POUR UN ÉVÉNEMENTIEL D’ENTREPRISE LIBÉRÉ(E)

POUR UN ÉVÉNEMENTIEL D’ENTREPRISE LIBÉRÉ(E)

Non, je ne cède pas soudain à l’appel de l’écriture inclusive… Juste un double sens que vous allez comprendre.

Isaac Getz, professeur à ESCP-Europe et docteur en psychologie, est l’un des promoteurs de « l’entreprise libérée ». Ce concept propose de casser les organisations classiques, facteurs selon lui de sclérose, d’infantilisation, pour les refonder autour des dynamiques décentralisées, dans lesquelles le manager se mue en « leader facilitateur », en accoucheur de nouveaux schémas de création de valeur. Même si elle n’est pas appuyée sur une théorie établie, mais plutôt sur une intuition et l’observation des entreprises en transformation, même si on a du mal à imaginer que les managers intermédiaires vont accepter d’être sacrifiés sur l’autel de la fluidification et de l’empowerment, la démarche est digne d’intérêt. 

Dans la transformation technologique et la révolution digitale, mais aussi dans les aspirations à une nouvelle « expérience collaborateur », la rigidité de la « hiérarchie bureaucratique » qui servait d’armature à l’entreprise du 20ème siècle risque d’être « uberisée » comme toutes les formes d’intermédiation dont on veut se débarrasser.

Dès lors, l’entreprise dans sa vision traditionnelle est menacée. Isaac Getz remarque en outre que, faute d’inscrire les collaborateurs dans un mouvement de responsabilisation, on perd leur engagement, en particulier celui de la Génération Y, sans parler de celui de la Génération Z. Or aujourd’hui, tout est affaire d’engagement.

L’événementiel corporate, dans la grande variété de ses formes et de ses objectifs, est, nous l’avons montré dans nos précédents articles, la discipline de communication la plus au service de l’engagement des parties prenantes dans, pour, avec l’entreprise. S’engager dans la logique de « l’entreprise libérée » nécessiterait donc logiquement qu’on libère aussi l’événementiel d’entreprise.

Ce serait quoi, l’événementiel « libéré » ?  

La libération de la parole : les événements d’entreprise deviendraient le lieu d’un autre discours, d’une autre articulation, d’une nouvelle vision de ce qu’est un émetteur ou un contributeur. Le lieu des choses « bonnes à dire ». Langue vivante contre, trop souvent, langue de bois.

La libération des énergies : il y a un « multilatéralisme » des énergies à prendre en compte dans la planification événementielle. Travail en commun, recherche d’une tension qui fédère, co-construction, approches collaboratives, ou au contraire, répartition des tâches, aventures de groupes. Les énergies internes se déploient sur les réseaux sociaux, sur les médias de l’entreprise. Il faut savoir les identifier, les canaliser, les faire contribuer.

La libération des idées : Sous peine de refaire éternellement le même événement, une réponse doit être trouvée à la question « C’est quoi l’idée ? ». C’est quoi l’idée cette année, c’est quoi l’idée pour ce public, c’est quoi l’idée pour dépasser ce blocage, c’est quoi l‘idée pour célébrer ce succès ? Et pour pouvoir se poser utilement ces questions, s’en poser une au préalable : c’est quoi l’idée de ce brief ?

La libération du potentiel des datas : en événementiel comme en marketing, c’est aujourd’hui l’optimisation de l’expérience qui doit être recherchée. Expérience utilisateur, expérience participant, même combat. Or cette optimisation, liée à la qualité de ce qui est vécu, à celle des contenus, à celle de l’accueil et de l’animation, n’est possible que si le potentiel des datas de l’événement est lui-même libéré. Données personnelles des participants, préférences, interactions sociales, données générées par l’événement (applis mobiles, objets connectés), feedbacks, etc. : les nouveaux publics attendent de nouveaux événements.

La libération de la relation client-agence : Ici encore, un travail collaboratif, en co-construction, doit être engagé, fondé sur la confiance et la complicité. Celles-ci ne seront atteintes que si elles peuvent s’appuyer sur une organisation sans faille (logistique, qualité de gestion, sécurisation des process, recueil, consolidation et analyse des datas de l’événement) et une solide culture du résultat. Toutes choses qui rassurent, à juste raison, acheteurs et donneurs d’ordres qui garderont, dans « l’entreprise libérée », la même exigence…

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