Octobre, mois maudit sur les marchés

Octobre, mois maudit sur les marchés

Les grandes places financières ont nettement reflué mardi, de Tokyo à New York en passant par Shanghai ou Paris. Plusieurs lames de fond vont peser à long terme sur l'évolution des Bourses mondiales.

Avis de gros temps sur la planète boursière. Les grandes places financières ont nettement reflué hier, de Tokyo à New York en passant par Shanghai, Paris ou Francfort. Elles s'apprêtent à essuyer  l'un des plus mauvais mois depuis 2011, voire 2008 pour certains indices. Octobre est décidément maudit, qui avait déjà vu les marchés s'effondrer en 1929, en 1987 et en 2008...

Quand surviennent de telles secousses, il faut cependant distinguer l'écume de la vague de fond. Faire la part entre l'atmosphère qui joue - ponctuellement - sur le moral des investisseurs et les tendances profondes, celles qui vont influencer les marchés pour des années. L'écume, c'est évidemment un président américain totalement imprévisible, capable de déclencher une guerre commerciale en quelques tweets ou  de sermonner sa banque centrale comme un enfant. C'est aussi ce bras de fer qui se joue entre Bruxelles et Rome sur le budget italien, avec ses acteurs  de commedia dell'arte . C'est encore les  négociations interminables sur le Brexit qui butent sur l'introuvable frontière irlandaise. Tous ces éléments ne sont pas à prendre à la légère. Ils participent à assombrir le climat actuel. Mais ils ne semblent pas insolvables, et ils ne sauraient justifier à eux seuls le retournement actuel des marchés (cela fait d'ailleurs plusieurs semaines qu'ils sont à l'oeuvre).

Lames de fond

Il faut donc regarder du côté des vagues de fond. La dette d'abord.  Elle n'a cessé de croître depuis la crise financière. Cela a permis au monde d'absorber le choc, mais  les ressorts d'une croissance fondée sur l'endettement sont désormais cassés, et la remontée des taux se profile... La Chine ensuite. Elle tient son économie à bout de bras à coups de subventions et, là encore, de crédits opaques fournis par les collectivités, les banques d'Etat ou la « finance de l'ombre ». Mais Pékin ne pourra assurer de la sorte, et sans heurts, sa transition vers une économie moins dépendante des exportations. Les progrès technologiques, indéniables au cours des deux dernières décennies, mais  qui ont tendance à mal répartir les créations de richesse,laissant beaucoup de perdants derrière les nouveaux mastodontes américains et chinois.

Quand surviennent de telles secousses, il faut distinguer l'écume de la vague de fond

Voilà les lames de fond qui vont peser sur l'évolution des Bourses mondiales. Elles commencent déjà à se lire dans les résultats de quelques poids lourds de la cote, et n'ont sans doute pas fini de produire leurs effets. Cela ne se terminera pas nécessairement en krach. Mais après les progressions spectaculaires des derniers mois, avec des cours dopés artificiellement à coups de rachats d'actions ou de réforme fiscale, cela mérite a minima que les investisseurs fassent preuve d'un peu plus de prudence et de discernement.

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