De la pédagogie à l’andragogie, suivre l’évolution de nos besoins éducatifs.

De la pédagogie à l’andragogie, suivre l’évolution de nos besoins éducatifs.

Nous connaissons tous le terme “pédagogie”, devenu synonyme de tout sujet ayant trait à l’éducation. Et pourtant, du fait de son étymologie, il ne se réfère normalement qu’à l’éducation des enfants. Qu’en est-il alors de l’éducation des adultes ? C’est là que l’andragogie, ou l’apprentissage des adultes, entre en jeu (du grec : Andros: l’homme et agogos: le guide).

Le concept avait été présenté pour la première fois en 1833 par l’allemand Alexander Kapp, mais ce n’est que bien plus tard qu’il a vraiment pris son essor. En 1950, le concept commence à être étudié plus avant, notamment par l’Américain Malcolm Knowles, puis aux alentours des années 2010 le concept fut activement intégré dans de nouvelles méthodes éducatives dirigées vers les adultes.

Une question se pose cependant : est-ce si différent d’enseigner à un adulte plutôt qu’à un enfant ? La réponse est oui, et ce, à plusieurs niveaux :

1. La motivation

Point essentiel de l’andragogie, la motivation de l’apprenant est au cœur de la méthodologie, il est un élément essentiel de la rétention d’informations. L’enfant trouvera la motivation dans sa curiosité naturelle, souhaitant "apprendre pour le plaisir d’apprendre" en somme. L’adulte, par contraste, recherche la valeur dans l’apprentissage. Il est conscient de l’investissement (en temps, en effort, et souvent en argent) que l’apprentissage implique, et recherche donc un “retour sur investissement“ concret. Sa formation doit lui servir, sinon à quoi bon perdre son temps et/ou son argent ?

Sans la neuroplasticité naturelle du cerveau des enfants (capacité du cerveau à reformer son architecture, à créer de nouvelles connexions, et donc à assimiler de nouvelles connaissances) l’effort à fournir pour retenir de nouvelles connaissances par un adulte est d’autant plus important. Effectuée à contre-cœur, la formation sera ineffective et les savoirs ne seront pas assimilés, ou du moins pas sur le long terme.

Un autre élément à ne pas sous-estimer : le niveau de contrôle de l’apprenant sur la formation. Dans le système pédagogique traditionnel (que l’on trouve en école, collège, lycée…) l’apprenant doit suivre un programme strict imposé par l’éducation nationale. À l’inverse, dans le cadre de l’andragogie, le programme sert avant tout de trame pour la formation, et c'est le formateur qui adapte et modifie le programme en fonction des besoins spécifiques de l’apprenant. Le programme n’est plus simplement une route à suivre mais bien un parcours coconstruit entre l’apprenant et le formateur.

Maintenir vos apprenants motivés devient donc un élément de première nécessité, ce qui nous amène au point numéro 2…

2. Le sentiment de besoin

Un apprenant adulte sera bien plus réceptif à une formation s'il éprouve un besoin pour les connaissances inculquées. Que ce soit un besoin de connaissances sur un sujet donné, ou une nécessité d’amélioration dans son domaine d’expertise, ce sentiment est un excellent point de départ pour toute formation, et servira souvent de point de départ pour toute démarche de formation.

Cet aspect fait également écho à un autre élément crucial de l’andragogie : la confiance du formateur envers l’apprenant. Un adulte, dans la plupart des cas, est capable d’introspection, réalisant donc de lui-même où se placent ses besoins de formation. Une fois passé cette première impulsion, la formation devra alors se poursuivre par…

3. La mise en pratique des savoirs.

C’est en forgeant que l’on devient forgeron”. On connaît tous cet adage, et l’andragogie le met bien à l’honneur. Dans la continuité des points précédents, il est fortement recommandé de placer tout apprenant adulte au cœur d’autant de mises en situation que possible, leur permettant ainsi de mettre immédiatement en application toutes nouvelles connaissances ou concepts étudiés. Pouvant ainsi constater de l’applicabilité de ces derniers, les apprenants seront d’autant plus à même de retenir ces nouvelles informations si elles sont adjointes.

Là où un enfant sera ravi d’apprendre pour l’apprentissage lui-même, l’adulte a besoin de voir l’applicabilité de ce que l’on enseigne, tout particulièrement quand ces nouvelles informations se rapportent à ses besoins ; un aspect que nous détaillons tout de suite :

4. Résolution des problèmes.

L’andragogie, c’est aussi trouver une solution aux problèmes rencontrés dans le cadre professionnel. Particulièrement, elle cherche à aider l’adulte à se “débloquer” par l’acquisition de nouveaux savoirs, compétences ou stratégies.

Dans un monde de plus en plus complexe, cette approche de “renforcement“ est particulièrement importante, permettant à l’adulte de mieux s’armer face aux nouvelles situations qu’il ne manquera pas de rencontrer.

5. Mémorisation dans une atmosphère non-scolaire

On l’aura compris, l’adulte n’aime pas être traité comme un élève. C’est frustrant, mais surtout infantilisant. Un environnement scolaire risque donc de le frustrer et de le rendre moins réceptif à tout apport d’information. Ainsi, la mise en place de formations privilégiant les environnements “autres” (formations blended, modulaires ou encore e-learning) sera à privilégier.

De même, les exercices de mémorisation sont fortement recommandés, principalement dans une optique de rétention des informations acquises durant la formation.

