Obama face au pouvoir, dans les coulisses de la Maison-Blanche | Guillaume Debré
J’ai enfin pu me discipliner suffisamment pour venir à bout de ce pavé de 385 pages. La lecture de l’ouvrage m’a quelque peu rappelé le fameux “Bush-Kerry : Les deux Amérique.” de Christine Ockrent, que je n’ai eu aucun mal à absorber dans son intégralité en deuxième année de fac.
Il n’est pas très difficile de déterminer le bord politique de l’auteur au fil des pages. Les premières tout particulièrement sont on ne peut plus révélatrices à mon avis. Mais qu’importe, Debré finit systématiquement par “retomber sur ses pattes”. J’estime qu’il s’agit d’un narrateur et documentaliste de qualité, un journaliste qui se veut factuel et précis dans ses énoncés.
Le livre retrace brièvement l’accession de Barack Obama à la Maison-Blanche jusqu’à son duel avec Mitt Romney, gouverneur de l’Etat du Massachusetts alors. Ce bon vieux Mitt qui m’a d’ailleurs arraché pas mal de fous rires en 2012 de par ses gaffes à répétition et son programme politique que je trouvais étriqué et un chouïa trop populiste. On aurait dit un “Dubya” bis.
Bref ! Debré nous mène à la rencontre du 44ème président des États-Unis d’Amérique. Barack Obama, homme plein de charisme, de charme, cérébral à souhait, adepte du compromis sous toutes ses formes pourvu que victoire s’en suive, doté d’un esprit analytique et quelquefois empêtré dans ses propres contradictions idéologiques, agaçant parfois son entourage proche et ses homologues étranger — Nicolas Sarkozy en bonne place — par ce côté mou, presque timoré, qui le caractérise…
Toutefois rien n’est laissé au hasard dans les différents positionnements politiques de l’homme. Une visée électorale à court, moyen ou long terme sous-tend systématiquement ses quelques hésitations, revirements et réajustements qui ont l’art de donner le tournis à ses propres alliés, leur laissant bien souvent un arrière-goût de schizophrénie politique à son sujet. Son apparente inertie quant à certains sujets sensibles elle-aussi est très souvent calculée. La défaite du parti Démocrate aux mid-terms de novembre 2010 en est un exemple patent, Obama ayant visiblement préféré sacrifier sa majorité à la Chambre des représentants afin de consolider ses chances de réélection.
L’auteur établit de nombreux parallèles entre la gouvernance de l’administration Obama entre 2009 et 2012, et celles des administrations précédentes (Bush père et fils, Clinton, Reagan, Kennedy, Carter,…), dans des circonstances quasi similaires — un atout majeur de cet ouvrage. Obama sait qu’il a tout intérêt à étudier dans les moindres détails le bilan de ses prédécesseurs et à tirer des leçons de leurs erreurs.
Depuis l’entame de sa course à l’investiture du parti Démocrate à ce premier mandat présidentiel, Obama a su s’entourer de fins stratèges, de machines intellectuelles, de durs au labeur comme il les aime. Chapeau bas à Hillary Clinton et Rahm Emmanuel — pour ne citer que ces deux là — dont les capacités d’action et “d’ingestion” de l’information m’ont laissé pantois quoique n’étant pas toujours en phase avec les méthodes employées, et la vulgarité manifeste du second.
J’ai beaucoup apprécié les deux derniers chapitres traitant de Mitt le millionnaire et de l’organisation de la campagne électorale de 2012 côté Démocrate. Par contre la soupe à la grimace a été servie quand il a été question de s’attaquer à la section de l’ouvrage évoquant les nombreux caprices de Michelle Obama. À tel point que, je l’avoue, j’en suis arrivé à me demander comment son époux parvient à supporter au quotidien pareil caractère.
J’attends d’ailleurs patiemment que l’autobiographie Devenir de Dame Michelle me soit livrée histoire de mener mon “étude comparative”. L’affaire d’une petite poignée de jours maintenant. Je ne retrouverai probablement pas une grande dose d’objectivité concernant sa personnalité dans cet autre bouquin mais sait-on jamais.
Malgré les nombreuses redites inutiles (le cercle de fidèles d’Obama, le tempérament du président, la perception qu’a Hillary de celui-ci, la légalisation des Super-Pacs par la Cour Suprême, etc…) et quelques lignes réductrices au relent identitaire douteux (“[…]culturellement, l’Amérique n’est plus depuis longtemps dominée par les blancs — depuis que le hip-hop, la musique de rue des jeunes Africains-Américains des villes, a été adopté par une majorité d’adolescents, y compris les blancs des banlieues cossues.” cf P.355 ), Debré nous offre indéniablement un bel ouvrage documentaire dont il a toutes les raisons d’être fier.