Peut-on arrêter Temu ? Ou laisserons-nous Amazon reprendre sa place ?

Peut-on arrêter Temu ? Ou laisserons-nous Amazon reprendre sa place ?

Les centaines de milliers de produits vendus par Temu en Europe sont-ils illicites ? C’est ce que va tenter de vérifier la Commission européenne, en ouvrant jeudi 31 octobre une enquête contre le site de commerce en ligne d’origine chinoise, soupçonné de ne pas agir suffisamment pour endiguer la vente d’articles illégaux, voire dangereux.

Le dossier, on l’imagine, est suivi de près par les acteurs du e-commerce européen. Mais aussi par les géants américains. En particulier Amazon. L’entreprise de Jeff Bezos s’est dite tentée de le suivre sur les produits à prix cassés. Pour la première fois de son histoire, Amazon va fixer des prix plafonds. Huit dollars maximum pour les bijoux, 9 pour les parures de lits, 13 pour les guitares ou encore 20 pour les canapés… On croit rêver. Et pourtant…

L’enquête européenne tombe bien. D’autant qu’aucun délai légal n’est fixé pour conclure l’enquête. Si le géant chinois de la fast-fashion est reconnu coupable d’infractions, il pourrait se voir infliger une amende allant jusqu’à 6 % de son chiffre d’affaires annuel -estimé à près de 12 milliards d’euros- en vertu du Digital Services Act.

La Commission va également se pencher sur les systèmes de recommandation de produits auprès des utilisateurs, et l’obligation pour Temu de divulguer les principaux paramètres utilisés par ces systèmes. L’exécutif européen soupçonne aussi le site chinois de ne pas respecter l’obligation de fournir aux chercheurs un accès aux données de la plateforme. Des associations européennes de consommateurs avaient déposé en mai une plainte contre Temu, l’accusant notamment d’utiliser des interfaces trompeuses pour inciter les utilisateurs à dépenser plus sur la plateforme.

Longtemps, on a stigmatisé Amazon : évasion fiscale massive, développement d'entrepôts entièrement robotisés, salariés sous surveillance, reconnaissance faciale, destruction d'invendus… Le monde selon Amazon, tout un temps première capitalisation boursière au monde, est aujourd’hui dépassé par Temu.

Le « monstre » Amazon a trouvé plus fort, plus violent surtout. La question, aujourd’hui, est de savoir comment nous réagirons en tant que consommateurs, plus encore en tant que consom-acteurs ? La question, aussi, est de savoir ce que le politique fera ? Réglera-t-il, une fois pour toutes, les mécanismes de subvention qui devraient également être équilibrés en abordant cette question dans les accords commerciaux… ou pas ?

Avec Temu, le curseur du commerce numérique s’est déplacé. En tiendrons-nous compte… ou nous laisserons-nous bercer par le confort d’un consumérisme compulsif ? Ou laisserons-nous Amazon le supplanter ?

En attendant, les chaussures dès 35 centimes et l’appareil photo à 11 euros ont encore un bel avenir !

Alain de Fooz

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