Plan d’action pour la sécurité routière : le gouvernement prend le chemin de la paresse
Chaque nouvelle année s’accompagne de son lot de bonnes résolutions. Celles du gouvernement Philippe sont pétries de bonnes intentions. Parmi elles, la volonté de diminuer le nombre de victimes d’accidents de la route. Si le projet est louable sur le papier, tant la mortalité sur notre réseau routier constitue un fléau (3 477 morts en 2016 en métropole), les mesures proposées ce mardi par l’exécutif interpellent, notamment celle de limiter à 80 km/h la vitesse sur le réseau secondaire.
Sur ce sujet comme sur d’autres, il convient d’agir avec courage. Et le courage, ce n’est pas de prendre des mesures « impopulaires » – pour reprendre les termes d’Édouard Philippe –, c’est de mettre en œuvre une véritable politique responsable et ambitieuse. Dans le cas présent, faire le choix de la répression, des interdictions ou de la taxation – en agitant la machine à cash que sont les radars, qui ont rapporté à l’État plus de 920 M€ l’an dernier –, ce n’est pas faire preuve de courage, c’est adopter la réponse usuelle des différents gouvernements qui se sont succédés. Le courage, c’est de s’attaquer en priorité à l’état des routes, qui constitue l’une des premières causes d’accidentalité. Jamais pris en compte dans les bulletins d’analyse des accidents de la circulation, c’est pourtant ce sujet qui devrait monopoliser l’attention du gouvernement. La situation financière des collectivités locales en charge de l’entretien des routes est, certes, délicate, mais il semble que faire de cet axe un point prioritaire pour nos élus soit frappé au coin du bon sens. L’argent que l’État va dépenser pour remplacer les panneaux de signalisation serait ainsi mieux employé à la rénovation de notre réseau routier, qui se dégrade sans cesse. Au classement du Forum économique mondial consacré à la qualité d’usage des routes, notre pays est en effet passé de la 1ère place en 2012, à la 7ème en 2017.
Les Danois l’ont bien compris, en prenant le chemin inverse au notre : investissement massif dans la sécurisation des routes et passage de 80 à 90 km/h sur le réseau secondaire, permettant de faire baisser le taux d’accidentalité de 11% en 2 ans.
Alors, monsieur le Premier ministre, faites travailler les entreprises des travaux publics plutôt que vos machines à PV !