Pédagogie vs andragogie
On parle toujours de pédagogie pour tout et tous. Mais saviez-vous qu'il y a une différence notable à prendre en compte ? Cette différence, ce sont les apprenants à qui on s'adresse. Un enfant n'apprend pas de la même façon qu'un adulte. Pour la simple et bonne raison que le cerveau ne fonctionne pas de la même façon. Mais il y a aussi la volonté d'apprendre qui modifie l'appréhension des apprentissages reçus.
Enfant vs adulte dans l'apprentissage
Faisons un rapide portrait des enfants et des adultes face à l'apprentissage (Source : S. Pouliot (1997), « Éducation pour la santé : recueil de textes », inédit, Université de Laval, UQAR et UQTR.)
L'enfant
Un enfant en classe apprend des notions principalement pour être utiles plus tard. Combien d'entre nous se souvient de s'être entendu dire en classe "ça ne sert à rien. Enfin si peut-être plus tard, si ...". Nous apprenions alors des notions obligatoires, les objectifs d'apprentissages étaient (et sont toujours) fixés par l'Education nationale et les enseignants. Les expériences pour mettre en pratique les apprentissages étaient peu nombreuses, nous devions alors savoir retranscrire une règle de base sans vraiment savoir où et comment l'appliquer à l'époque.
Le point fort des enfants (concernant l'apprentissage) est qu'il peut facilement s'adapter aux nouveautés et à la quantité importantes d'informations. Et leur temps de concentration et leur capacité physique facilitent l'apprentissage.
Notons cependant que ces dernières années ont permis de mettre en place des nouvelles techniques pédagogiques favorisant les expériences des enfants lors de l'apprentissage (pédagogie de Montessori (pédagogie sensorielle et kinesthésique), Freinet (expression libre), etc)
L'adulte
Un adulte, quand il se forme, souhaite se former pour appliquer les apprentissages tout de suite. C'est lui qui fixe ses objectifs, il a alors une motivation personnelle. Son expérience lui permet d'intégrer plus facilement les apprentissages et de pouvoir les mettre en exécution pour mieux les assimiler, les comprendre et les appliquer en toutes situations. Un adulte manifeste alors un grand intérêt à écouter, partager et expérimenter avec un groupe d'apprenants. Par contre, adulte, nous sommes plus pris par le temps, on s'adapte moins facilement aux nouveautés, nos capacités physiques et notre concentration sont plus limitées et rendent l'apprentissage plus difficile.
En 1988, Roger Mucchielli (psychopédagogue) liste ce que les adultes retiennent de leurs expériences :
- 10 % de ce qu’ils lisent;
- 20 % de ce qu’ils entendent;
- 30 % de ce qu’ils voient;
- 50 % de ce qu’ils voient et entendent en même temps (d'où l'importance des vidéos et des voix off dans l'apprentissage);
- 80 % de ce qu’ils disent (il est donc important de créer des échanges);
- 90 % de ce qu’ils disent et font (importance de créer des échanges lors des leçons de conduite).
Le formateur
Un adulte à la volonté d'apprendre quelque chose. Il a alors une motivation toute singulière par rapport à un enfant. Ainsi, nous devrions parler de pédagogie lorsque l'on enseigne à un enfant et d'andragogie lorsque l'on enseigne à un adulte.
Compte tenu de ces différences entre ces deux types d'apprenants, le formateur doit adapter sa façon de procéder pour permettre une bonne compréhension et un bon taux de rétention des informations. Les enseignants/formateurs qui travaillent uniquement avec des adultes doivent axer leurs apprentissages selon la motivation, la réalité, l'expérience, la collaboration, l'hétérogénéité. En prenant en compte ces notions, le formateur s'assure que les apprenants intégreront facilement les apprentissages et les comprendront mieux grâce à une expérience enrichissante et plaisante.
La motivation
L'apprenant adulte doit avoir envie de suivre la formation qui répond à ses besoins. Il faut donc que le formateur permette à l'apprenant de faire le lien entre les informations et ses besoins personnels. Il est primordial que l'apprenant reconnaisse l'utilité de l'activité travaillée. Pour cela, le formateur doit donner clairement les objectifs dès le début de la formation.
La réalité
Apporter des notions sur des faits abstraits ne permet pas de se mettre en situation et de comprendre. Il faut donc que le formateur centre la formation sur des situations concrètes. Il peut pour cela utiliser tous les supports qu'il juge nécessaires à partir du moment où l'apprenant va s'approprier la situation et ne pas juger qu'il n'est pas concerné. Ainsi, l'utilisation de vidéos spécifiques, la mise en place de situations réelles sont des outils pertinents pour permettre à l'apprenant de comprendre au mieux la notion traitée et de l'appréhender totalement.