Un problème se présente alors : là où le jeune apprenant va apprécier la répétition et la création d’une routine (les parents de jeunes enfants demandant chaque soir la même histoire peuvent en témoigner…), l’adulte sera particulièrement réfractaire à cette méthode d’apprentissage, malgré un besoin concret de rétention de connaissances. La solution ? Diversifier les modes de rétention de l’information. Cela peut passer par l’écriture, la prononciation, la visualisation d’une vidéo… Il existe de nos jours une grande variété de moyens différents pour éviter l’ennui lors de l’apprentissage.

Chez Telelangue, un parfait exemple serait notre formule Casteen, où nous tirons pleinement profit des avantages du vidéolearning. Entre les multiples visionnages, différents exercices (compréhension, définition, prononciation) l’apprenant sera mis au contact des mots clés de chaque vidéo au moins cinq fois ! Et ce, sans qu’il ne s’en rende compte. Il pourra même par la suite s’exercer avec une IA afin d’ancrer l’information dans son cerveau grâce à la mise en contexte.

6. Variété des présentations et situations

Précédemment, nous avions brièvement touché au concept de mise en situation, cet outil essentiel pour toute formation s’adressant à un public adulte et permettant une approche plus concrète de l’apprentissage.

Un point important à prendre en compte dans ce cadre est la variété des stimuli présentés à l’apprenant, que ce soit en termes de supports d’apprentissage, de types d’exercices… Le changement régulier est un point très apprécié par les apprenants qui leur permet de voir les éléments étudiés sous plusieurs angles, d’appréhender plusieurs domaines d’application, et ainsi de suite.

En plus de cela, l’andragogie encourage un fort degré de flexibilité sur les questions de durée et d’intensité de la formation. La pédagogie vous bloque sur un apprentissage trimestriel ou semestriel, mais dans le cadre de l’andragogie, l’apprenant a pleinement le contrôle de son planning, le rendant ainsi plus acteur que spectateur de son apprentissage, un point que nous avions soulevé précédemment.

“Variety is the spice of life” (Traduction : La variété pimente la vie) comme dit le proverbe anglais, et c’est d’autant plus vrai quand on touche à l’éducation.

7. Le guidage plutôt que le jugement

La plus grosse difficulté que l’on rencontre quand on passe d’étudiant à jeune actif, c’est de se débarrasser de la mentalité purement scolaire de la "chasse" à la bonne note. Particulièrement en France, cette mentalité donne naissance à une réelle peur paralysante de l’erreur, vue comme un échec plutôt qu’une opportunité de croissance. Quand on vous inculque dès le plus jeune âge ”qu’une erreur vaut un point en moins”, on préférera se taire plutôt que de risquer de se tromper. Le rôle du formateur devient donc celui d’un accompagnant plutôt que d’un évaluateur, et la bienveillance devient un élément essentiel de la réussite d’une formation. La prise de risque doit ainsi devenir un outil de montée en compétence, non plus une hantise.

Plus question de leur faire passer un examen (même si c’est bien souvent la conclusion logique de toute formation suivie par un adulte) mais plutôt de les accompagner dans l’acquisition de nouvelles compétences. Nos points précédents montrent bien que l’apprenant adulte est généralement conscient de son besoin d’apprendre, il est alors question de l’encourager dans cette voie.

Conclusion :

Au travers des 7 éléments présentés, une tendance bien définie peut être observée : contrairement à l’enfant, l’apprenant adulte est conscient de son besoin d’apprentissage, et sera bien souvent à l’initiative de toute démarche de formation. Le rôle du formateur andragogue sera donc non pas de cadrer l’apprentissage, mais de suivre et d’accompagner l’apprenant ; en somme une relation plus coopérative que hiérarchique comme on en trouve dans le milieu scolaire. L’andragogie, c’est avant tout faire confiance à l’apprenant pour savoir de quoi il a besoin, et mettre tout en place pour répondre à ce besoin. Cela étant dit, certains processus d’apprentissage sont tout aussi efficaces chez l’enfant que chez l’adulte, même s’ils ne fonctionnent pas à la même vitesse. Les neurones miroirs, vous connaissez ? Restez à l’écoute, nous les aborderons dans un prochain article.

Je vous remercie pour cet article pertinent ; comprendre l'andragogie, c'est également comprendre les mécanismes d'apprentissage de l'adulte. Transmettre, c'est aussi un apprentissage en soi ! 😀 Je vous remercie pour cette belle synthèse. 🙏

Mauro DI FINO

Coaching Professionnel - Thérapie Brève - Formation

1 ans

Tous ces aspects de l'andragogie sont fascinants. Aujourd"hui plus que jamais tous les référentiels visent l'acquisition d'une compétence et non d'une connaissance. L'adulte a besoin d'apprendre une langue pour FAIRE QUELQUE CHOSE de concret avec elle. Telelangue est tout à fait alignée avec ce besoin avec un référentiel de 218 métiers utilisé lors de l'audit initial. Un dexième point culturel celui-ci, est l'habitude des apprenants français à focaliser sur la forme, les règles, les exceptions et vouloir tout savoir avant de SE LANCER A COMMUNIQUER. C'est un frein habituel que tous les formateurs connaissent bien. Serait-il possible d'aller chercher l'enfant qui est toujours en nous adultes pour le laisser apprendre en S'AMUSANT, en jouant et sans tout comprendre?? Telelangue propose dans la plateforme Cyberteachers une vaste gamme d'activités courtes et ludiques, amusez-vous!

Camille AMERGE

Chef de projet Marketing, spécialité réseaux sociaux et communication

1 ans

Drissa Meite Je me permets de te tagger ici, sans compter que ce que j'ai vécu chez Digital College m'a pas mal inspiré pour cet article ! Je ne sais pas si l'équipe pédagogique a connaissance du terme, mais en tout cas, ils font honneur au concept !

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