Oser décider

Oser décider

Lorsqu'un(e) client(e) arrive en séance de coaching avec un dilemme ("Je n'arrive pas à choisir: je décide ceci ou cela?"), c'est souvent qu'il/elle est coincé(e) dans une injonction paradoxale: les 2 choix semblent trop difficiles à faire. Nous proposons alors l'hypothèse que le choix est déjà fait, intérieurement, mais que le client(e) ne parvient pas encore à assumer les conséquences relationnelles de sa décision. Le coaching va lui permettre de faire ce chemin.

Je ne décide pas … parce que j’ai besoin de me sentir libre

En ne choisissant pas, je maintiens une agréable illusion de laisser ouvert le champ des possibles et de garder ma liberté. Parce que choisir, c’est fermer une porte à quelque chose ou à quelqu’un. C’est renoncer à un choix de possibilités. Mais au final, le fait de ne pas choisir m’empêche d’écouter mes propres besoins et de passer à l’action. 


Je ne décide pas … parce que j’ai peur de me tromper

Quand je ne choiss pas, finalement, je ne risque pas de faire une erreur et de regretter amèrement ma décision ensuite. Souvent, le risque de faire des mauvais choix fait partie de l’histoire de la personne et réactive une angoisse ancienne. Du coup, il est douloureux de prendre la responsabilité de ses choix.  

Pouvoir identifier quelle peurm’empêche d’avancer et la nommer est essentiel pour mettre l’anxiété à distance, à sa juste place : elle appartient au passé (où elle a eu son utilité en tant que signal d’alerte), et non pas au présent qui est différent, bien plus sécurisant car je suis adulte. 

Cette peur, une fois révélée, va m’ouvrir un champ des possibles : je vais réaliser que c’est cette même peur qui a rendu ma démarche impossible jusque-là et rien d’autre. Je peux la laisser partir.

Je ne décide pas … parce que j’ai peur de faire du mal à quelqu’un

J’anticipe la réaction de l’autre et je me sens responsable de lui causer du tort. Cela se produit à des occasions variées : parce que je réorganise l’équipe en réduisant son périmètre, parce que je ne lui offre pas la promotion espérée, parce que je ne valide pas sa période d’essai ou son CDI, … j’ai peur qu’il/elle soit triste, déçu, en colère, en stress .… En fait, j’ai surtout peur de ce que cela va me faire à moi, en retour : je peux me sentir coupable, triste ou frustrée..

Je ne décide pas … parce que j’ai peur de me retrouver tout(e) seul(e)

Dans les associations professionnelles (partenariats, binômes d’associés), nous observons beaucoup de relations bancales (y compris chez les coachs). Il arrive que l’un(e) des partenaires n’ose pas dénoncer le déséquilibre de la relation par peur de se retrouver seul(e). Il/elle préfère encore être mal dans la relation, accepter des conditions financières inéquitables, ou un partage des périmètres et responsabilités qui ne lui convient pas. Apprendre à créer des relations de parité, à trouver sa place dans un partenariat, une relation d’associés est un sujet de coaching fréquent (et de supervision pour les coachs qui viennent travailler sur leurs “points aveugles”).

je ne décide pas … parce que je n’ai pas l’habitude de demander de l’aide 

Décider de déléguer des responsabilités à ses collaborateurs, ou de demander un coaching c’est accepter que je ne suis pas super(wo)man et ce n’est pas facile à admettre : si mon driver principal me dicte le message “Sois fort(e)” depuis l’enfance, j’ai appris à ne compter que sur moi-même. Il m’est difficile alors de pouvoir faire confiance aux autres (d’ailleurs chaque fois que j’ai essayé, déception garantie). Ma force intérieur, ma capacité d’auto-gestion m’a été très utile pour réussir jusque là, mais aujourd’hui j’ai atteint les limites de ce mode de fonctionnement. Je ne m’en sors pas, mon agenda explose et je ne peux plus tout gérer seul(e). J’ai besoin de pouvoir m’appuyer sur les autres, mais comment le demander ? Souvent j’attends que mon corps craque … pour m’autoriser à lâcher prise et accepter l’aide d’autrui.

Nous ne décidons pas … parce que derrière le sujet à décider se cachent des enjeux relationnels

En collectif, les codir qui n'arrivent pas à prendre des décisions sont pris dans la réunionite : les réunions se succèdent, sans que jamais la décision n’émerge de ces discussions qui sont soit un partage d’informations ennuyeux, soit un champs de bataille dans lequel il est risqué d’entrer. Dans ces temps collectifs, l’enjeu relationnel d’une décision est rarement nommé. A la place, on observe un combat implicite des équipiers pour occuper la place, poser leur légitimité, créer des alliances tactiques y compris dans une attitude de retrait ou de résistance active. Ces jeux relationnels empêchent l'équipe de décider et d'assumer dans le temps les décisions qu'elle prend. 

Nous ne décidons pas … parce que nous sommes trop divisés pour assumer ensemble nos décisions

Nous décidons des choses en codir, et dès que les décisions sont communiquées au reste de l’organisation, elles sont contestées. Nous sommes tentés de revenir dessus pour garder la “paix sociale”, pour contenter X, garder le soutien de Y avec qui nous avons absolument besoin de garder une bonne relation. Les relations personnelles, informelles de “copinage” qui fluidifient le quotidien sont aussi le poison qui fait dévier les décisions, contourner les process et alimenter la défiance.

Que puis-je mettre en place pour faire plus facilement des choix ?

Inutile de faire des listes avantages et inconvénients, cela ne marche pas du tout. Parfois il y a 2 inconvénients et 10 avantages mais je n’arrive quand même pas à me décider. Faire un choix n’est pas rationnel, c’est d’ordre physique (ressenti) et émotionnel. Posez-vous à la place ces deux questions :

“Qu’est ce qui est vraiment important pour moi ?”

Qu’est-ce qui va me rendre le plus heureux(se) ?”

En lien avec vos valeurs, vos rêves et vos espoirs pour votre vie personnelle et professionnelle : “Qu’est-ce qui me fait le plus de bien ?” C’est en étant au contact de vos sensations intérieures, de votre corps, et de votre cœur que vous allez pouvoir faire ce choix qui vous taraude, et non pas en interrogeant votre mental analytique. 

En écoutant ce qui résonne en vous, vous allez augmenter votre confiance et retrouver la liberté de choisir et d’être vous-même..

Visualiser les bénéfices d’avoir choisi :

Tant que je ne choisis pas, je conserve une faible estime de moi parce quelle sais, au fond de moi-même, que ce n’est pas idéal pour moi de faire ainsi. Je peux expérimenter ce que cela me fait de me dire : “Je vais être fier(e) parce que j’ai choisi”

Finalement, c’est plus gratifiant pour moi de choisir que de ne pas choisir, et cela va libérer mon esprit :”Tiens, si je décide, cela va me permettre de fermer ce dossier”. Ma charge mentale va s’alléger : « Basta! C’est terminé je n’ai plus à tergiverser, j’ai pris ma décision. »

Ce qui rend heureux, qui donne du sens à la vie c’est de devenir encore davantage responsable de ses choix, de son propre changement.

Marie Edery

Créatrice et éditrice de jeux ludopédagogiques✨ Coach professionnel ✨ Consultante et formatrice ✨ Conseil en création de jeux ✨ #ludopedagogie #jeux #coaching

1 ans

Très juste panorama des causes de l'indécision. Je me reconnais bien dans certaines ;-)

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