois, à qui j’aimerais dire par la même occasion, que “de leeuw houd van pik”. Bref, très chers lecteurs, si vous êtes des orangistes convaincus ou de simples nationalistes flamands, ne continuez pas la lecture de cette chronique. Par contre, si à l’instar de ma personne, vous aimez les frontières belges, welkom !
Il était une fois un petit état fort sympathique, qui durant des décennies résista à l’invasion du sentiment régionaliste. Évidemment, pour survivre face à l’ennemi, il a bien fallu faire de nombreuses concessions, l’une d’entre elles nous a mené au fédéralisme. Accords après accords, ce petit pays s’est rendu compte qu’il empruntait un chemin fort peu connu, qui le mena à la séparation de son joyau le plus précieux : son unicité territoriale. Tout ça parce que vous aviez d’un côté, le coq qui désirait gérer ses sous, et de l’autre, le lion qui voulait pratiquer sa langue. J’oubliais... Ces deux protagonistes se chamaillaient sur un îlot à l’avenir incertain, une ville capitale qui concentre toutes les tensions. Le particularisme belge est réputé pour être truffé d’embûches et traversé par une tuyauterie institutionnelle sans précédent historique, autant dire un gribouillage politique. Ajoutez à tout cela le fait que les négociations ne se font pas en souriant au Royaume, mais plutôt dans le brouhaha des partis politiques qui se lancent des noms d’oiseaux à longueur d’élections. Dans ce contexte, la Constitution doit résister aux envies incessantes de certains d’y inscrire tout le mal qu’ils pensent de ces gens, qui vivent de l’autre côté de la loi du 31 juillet 1921.
Entre francophones, néerlandophones, germanophones, et pour les plus chanceux, bilingues, l’harmonie est l’exception et la cacophonie la règle. Même s’il faut reconnaître que, concernant notre aptitude à pondre des réformes de l’état sans trop de sang, nous sommes plutôt exemplaires. Ces dernières se surpassent l’une après l’autre, chacune étant de plus en plus compliquée à lire, tant pour les juristes que pour les électeurs, c’est que le belge aime chinoiser la simplicité. Si vous parvenez à saisir le régime belge et ses innombrables astérisques en bas de page, félicitations, vous trouverez en annexe un diplôme de politologue. Bon, passons au vif du sujet...
Cher Bart,
Vous êtes, à mon sens, l’un des hommes politiques les plus doués que notre pays ait connu. Vous maniez l’art de la parole avec brio, vos analyses et vos prédictions sont aussi bonnes que nos croustillons. La stratégie politique n’a plus aucun secret pour vous, les médias francophones doivent l’avouer, vous avez toujours deux coups d’avance. La communication fait souvent défaut chez nos représentants, elle est l’une de vos qualités. En effet, chacune de vos sorties est travaillée, et l’effet escompté est toujours atteint. Comment faites-vous pour coordonner à merveille cet orchestre si chaotique, qu’est la vie politique belge ?
De plus, vous avez réussi là où beaucoup d’autres ont échoué, vous êtes l’investigateur d’une véritable discipline au sein de la N-VA. Tel un capitaine de navire, vous parvenez à amarrer cette machine électorale, de sorte à ce qu’elle ne bouge plus et reste au plus près de l’idéologie génétique. Tel un général, vous menez vos troupes vers les 30%, et peu importe le nombre de déserteurs, il vous reste toujours la réserve du Vlaamse Belang, qui est un vivier alléchant d’hommes et d’idées, n’est-ce pas ? Sans oublier un autre de vos talents, vous savez rassurer vos électeurs de tous bords. Si certains s’inquiètent, vous placez intelligemment Théo Francken à l’Asile et la Migration, et si d’autres s’impatientent, vous promettez publiquement que le débat institutionnel n’est pas oublié. Que de manoeuvres habiles ! Mais il y a une chose que vous avez négligé mon cher De Wever. Et c’est peut-être là votre talon d’Achille...
Il existe un obstacle à votre projet séparatiste, il n’est pas étiqueté et ne siège pas au Parlement, mais il est puissant, très puissant. Il n’est pas centralisé, sa force est diffuse, il bénéficie d’une large implantation et ne s’arrête pas aux frontières du Brabant. Cet obstacle risque probablement de contrecarrer votre ambition, et de la renvoyer dans les tiroirs de la Volksunie. C’est l’amour de ces millions de citoyens pour la Belgique unie. Ces terres qui ont vu naître Jacques Brel, Adolf Daens, René Magritte, Victor Horta, Enerst Solvay, Dirk Frimout, etc. La liste est longue.
Certes, nous avons trois langues, trois communautés et trois régions, mais nous possédons un point commun unique : notre fierté d’être belge !