Obsolescence programmée contre bien commun

Obsolescence programmée contre bien commun

Sur plainte de l'association HOP (Halte à l'obsolescence programmée), la justice française a récemment ouvert une enquête contre le fabricant d'imprimantes Epson accusé d'avoir implanté des puces rendant indispensable le changement prématuré des cartouches d'encre.

L'association a également déposé plainte contre Apple qui, par le biais d'un logiciel, impose des mises à jour dégradant les performances de l'iPhone. Les affaires de ce type vont-elles se multiplier en France au point d'engendrer des pratiques industrielles plus écologiques et responsables ?

Urgence écologique

On a tous connaissance d'anciens produits électroménagers dont la longue durée de vie contraste avec la fragilité des nouveautés d'aujourd'hui. L'obsolescence programmée n'est pas tenable pour des raisons notamment environnementales.

Notre société ne traverse pas une crise, terme qui suggère une perturbation provisoire avant que tout redevienne comme avant. Nous vivons au contraire une vraie rupture, avec une urgence écologique devenue extrême. Le temps d'un bonheur lié à la quantité des biens consommés est révolu.

Conscient des dérives et des enjeux, le législateur français a réagi. Définie comme l'ensemble des techniques visant à réduire délibérément la durée de vie d'un produit pour en augmenter le taux de remplacement, l'obsolescence programmée est, depuis l'été 2015, considérée comme un délit pénal.

Initiative salutaire pour se donner les moyens de lutter contre les abus et pour accompagner les changements déjà perceptibles dans le comportement des consommateurs à la fois soucieux de leurs dépenses et de l'environnement.

Outre les espaces physiques collaboratifs de fabrication et de réparation, nombre d'initiatives émergent sur Internet : les possibilités d'échanges, de partage, de locations et d'achats de biens d'occasion se multiplient, à l'instar du nombre de tutoriels pour réparer soi-même son matériel.

Des besoins bien réels

Consommateurs et travailleurs se posent désormais la question du sens. Quels produits acheter, partager ou créer afin de répondre à des besoins sociétaux bien réels ? Certains défenseurs de l'obsolescence programmée continuent à voir dans cette production à outrance de biens de courte durée un facteur de création d'emplois.

C'est oublier que la lutte contre l'obsolescence programmée peut créer un avantage compétitif, favoriser le secteur de la réutilisation et de la réparation et constituer également une source d'emplois. Et c'est surtout oublier que l'emploi est fondamentalement pour une personne un moyen de participer au bien commun.

Le développement de produits durables constitue précisément une activité de travail qui contribue au bien commun et à laquelle on peut donner un sens. La visée du bien commun n'exclut pas la poursuite d'un bien personnel ; elle rend au contraire possible une réalisation du bien personnel en permettant la réalisation d'objectifs à long terme tournés vers le bien sociétal.

Ainsi, la poursuite du bien commun n'est pas un luxe. Elle est une nécessité à laquelle les entreprises peuvent prendre part en concevant des produits de qualité, durables, réparables, améliorables, compatibles, utiles. Les entreprises qui sont capables de s'adapter à ces nouvelles attentes sociétales sans céder à la mode du greenwashing consistant à se contenter d'une simple coloration « écolo » prendront un temps d'avance sur les autres.

Enseignant-chercheur en management des RH, IUT Nantes, et professeur à Audencia Business School (Nantes), Yvan Barel et Sandrine Frémeaux évoquent la lutte contre l'obsolescence programmée.

Tribune publiée sur Ouest France

Cyril Parein

Développeur PHP Symfony | Chef de projet technique

6 ans

Bonjour, je soupçonne mon imprimante multifonction HP d'avoir le même "comportement" que les Epson... Merci pour cet article.

José MACHADO

Direction d'unités de production, d'un pôle, d'un ESSMS

6 ans

C'est une bonne chose ce travail de ciblage des manipulateurs de la non-qualité. les fabricants de machines à laver seront probablement les suivants. Tous ne sont pas à mettre au pilori, mais beaucoup trop jouent avec le feu... les aubes des tambours et les roulements sont intentionnellement affaiblis pour générer des crashs...

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