Pour une relance européenne.
Les experts sont unanimes. Tous montrent que sur le plan économique l’Europe décroche. Larguée par les États Unis, menacée par la Chine, concurrencée par le reste du monde. Après les signaux d’alarme des Pr .Draghi et Letta un rapport tout récent de Finance Watch vient de démontrer qu’en l’état actuel des choses les seuls marchés privés ne permettront pas à l’Europe de financer plus qu’un tiers des investissements nécessaires pour rester dans la course. Les États-Unis ont pris les devant : avec l’IRA le champion toute catégories du libéralisme (sic) vient d’engouffrer des milliards d’argent public dans son économie.
Hélas le débat sur une éventuelle politique de relance est quasi inexistant de ce côté-ci de l’Atlantique. Et pourtant… Il serait urgent de se demander si la situation exceptionnelle que traverse l’économie mondiale n’exige pas des gouvernements et de la Commission à Bruxelles une action moins conventionnelle, pour tout dire moins timorée, que l’actuelle. Il faudrait se demander si en tenant à son objectif de 2 pour cent pour l’inflation (pour si peu de réussite) la BCE ne pèse pas excessivement sur la croissance. Il faudrait se demander si, à force de s’accrocher à la règle des 3 pour cent de déficit public autorisé l’Union ne s’interdit pas de mobiliser tous les investissements d’avenir indispensables à la défense et à la transition énergétique. Il faudrait s’interroger sur l’insuffisante solidarité européenne en matière budgétaire qui interdit de nouveaux emprunts mutualisés. Il faudrait mobiliser toutes les énergies pour la mise en place d’un vrai marché des capitaux afin d’affronter la guerre de l’épargne mondiale qui fait rage. Enfin il faudrait se mettre d’accord sur la mise en œuvre coordonnée de politiques spécifiques de redistribution afin de ne pas pénaliser, encore, les ménages les plus modestes.
Certes tout n’est pas possible tout de suite : il y a les traités et la vigilance des marchés. Il y a aussi la psychologie collective : les Américains privilégient le risque quand les européens préfèrent la norme. Mais à ne rien faire l’Europe s’enlise au lieu de se doter des armes nécessaires pour faire face à la guerre économique qui monte. Au moment où il fait faire preuve d’audace elle en reste à des dogmes qui datent pour l’essentiel du traité de Maastricht de…1992 !
Le temps presse. Un grand général résumait en deux mots le secret de toutes les batailles perdues dans l’histoire : « trop tard ! »
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NB : La France en 2050. Patrick Arthus. Ed. L’observatoire. 2024.
La CDC : Rapport Investir sur le temps long. 2024.
B. ATTALI