"Pas d'écologie sans justice sociale"
Le thème de la justice sociale et de l'environnement ont encadré cette semaine. Lundi soir, dans le cadre des 3èmes rencontres nationales de la participation, organisées à Grenoble par le think tank Décider ensemble, un débat préparé par la Métro traitait de "La démocratie et la justice sociale : au secours du climat ?", le terme s'invitait à nouveau samedi, lors de la #MarcheduSiècle. Les questions entendues lundi, comme les slogans lus samedi, soulèvent des réflexions.
Sauver la planète
C'est sans doute ce que l'on entend le plus, il faut "sauver la planète". Or, au fond, en disant ça, nous ne sommes pas si loin de la formule cartésienne, "maître et possesseur de la nature". Nous nous positionnons ainsi comme des sauveurs, comme si la planète nous attendait. Mais que devons nous sauver ? La vie sur la planète est passée par des étapes très diverses, se manifeste sous des formes telles, existe dans des milieux très différents, dont certains nous sont particulièrement hostiles. Une fois les conditions pour son émergence et son enracinement réunies et mises en œuvre, la vie fait preuve d'une capacité d'adaptation extraordinaire. Ceci devrait nous rendre humble, et réaliser qu'après nous, comme après chaque grand épisode d'extinction, la vie continuera, la Terre tournera, qu'il est un peu présomptueux d'imaginer que nous sommes attendus pour la sauver. Ce qui est à sauver, ce n'est pas la planète, ce sont nos conditions de vie sur cette planète. Il faut prendre conscience que nous ne sommes qu'un élément de la nature, mais aussi qu'un raisonnement extrême pousse à ne voir en l'espèce humaine qu'une nuisance pour la planète. La "sauver", passerait avant tout, donc avant nous.
Restreindre nos libertés?
La question a été posée lundi soir de savoir s'il fallait restreindre les libertés pour s'en sortir. On entend souvent ça, les transitions remettraient en cause nos libertés individuelles. Il est alors souvent fait référence à la liberté de se déplacer. Cette idée de liberté est un trompe l'œil. Déjà, il s'agit d'une "liberté" qui est liée aux moyens individuels, plus on est favorisés économiquement, plus on se déplace et plus on utilise des moyens de déplacement polluants (avion, bateau, hélicoptère…) et plus on génère des déplacements pour sa consommation. Redouter une atteinte aux liberté de fait toucherait ceux qui sont actuellement les plus pollueurs. Plus fondamentalement, la vie en société impose par définition une réduction des libertés individuelles si cette réduction va dans le sens du vivre ensemble. Quand l'intérêt collectif prime, on accepte ces réductions qui sont déjà présentes : on interdit de fumer dans des lieux publics, on interdit la consommation de certaines substances… Ces interdictions sont à chaque fois une limitation des libertés individuelles. Réduire ces libertés est donc un faux problème si c'est pour réduire en fait des égoïsmes qui sont nuisibles au plus grand nombre. Il doit s'agir d'une décision politique qui doit être discutée, décidée en concertation et c'est bien un des problèmes auxquels nous sommes confrontés : les égoïsmes priment et les débats sont trop souvent biaisés.
Pas de petit geste quand on est 60 millions à les faire
Ce vieux slogan du ministère de l'écologie pré-Grenelle revient toujours. Pourtant, si bien sûr il doit y avoir prise de conscience de nos actes au quotidien, en faire une fin en soi mène dans une impasse. La crise actuelle est systémique, ce qui signifie qu'elle affecte l'ensemble de nos actions et interactions. Et c'est là que la politique des petits gestes est inefficace. Dans une approche systémique, le tout est supérieur à la somme des parties. Couper le robinet quand on se lave les dents n'a pas d'effet sur la consommation d'eau globale puisque l'eau consommée l'est avant tout en agriculture. Et on pourrait multiplier les exemples de la sorte. Dans de nombreux domaines, même si on était 60 millions à les faire, les petits gestes resteraient des petits gestes sans effet sur les enjeux globaux.
Changer de représentations
La bataille pour s'en sortir passe par les représentations, la construction de nouveaux récits. Je suis frappé par le décalage entre fictions et discours politique qui sont pratiquement en opposition de phase. Dans la fiction actuelle, le présent est majoritairement traité de façon positive, vendant un mode de vie désirable à base de personnes vivant dans de grandes demeures, voyageant, changeant de vêtements à chaque plan. Les difficultés du quotidien sont loin, on surconsomme et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. En revanche, le futur dans la fiction est dystopique. Que ce soient pour des raisons environnementales, de place des technologies ou des rapports humains, l'avenir décrit fait tout sauf rêver. Dans le discours politique, c'est presque l'inverse. On ne peut nier la difficulté du quotidien expérimenté par le plus grand nombre, en revanche on met en scène un futur désirable : la créativité, les réformes permettront demain que tout aille mieux. La fiction vend du rêve aujourd'hui, la politique du rêve demain.
«Je ne veux pas de votre espoir. Je veux que vous paniquiez.»
Cette déclaration faite par Greta Thunberg et rapportée par Nicolas Mathieu dans le Libé des écrivains souligne ce décalage. Ne pas s'inquiéter, c'est ne pas agir avec l'énergie nécessaire.
Aurélien Barrau lors du débat de Grenoble refusait de baisser les bras en disant qu'il n'est jamais trop tard. Les mouvements lycéens de vendredi, citoyens de samedi soulignent à quel point la mobilisation change de dimension. Pourtant, agacement ce matin à l'écoute de France Info qui en fait plus sur les violences sur les Champs Elysées et sur la cocotte minute dans le train que sur la Marche du Siècle…
💧Délégué Régional Sud-Ouest Méditerranée SUEZ 💧Vice Président du Pôle de compétitivité AQUA-VALLEY
5 ansEn écoutant ce soir le philosophe Michel Serres, conteur s'il en est, dialoguer avec deux lycéennes engagées pour le climat j'ai eu le sentiment que cet indispensable nouveau recit dont tu parle était peut être en train de naitre sous mes yeux, en associant les générations plutot que de cristalliser les oppositions.
💧Délégué Régional Sud-Ouest Méditerranée SUEZ 💧Vice Président du Pôle de compétitivité AQUA-VALLEY
5 ansUn troisième événement inhabituel avait ouvert cette semaine renforçant ton analyse. Lundi après midi les groupes transpartisans de députés et de sénateurs #accelerons et #urgenceclimatique étaient réunis au Sénat avec des représentants de metropoles et des régions pour un colloque intitulé " Action climatique qu'elle priorités de politique publique ". J'assistais aux débats ou en plus des enjeux de territorialisation la nécessaire équitees sociale associée aux politique de transition climatique à été évoquée par la majorité des parlementaires. Un ébat lui aussi peu médiatisé peut etre car consensuel et sans violence. Un des députés à l'initiative de ce rassemblement, Matthieu orphelin avait d'ailleurs du partir plus tôt pour ne pas rater son train pour ...Grenoble.