PME : Comment obtenir un financement décentralisé ?
Salon Planète PME, édition 2011, Palais Brogniart à Paris / Source : flickr.com

PME : Comment obtenir un financement décentralisé ?

Le financement sous forme de titres de dette, ou “obligations“, n’est pas seulement réservé aux entreprises du CAC40, aux banques ou aux états.

En cette période où le coût du crédit est un sujet préoccupant pour les particuliers qui souhaitent contracter un crédit immobilier, on s’aperçoit qu’il en est tout autant pour les entreprises non cotées, notamment les PME dont le taux de croissance annuel de l’encours des crédits est devenu négatif au T3, selon les dernières observations de la Banque de France (1).

L’accès au financement n’est plus aussi simple qu’avant l’inversion brutale de la courbe des taux, car les banques, soucieuses de reconstituer leur niveau de fonds propres que les Accords de Bâle III de 2010 leur imposent, réduisent l’offre de crédits ou en restreignent l’accès.

Pour les entreprises, le véritable enjeu n’est donc plus le coût du financement, mais l’obtention de celui-ci.


Une structure claire et sécurisée pour les émetteurs d'obligations

Une obligation est un prêt à revenu fixe consenti par des investisseurs à une entreprise ou un état, et la plupart sont émises dans des devises traditionnelles telles que l'euro.

Or, un producteur d'huile d'olive franco-tunisien, qui opère sur 3 continents, est récemment parvenu à lever 500 000 euros grâce à des obligations libellées en EUROe, un stablecoin euro d’initiative finlandaise sélectionné au programme ‘European Blockchain Sandbox’ de la Commission européenne (2).

Cette opération de crédit d’entreprise a été rendue possible grâce à un nouveau prestataire de services financiers numériques basé à Zurich et régulé par la FINMA : Obligate

Également présente en Allemagne, en Lituanie, au Royaume-Uni et à Singapour, Obligate, construite sur Polygon, est une plateforme qui propose aux investisseurs qualifiés des titres de créance réglementés.

En retour, ces derniers reçoivent des jetons ERC-20 représentant les obligations dans lesquelles ils ont investi. Ces jetons numériques comportent le droit de recevoir un paiement à l'échéance, ou une garantie en cas de défaut de paiement.

Capture écran dashboard Obligate


Après avoir reçu cet été les intérêts de nouveaux clients, l’entreprise familiale Lamar Olive Oil, qui cherchait un financement externe pour augmenter ses volumes de production, couvrir les coûts d’expédition et honorer ainsi ses commandes, s’est donc rapprochée de la plateforme suisse :

“Nous avons collecté 500 000 € que nous avons utilisés pour financer nos exportations pour Cauvin, Emile Noël et d'autres", a confié fin juillet Ramzi Lahmar, directeur général de Lamar Olive Oil, à la revue Olive Oil Times (3), ajoutant : "Le retour sur investissement était de l'ordre de 400 à 500 pour cent."

Habituellement, les entreprises privées qui lèvent des fonds par billets de trésorerie passent par un processus qui prend 6 à 8 semaines de traitement. Ici, suivant un délai d’exécution de 2 semaines avec Obligate, le dirigeant s’est donc félicité que la collecte de fonds via l'émission d'EUROe a été autrement plus rapide et plus simple par rapport aux fonds traditionnels :

“Avant, lorsqu'on passait par les banques, il fallait envoyer une demande, des tonnes de paperasse, se rendre physiquement à la banque, prendre des rendez-vous de suivi, etc.“, a-t-il détaillé, “C’était infiniment long et compliqué."
“Maintenant que j’ai émis ma première obligation sur Obligate, tout ira encore plus vite. Si j'ai besoin de liquidités demain, je peux les négocier aujourd'hui et recevoir les fonds demain“, a précisé Lahmar. “Et cela est vrai que je sois à Hong Kong, au Canada, en Tunisie ou ailleurs.“


En résonance avec le discours politique

Précédemment, un autre oléiculteur basé à Sfax en Tunisie, s’était également tourné vers une solution blockchain pour, cette fois-ci, garantir la traçabilité de ses produits : 

En mars 2020, le groupe CHO et son huile d’olive emblématique ‘Terra Delyssa’ ont rejoint IBM Food Trust, dont la blockchain permissionnée permet en effet de tracer la provenance des produits alimentaires pour les producteurs, les transformateurs, les expéditeurs, les détaillants, les organismes de réglementation ainsi que les consommateurs (4).

On notera par ailleurs que, quelques mois plus tard, à l’issue du Digital Finance Outreach du 23 juin 2020, Valdis Dombrovskis, Vice-Président de la Commission européenne en charge de l’économie, avait déjà relevé les avantages liés à l’adoption des crypto-actifs dans un contexte de crise :

« L’ère du numérique est bien engagée. Le secteur financier européen en a besoin pour aller de l'avant. Oui, il y a des risques, mais il y a aussi de nombreuses opportunités que nous devons saisir ».

Au regard des nombreuses innovations qui ont cours dans l'UE trois ans après, il semblerait que l’allocution du commissaire européen était ce jour-là plutôt bien inspirée.




Source(s) & réf. :

1. Rapport Banque de France du 08 sept. 23 | Financement des entreprises - Jul 2023 

2. Portail web Commission européenne/EBSi | European blockchain regulatory sandbox, for Distributed Ledger Technologies

3. Article Olive Oil Times du 25 juil. 23 | Olive Oil Producer Raises €500K Through Crypto Bonds

4. Article Agro-Media du 09.03.20 | Blockchain : De l’huile d’olive tracée du champs jusqu’au détaillant


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