Pénurie d'Apprentissage
L'Éducation est une révolution pour l'humanité et une Révolution sans éducation n'est que désordre et calamité - Nour TRABELSI
Hier lundi 13 septembre 2021, j'ai repris les salles de classes après une semaine d'intégration en ligne.
J'avoue qu'une semaine de plus gagnée chez moi m'offrit une flexibilité supplémentaire pour tenter de concorder ces deux morceaux de vies aux aspects externes dissociés, mais qui à long terme sont ou seront peut-être plus intriqués qu'on ne puisse le penser.
Il n'est guère simple de passer une trentaines d'appels à tort et à travers dans l'espoir de déterrer une information utile tout en témoignant d'une présence physique et spirituelle en cours. Aussi, lorsque l'on s'engage à sauver sa maison d'une hypothèque signée par la banque, la concentration devient un luxe entaché de craintes et de sentiment d'impuissance. Pourtant, et malgré cette situation critique qui menace ma petite famille et moi, je ne peux m'empêcher de porter une opinion critique sur le système éducatif que l'on s'apprête à affronter post-covid et post-vaccination. Pour faire court, pas d'avant et d'après, rien n'a changé.
Qu'il y eût un renversement politique, la venue d'une nouvelle ère pour l'Exécutif ou simplement un nouveau jeu de pouvoir qui s'achèvera par une descente de rideau sans réforme réelle et sans amélioration, le secteur éducatif tunisien semble avoir été davantage marginalisé dans une crise sanitaire qui pourtant l'a beaucoup rongé.
En effet, la dégradation du niveau académique témoigné par maints professeurs de tous niveaux est le résultat de deux accumulations: Tout d'abord, l'empilement d'un délaissement collectif des programmes scolaires et la fuite d'investir aussi bien des efforts intellectuels que financiers pour revoir leur contenu suranné. Ensuite, un entremêlement des Institutions qui, désorientées par rapport à leur rôle, furent incapables à la fois de sauver le pays de l'explosion des infections et d'assurer la continuité de l’enseignement à ses générations.
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En temps de crise, les devoirs se confondent et en temps de mauvaise gestion de crise, les droits s'évaporent. Ce sont alors les lois de la jungle qui règnent, s'il est permis de les qualifier de "lois" à savoir "manger ou être mangé" et "sauve-qui-peut".
Il est tentant de penser que l'Éducation est une pratique universelle visant à développer les compétences naturelles de chacun par la transmission pédagogique d'information, mais il y a à mon sens plusieurs points à revoir dans cette prétendue définition. L'Education a des piliers de valeurs fondamentales et universelles comme le fait qu'elle est le droit de tous sans discrimination de genre, éthnique ou d'âge, mais l'Éducation reste nationale, non dans le sens légal et républicain du terme mais dans le sens où elle est le propre de chaque Nation et devrait s'adapter aux exigences particulières de chaque pays voire de chaque région au sein d'une même terre.
A vrai dire, je ne veux point ignorer les initiatives entreprises par le Ministère de l'Education et le Ministère des études supérieures à numériser la procédure d'inscription, fournir aux d'établissements plus d'équipement technologique et à vouloir adopter un système d'enseignement hybride cependant, quand on voit que plus loin de la capitale des écoles s'effondrent, je ne crois pas que le soutien étatique soit équitablement réparti.
De plus, la réussite de la campagne de vaccination fait que plusieurs gens se sont précipités à croire que le peuple a plus ou moins acquis une immunité générale, abandonnant ainsi toute distanciation et parfois le port de masques dans les couloirs des établissements scolaires et universitaires; les amphis sont de nouveau remplis, les camarades assis accolés les uns aux autres et les échanges de bouteilles d'eau ou de cigarettes sont au rendez-vous.
Sans supervision et sans précaution, je doute que la Tunisie échappe à une vague pandémique d'automne. Notre mission maintenant si nous l'acceptons - et nous devons l'accepter - est de combler la faille éducative d'une pâte à bois solide et résistante pour maintenir la stabilité du socle de l'enseignement national. Les jours qui viennent seront indéniablement d'observation orientée vers le social et la politique, surtout.
Assez d'incertitude, offrons au peuple de la clairvoyance.
Chef du Département Théologie et Formation chez Diakonisches Werk Wurtemberg
3 ansMerci de partager tesréflexions. J'en connais beaucoup qui ont perdu toute envie d'étudier l'année dernière. Je vois une image mitigée parmi les enseignants. Grand engagement et renoncement. Bonne chance pour le départ et beaucoup de force pour les nombreux défis que tu dois relever !