La collaboration
Faire un apport d'informations comme une liste de tâches à faire n'est pas efficace dans un apprentissage. On sait une règle quand on la comprend, et on la comprend quand on la sait. Ces deux axes sont donc indissociables. Il convient alors d'apporter à l'apprenant la règle mais aussi de lui expliquer pourquoi celle-ci existe, quel est son objectif (pourquoi ? comment ?). A partir de là, il est plus facile de mettre en place cette règle. Pour ce faire, il faut créer des discussions avec l'apprenant que ce soit entre le formateur et l'apprenant et/ou entre un groupe d'apprenants. Il est prouvé qu'un adulte apprend plus de ses pairs. C'est donc au formateur de créer cette synergie de groupe.
Le formateur doit changer de posture. Il ne doit plus être face à l'apprenant et lui apporter ses connaissances. L'apprentissage est un partagedes uns et des autres. Ce qui permet d'avoir une formation plus efficace, plus ludique et plus intéressante pour tous les protagonistes.
L'hétérogénéité
Toutes les personnes sont différentes et ont des besoins différents. Le formateur doit alors adapter son discours en fonction de la personne à qui il s'adresse. Le fond reste le même, mais la forme de l'information doit varier. Un dicton dit "Il n'y a pas de mauvais élèves, mais des mauvais professeurs". Ce qui veut dire qu'un formateur qui n'adapte pas son discours selon son auditoire ne pourra pas permettre aux apprenants de comprendre et donc de retenir les informations.
Notons qu'un adulte :
- doit apprendre sans effort. L'enseignement doit être le plus vulgarisé possible pour être accessible à tous;
- apprend mieux s'il pratique. L'enseignement doit alors faire participer l'apprenant que ce soit d'un point de vue de la pratique que de la réflexivité;
- ne doit pas se sentir jugé pour ne pas le mettre en position d'échec. Le formateur doit alors adopter un comportement de bienveillance envers son apprenant.
Ancien dirigeant du Groupe Delpicom
6 ansDans le cadre de la formation professionnelle, il est bien rare que nous nous trouvions dans la position d'"enseigner" (en tous cas cela ne m'est pas souvent arrivé), mais plutôt de développer les acquis inconscients des participants en leur faisant découvrir des clés d'où l'intérêt de la ludiopédagogie qui permet de contourner l'écueil de la mise en situation (regard sur soi, regard sur l'autre, la sempiternelle phrase "je ne fais jamais comme cela").. Quant aux simulateurs, j'avoue avoir un peu de difficulté à penser qu'ils peuvent permettre aux participants de comprendre par eux mêmes et surtout par des analogies personnelles, mais je ne suis pas un expert. Tous unis dans le refus de la morosité dans la pédagogie, que les participants bénéficient au maximum du temps qu'ils y consacrent, que leurs efforts leurs soient bénéfiques.
Travailleur indépendant du secteur Formation professionnelle
6 ansIntéressant votre bémol sur la réalité et votre réflexion sur les pairs. Mes stagiaires reprochent à mon simulateur justement d'être un peu loin de la réalité : tous les constructeurs de simulateurs travaillent à se rapprocher de la réalité.
Directeur Pédagogique Delpicom - Un autre visage de la formation professionnelle
6 ansJe pose un bémol sur le point concernant la réalité : expérimenter en formation sur des situations trop proches de la réalité des apprenants risque de leur faire actionner des mécanismes de défense. Ils n'oseront pas tester des nouvelles voies et faire appel à leur créativité. En effet, la présence de leurs pairs en position de jugement est bloquante. Le jeu permet de sortir de ce mécanisme. N'est-ce pas Jean - Louis.
Learning and Development Group Specialist chez OLMIX
6 ansBonjour Lucile, les adultes ont besoin de sens, d'identifier l'utilité quasi immédiate de la formation. À bientôt.
Travailleur indépendant du secteur Formation professionnelle
6 ansLe simulateur de conduite, en auto-école ou après, entre dans la catégorie des 90 %, "j'apprends, je retiens en faisant", il permet d'être confrontés à des réalités, notamment dangereuses, etc. Il a ses imperfections, ses limites, ses atouts et ses qualités sont encore trop méconnus....