Ouverture de Jour E 2023

Aujourd'hui Jour E 2023 où en est-on ?

L'année dernière nous avions ému certains en disant que le 1,5 degrés n'était pas atteignable. Le GIEC l'a confirmé il y a 15 jours, dans un rapport qui établit que, sans une accélération brutale et mondiale des efforts, le 2 degrés est lui-même menacé. Notre trajectoire mondiale est à 2,8, voire 3,2 selon certains scénarios. Cela se comprend comme la température du corps. Petite fièvre, fièvre de cheval, permanente. En termes d'horizon historique, si l'on continue sur la tendance actuelle, on voit bien que le net zéro mondial a peu de chances d'être atteint avant 2060/2070. Mais il le sera, c'est inévitable, sinon la planète continuera de chauffer. 500 GT de CO2 de plus, c'est un demi-degré. Nous allons devoir par conséquent à la fois changer le mode de production de nos sociétés, et financer les conséquences puissantes des déséquilibres qui vont très probablement advenir, sur le trait de côte, sur l'agriculture, sur l'immigration, sur les villes, sur la santé. La pression sur les États sera énorme. Le GIEC l'a bien dit : comme on a tardé, on va devoir s'organiser pour ne pas être débordés par la masse des choses à faire : changer, et en même temps gérer les crises. Changer dans la tempête.

Par rapport à ça, où en sont les PME françaises ? Nous publions ce matin une étude passionnante. Les PME ont à peine démarré leur décarbonation. Elles ne sous-estiment pas l'emballement climatique, non ! Au contraire, la prise de conscience est fulgurante. Mais elles sous-estiment l'emballement sociétal. Elles ne voient pas que le moment n'est pas loin où tout le monde va se tourner vers elles comme on se tourne vers Total ou Bnpp aujourd'hui en le demandant, plus ou moins légitimement, des comptes. Les banques vont imposer leurs conditions, les agences de l'eau vont imposer leurs conditions, les maires, les salariés, et surtout les clients eux-mêmes, français et étrangers, vont imposer leurs conditions. C'est tout un nouvel ordre social qui va peser sur la PME, et elle ne pourra pas plus y échapper que le pourrait un individu qui voudrait refuser de parler la nouvelle langue commune. Sinon, c'est la marginalisation. 

Les PME ne font bien sûr pas rien, mais elles font surtout des petits pas. Or, si l'on veut doubler la vitesse de réduction des émissions carbone, ça n'est pas en accélérant le tapis sur lequel on court qu'on y arrive, c'est en changeant de machine. Accélérer la rapidité d'exécution des petits pas ne va pas changer grand-chose. Il faut revoir la conception des produits, la relation client, la circularité des procédés, etc.

Que peut et que veut faire Bpifrance ? Un porte-à-porte de masse des 20 premiers milliers de PME et ETI françaises. Avec notre partenaire stratégique, l'Ademe. Avec elle, nous avons conçu des diagnostics, nous avons créé des écoles, les accélérateurs. Nous vous les proposons. Avec l'Ademe, nous allons distribuer des subventions aux PME, pour les aider à partir en transition, car nous savons bien que certains investissements n'ont pas de rentabilité intrinsèque. Le Ministre a par ailleurs annoncé hier la mise à l'étude d'un crédit d'impôt vert, dans le cadre de la loi Industrie verte.

Nous allons aussi continuer à financer massivement les start-up technologiques du climat, les Greentech. Nous en soutenons aujourd'hui près de 2000, sur un total de 20 000 start-up. La moitié des start-up deeptech qui voient le jour chaque année sont des greentech. Une nouvelle génération de chercheurs devient entrepreneurs pour mettre leurs inventions au service de la décarbonation de l'économie. La tech française bascule vers les sujets climatiques.

Nous allons enfin poursuivre nos financements massifs des infrastructures renouvelables, avec nos partenaires bancaires et nos amis de la Caisse des dépôts. Les financements de l'éolien, du photovoltaïque, de la biomasse représentent déjà une proportion importante de nos crédits et de nos investissements en fonds propres. La moitié du deal flow actuel d'investissements en capital chez bpifrance porte sur des entreprises stratégiquement positionnées sur la transition. Cette proportion va continuer d'augmenter. Et dans le cadre fondamental de France 2030, nous finançons les ruptures technologiques dans les nouvelles énergies, et notamment dans le domaine des SMR.

Nous serons aux côtés des entrepreneurs, avec un mélange d'accompagnement bienveillant et d'exigence. Déjà, nous suivons année par année les trajectoires de décarbonation de nos grandes participations. Nous allons généraliser ce suivi. Déjà, nous établissons pour nos clients qui prennent de la dette et du financement de l'innovation un IMC, un indice de maturité climatique, qui mesure l'amélioration continue de la performance climatique de la PME. Par un dialogue climat avec le client. Nous le généraliserons en 3 ans sur l'ensemble de notre portefeuille.

Pour réussir ce tournant productif, il va falloir beaucoup d'accompagnants. Des bureaux d'études, des consultants, qui savent de quoi ils parlent. Énorme défi que de structurer cet écosystème, et pas seulement en France. Nous finançons les bureaux d'études, nous les incitons à grandir. Il y en a beaucoup ici ce matin. Nous finançons l'enseignement universitaire privé, pour les inciter à ouvrir de nouvelles classes dans ces directions nouvelles. Et nous poussons le VTE vert.

Tout cela, c'est ce que nous appelons le mouvement du Coq Vert. Ce sont les entreprises qui ont compris, qui absorbent le stress de la société en proposant des solutions, et en montrant qu'il y a un chemin. Une communauté de près de 2000 entrepreneurs, qui rayonne un peu partout dans les territoires. 

Voilà ce que je voulais vous dire ce matin. Les outils sont là, les financements sont là, la Bpi est à vos côtés, il est grand temps maintenant de changer de vitesse.