Patek Philippe amélioration d’un quantième perpétuel classique à grande bascule (brevet EP3734373)

Ceux qui ont l’habitude de lire mes articles, savent que je consulte les brevets qui paraissent dans la base de données internationales des brevets. Quand un brevet m’intéresse, j’écris un article pour le partager en essayant de rendre l’invention plus facilement compréhensible, car la lecture d’un brevet est assez fastidieuse.

Fin 2020, j’avais vu un brevet de Patek Philippe concernant, je cite, un dispositif d’actionnement d’une étoile de quantième d’un mécanisme de quantième semi-perpétuel ou perpétuel. J’avais regardé les dessins pour voir que cela concernait un mécanisme de quantième perpétuel à grande bascule (donc guère intéressant pour ma petite personne). Je n’avais pas pris le temps de le lire, pour comprendre l’intérêt du ce brevet.

En septembre 2024, je me suis fixé comme objectif de travailler sur les problèmes que posent un mécanisme quantième perpétuel à changement instantané de date. Je suis parti du mécanisme bien connu de la grande bascule qui avait déjà fait l’objet d’un brevet (très ancien) de la part de Patek Philippe. Le brevet CH1018 de quantième perpétuel instantané proposait en 1889 une solution en modifiant l’entraîneur pour accélérer son mouvement avec une modification minimale du reste du mécanisme du QP à grande bascule. Mais comme cette solution n’a pas été appliquée dans les montres à QP, j’en ai déduit que le mécanisme présentait des défauts.

J’ai donc inventé un nouveau mécanisme de QP à changement instantané de date, pour ne plus avoir entre 20h et 24h les trop longues corrections de dates dans la nuit du 28 février au 1er mars. Un effet secondaire inattendu de cette invention fut d’armer au minimum la bascule du changement de date pendant presque tout la durée du mois. Cette bascule fonctionne aussi avec une course variable lors du changement de mois, en coopérant avec le bord d’une came qui effectue un tour en douze mois.

Toujours en septembre 2024, j’ai lu une petit post sur le réseau LinkedIn présentant l’échappement Pulsomax en silicium de Patek Philippe, j’ai voulu retrouver le brevet WO2011121432. Lors de mes recherches, je suis tombé sur un autre brevet de Patek Philippe qui n’avait rien à voir. Ce brevet EP3734373 proposait une solution au problème de la grande bascule qui s’arme à fond pendant tout le mois de février, alors que ce n’est utile qu’en fin de mois. J’ai craint que cela soit un peu trop proche de ma dernière invention qui arme la bascule au minimum jusqu’à l’avant dernière date du mois. Heureusement, ce n’était qu’un effet secondaire, bien que très appréciable, de mon dernier mécanisme QP, car mon invention porte principalement sur le changement instantané d’une ou plusieurs date dates dans un mécanisme de QP. Pour cette invention de QP, j’avais même inventé un entraîneur plus précis, n’utilisant qu’une seule bascule.

Revenons au brevet EP3734373 de Patek Philippe qui vous intéresse plus que mes recherches et mes inventions.

La figure 1 représente une grande bascule (4) qui pivote sur son axe (A) avec une extrémité (14) qui vient buter contre le bord de la came (6) de douze mois ou son satellite (12) de février. L’autre extrémité de cette grande bascule est dotée de deux becs montés pivotants. Le petit bec pivotant (16) permet de faire pivoter chaque nuit d’un pas l’étoile de quantième (2) de 31 pointes (stabilisée par son sautoir non représenté). Le grand bec pivotant (18) permet le rattrapage des jours de fin de mois de moins de trente-et-un jours, en coopérant avec l’encoche (22) de la came de rattrapage (20) qui est solidaire de l'étoile de quantième (2).

Jusque là le mécanisme est conforme à un quantième à grande bascule classique. Les seules petites différences se situent dans la taille de la came de rattrapage (20) qui est un peu plus grande que ce qui se fait habituellement et la forme de son encoche (22) est légèrement différente.

Les véritables différences avec un quantième à grande bascule classique, sont l’ajout de la cheville (30) fixé à l’extrémité de la bascule (4) et la mise en place de deux nouvelles pièces (26 et 28) qui pivotent sur leur propre axe (B et C) situé dans l’extrémité arrondie de chaque pièce. La pièce (26) est appelée verrou et elle est positionnée par la pièce (28) appelé bascule.

L’extrémité de la bascule (28) est un bec palpeur (28a) qui coopère avec le bord de la came de rattrapage (20) qui prend le nom de came de rattrapage et verrouillage. La bascule (28) est soit en position haute si son bec palpeur est sur le bord normal de la came de rattrapage et verrouillage (20) entre le 2 et le 27 du mois (Fig. 1), soit en position basse si son bec palpeur est sur le bord de l’encoche (22) de la came de rattrapage et verrouillage (20) du 28 au 1er (Fig. 2). La goupille (32) de la bascule (28) va pousser sur le bec (26a) du verrou (26).

Le verrou (26) est donc lui aussi, soit en position haute, soit en position basse. Le bec (29) du verrou va venir servir de butée de la grande bascule (4) en coopérant avec la goupille (30) de la grande bascule, uniquement lorsque le verrou est en position haute, pour limiter au minimum la course de la grande bascule (Fig. 1). La position haute est dite de verrouillage. La position basse est dite déverrouillage pour laisser libre la grande bascule de s’armer complètement si la came (6) des mois le lui permet (Fig. 2).

Selon le brevet, ce système de limitation de la course de la grande bascule, présente deux avantages. Il permet de ne pas faire parcourir à ladite grande bascule, une grande course inutile tous les jours, notamment en février (et une course moyenne les mois de trente jours). Il permet aussi la correction des mois sans avoir à dégager préalablement la grande bascule de la came des mois, tant que ledit dispositif de limitation de la course de la grande bascule occupe sa position verrouillée, avec le bec palpeur (14) de la grande bascule qui ne touche plus le bord de la came (6) des mois. Ce second avantage présente toutefois le risque de ne pas pouvoir empêcher les utilisateurs de régler le mois en fin de mois de trente jours, avec un petit risque de casse. Cependant ce second avantage est moindre, car le risque peut être neutralisé par un bord de came et une extrémité du bec palpeur (14) dessinés plus intelligemment.