Pédagogie : De l’intéressant à l’intérêt

Le but de tout parent, enseignant, encadreur est de guider l’enfant vers ce qui est dans son intérêt d’enfant.

Ce qui est dans son intérêt, ça devrait aller de soit !

Non parce que ce qui est dans son intérêt ne l’intéresse pas. L’enfant  ignore très souvent ou perd de vu ce qui est dans son intérêt, car préoccupé par ce qui l’intéresse. Si ce qui intéressait l’apprenant était toujours dans son intérêt, le problème ne se poserait pas. Tout irait pour le mieux.

Tel est intéressé par la télévision à longueur de journée, ce qui n’est pas forcément dans son intérêt d’apprenant

Tel autre par la musique

Un autre par le théâtre et les prestations artistiques

Jean par le dessin

Jules par les jeux et amis

Carine par la l’art culinaire et la mode

Albert par les vacances, les voyages.

Inès préfère passer des heures sur les réseaux sociaux à échanger avec des amis

Jorick  aime faire les maths et la physique, mais déteste les langues.etc

De l’autre côté, l’encadreur sait trop bien ce qui est dans son intérêt d’encadreur :

Voir l’enfant évoluer à l’école

Accéder après le primaire au meilleur collège de la localité

Etre parfaitement bilingue ou trilingue

Avoir les meilleurs bulletins de note et les bonnes mentions aux examens officiels

Accéder après le baccalauréat aux meilleures écoles de formation.

A ce niveau, il est évidant que l’apprenant et l’enseignant sont deux êtres qui regardent dans deux directions différentes. Que le rapport apprenant enseignant est dans sa forme primitive essentiellement conflictuel. En d’autres  termes, qui vaincra ? Qui aura le dessus ?

Certainement pas le plus fort, Ni le plus âgé !

Voilà le problème de fond du rapport élèves-enseignants, enfants-parents dans notre société et ailleurs. Est-il possible que deux personnes ayant des intérêts aussi divergents s’entendent un jour et fasses route ensemble ? comment concilier les deux centres d’intérêt et les muter en le second ?

Pour le pédagogue, les deux centres d’intérêt ne sont pas en conflit

Le premier est même une opportunité pour le second

Le pédagogue avisé commence par identifier chez l’apprenant ses centres d’intérêt, ses loisirs, ce qu’il aime, ce qu’il déteste, ce qu’il sait faire, ce qu’il ignore. Il identifie son profil psychologique : est-il timide, aime t-il s’exprimer, quel est son rapport avec le travail, les aînés, les enseignants, ses camarades…

Le pédagogue doit avoir une bonne connaissance de chaque apprenant dès la première semaine de leur prise de contact et progressivement. Cela est capital et détermine toute la suite.

Ensuite, le pédagogue est humble de nature, s’approprier les intérêts de l’enfant ne lui pose aucun problème. Il joue le jeu du partage à 100% du centre d’intérêt N°1 et le fait converger vers le centre N°2.

Si à l’opposé le pédagogue ignore ce qui intéresse l’enfant et lui impose ce qui est dans son intérêt d’apprenant, il crée une rupture, un conflit qui va mettre à mal et parfois de manière dramatique son rapport avec ce dernier.

Les enseignants qui réussissent le mieux sont ceux qui savent écouter, qui prennent plaisir à écouter et ensuite à proposer.

En un an Jules qui détestait l’anglais s’est vu obtenir la première note de sa classe depuis que son assistant scolaire (Répétiteur) a découvert qu’il aimait la musique. Tout ce qu’il apprenait par la musique, il le retenait et définitivement. L’année suivante, Jules est devenu excellant en Anglais. Il a fini son cycle secondaire étant parfaitement bilingue.

Faire converger le centre d’intérêt N°1 vers le centre N°2, c’est cela la pédagogie.

ALAIN FUMTUM

Coordonnateur chez MAS

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