Offrir du temps à ses salariés pour faire du sport : perte ou gain financier ?

Les innovations du sport-santé se multiplient dans les entreprises, témoignant d’un intérêt croissant des employeurs pour la santé et le bien-être de leur personnel. Notamment, certaines entreprises offrent du temps à leurs employés pour pratiquer une activité physique sur le lieu de travail. Ces initiatives restent cependant minoritaires, traduisant une certaine réserve de la part des entreprises.

Est-il insensé d’allouer du temps à ses employés pour pratiquer du sport sur le temps de travail, et qui plus est de financer ces activités ? Force est de constater que ce type d’investissement est très coûteux pour l’employeur. Pourtant, le fait que certains le fassent et en mesurent les bénéfices ne signifie-t-il pas que payer 1 heure de sport par semaine à ses employés s’avère payant quelque part ?


Lutter contre la sédentarité avec 2 heures de sport offertes

En France, le Code du Travail stipule que l’employeur a pour obligation de veiller à la santé de ses employés. Cette protection est à la guise de l’employeur, qui décide de son niveau d’engagement pour inciter les salariés à pratiquer une activité physique régulière. Ce niveau d’engagement peut se jauger (1). Par exemple, l’engagement de Microsoft et d’Air France, qui ont installé une salle de sport dans les locaux, est dit de niveau moyen. Dans le cas de PepsiCo et E. Leclerc, qui offrent des sessions sportives sur le temps de travail, on parle de niveau d’engagement fort.

Parmi les entreprises qui s’engagent fortement, la Mairie de Poissy ne fait pas dans la demi-mesure, en offrant non pas une mais deux heures de sport par semaine à ses salariés, afin d’améliorer leur bien-être et ainsi lutter contre l’absentéisme. Pour que ses employés soient bien dans leur corps et dans leur tête, la municipalité prévoit cette durée pour pratiquer l’une des six activités qu’elle subventionne, mais également pour le temps de trajet et de douche. Depuis la mise en place de son programme, la ville a vu son taux d’absentéisme diminuer significativement.  

Un autre exemple d’entreprise très engagée pour la santé et le bien-être de ses employés que l’on peut citer est l’usine Toyota, située à Onnaing, dans le Nord de la France. Les employés peuvent prendre du temps sur leur semaine de travail pour pratiquer une activité physique, sans pour autant modifier leurs horaires initiaux. L’entreprise a en effet mis en place une salle de sport intégrée et des exercices spécifiques adaptés au poste de travail de chacun. Toutes les activités sont accessibles pendant la journée de travail et permettent de lutter contre la sédentarité.


Donner du temps pour la marque-employeur

Offrir 1h de sport à ses employés a un coût, mais les avantages de cet investissement sont concrets. Notamment, les salariés qui pratiquent du sport régulièrement ont tendance à être en meilleure santé physique et mentale. Selon une étude récente du CNOSF sur l’impact du sport sur l’entreprise (2014), « les programmes d’activité physique diminuent de de 7 à 21 % le risque de maladie ». Quant à la santé mentale, l’employeur qui investit dans 1h de sport diminue les risques de burn-out, et ainsi économise les coûts potentiels élevés du remplacement du personnel.

Outre les bénéfices sur la santé des salariés, la pratique du sport a un impact positif sur la productivité. Dans une infographie sur le sport en entreprise, le Medef Sport estime que pour une activité physique régulière (2015), le gain de productivité oscille entre 6 et 9 %. De plus, le sport entre collègues installe un climat de travail convivial, propice à la productivité collective. Autrement dit, l’employeur qui offre 1 heure de sport à ses employés sur leur temps de travail investit de l’argent à court-terme, mais garantit des résultats financiers largement supérieurs, à moyen et long-terme.

Prendre soin de ses employés en proposant des solutions concrètes, comme offrir 1 heure de sport joue également un rôle dans la rétention des talents et l’amélioration de la marque-employeur. Alléger l’emploi du temps des salariés est une marque de confiance et de considération. Une entreprise qui ne surcharge pas les plannings, mais au contraire propose de pratiquer des activités a de grandes chances d’une part de susciter la satisfaction de ses employés et d’autre part l’intérêt des potentielles recrues.


Repenser les offres sportives

Admettons qu’une entreprise soit prête à offrir 1 heure de sport par semaine à ses employés. Une question se pose : celle de la rentabilisation de cette heure pour qu’elle soit vraiment profitable. La Mairie de Poissy libère une plage horaire de 2 heures par semaine, afin d’absorber le temps de trajet et de douche. Mais toutes les entreprises ne sont pas capables d’offrir autant de temps à leur personnel pour la pratique d’une activité physique. Est-ce bien pertinent d’offrir 1 heure à ses salariés s’ils n’ont en tout que 30 minutes pour faire du sport ?

Afin que les employés profitent pleinement du temps pour se dépenser, sans se presser, l’offre du marché du sport doit s’adapter à la demande des entreprises, qui manifestent le besoin de flexibilité dans la pratique du sport. Parmi les alternatives qui permettent de supprimer le temps de transport, la salle de sport intégrée permet de s’entraîner intramuros, mais présente des limites évidentes (voir mon article sur les salles de sport intégrées). Quant à l’intervention d’un coach, encore faut-il avoir les locaux et le matériel adaptés. Ces solutions limitent les horaires et la variété des activités, sans parler du coût particulièrement élevé de ces initiatives.

L’adaptation de l’offre des salles de sport semble être une bonne piste pour répondre aux besoins des entreprises. En proposant plus de cours entre midi et deux, à un format réduit (en moyenne 30 minutes), les clubs rendent plus compatibles les activités à la semaine de travail. Afin de garantir flexibilité et variété, l'entreprise pour laquelle je travaille, Gymlib Corporate, propose la carte sport illimité qui donne accès aux principales enseignes sportives qui proposent ces cours petit format (Neoness, Keep Cool, L’Orange Bleue, Fitness Park, CMG...). Nous offrons également un service de privatisation des cours de sport. Par exemple, les employés Criteo bénéficient de séances personnalisées dans le club partenaire le plus proche.


Les gains financiers générés par 1 heure de sport sur le temps de travail pour les employés seraient donc nettement supérieurs aux coûts correspondants, lesquels sont vite amortis par les bénéfices sur la santé et la productivité des salariés. Le marché du sport sur le temps de travail est bien réel : à l’offre de s’adapter plus encore aux besoins de flexibilité des employés, qui voudraient s’entraîner de la manière la plus « rentable » possible, dans un intervalle de temps restreint.

L’un des enjeux de l’employeur restera de convaincre ses salariés des avantages de pratiquer une activité physique sur le temps de travail, et de sensibiliser même les plus récalcitrants. On voit déjà les moins sportifs boycotter la pratique d’un sport au profit d’une autre activité… Attention également à bien définir la limite entre vie professionnelle et personnelle : contraindre ses employés à faire du sport sur le temps de travail peut s’apparenter au phénomène de blurring (2) …


(1)   D’après une étude réalisée en 2015 par le Medef, le CNOSF, AG2R La Mondiale et le cabinet Goodwill Management : Etude de l’impact économique de l’Activité Physique et Sportive (APS) sur l’entreprise, le salarié et la société civile

(2)   Le blurring est le brouillage de la frontière entre vie professionnelle et vie privée, qui résulte de l’évolution des modes de vie (définition de Manager Attitude)




céline DOUCHE

Thérapeute familiale et de couple

7 ans

Trés interessant

Grégoire Véron

AI Director @EGYM & Late founder @Gymlib

7 ans

Oui il y a beaucoup d'évangélisation à faire ;-)

Hugo LEMAITRE

Consultant Marketing Digital - SEA / SMA

7 ans

Super article ! Les entreprises devraient être plus nombreuses à proposer cette solution !

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