Pourquoi les banques centrales se ruent-elles sur les monnaies numériques ?
Monnaie Numérique de Banque Centrale et Euro numérique. Voilà le nouveau mantra de la Banque Centrale Européenne qui ne jure désormais que par cela.
Mais d'où vient ce soudain intérêt ?
La question est légitime, tant le sujet semble séduire une très grande partie des banques centrales du monde (une centaine de pays travaille actuellement dessus).
Un site permet d'ailleurs de suivre les états d'avancement des projets.
Un intérêt récent
Avant 2019, le sujet n'intéressait littéralement personne à travers le monde.
Mais que s'est-il donc passé en 2019... ?
Le projet Libra de Facebook, l'un des géants de la tech américaine, membre des GAFAM, l'une des plus puissantes, des plus influentes et des plus riches entreprises du monde.
Autant vous dire que cela a piqué au vif les gouvernements. Car la #monnaie, c'est le nerf de la guerre. Tout découle de la monnaie et de la façon dont elle est gérée. Une initiative privée hors de contrôle des Etats ? Il n'en était pas question.
La réglementation s'est donc chargée de tuer le projet dans l'œuf.
Attention, je ne suis pas en train de défendre cette initiative : qu'une entreprise privée aussi grosse que Facebook, gavée de données sur ses utilisateurs, puissent en plus contrôler une monnaie et récolter des données supplémentaires via les transactions, était assurément dangereux. J'avais d'ailleurs écris un article sur les raisons poussant les géants de la tech à proposer des produits et services financiers. Je prends cet exemple parce qu'il est révélateur à la fois de l'intérêt soudain pour les monnaies numériques de banques centrales et pour illustrer à quel point le sujet de la monnaie est une chasse bien gardée du point de vue de ceux qui en ont actuellement le contrôle.
De quoi parle-t-on ?
Depuis 2019, le sujet voit sa popularité monter en puissance. Car les Etats se sont emparés du sujet, voyant l'intérêt pour les #cryptomonnaies croître au fil des années. Il ne faudrait pas que leur monopole de gestion de la monnaie soit concurrencé, menacé.
Mais que seront donc ces monnaies numériques de banques centrales ?
Officiellement, voici ce que l'on peut lire sur le site de la Banque Centrale Européenne :
L'idée serait donc d'avoir une sorte de cash numérique, qui aurait donc les mêmes propriétés. Et le choix du nom de cet euro numérique est loin d'être anodin dans l'idée d'insinuer dans l'esprit des gens qu'il sera semblable à du cash : Cash +.
Le fallacieux parallèle avec le cash
Premier problème : le cash permet un anonymat total, une confidentialité totale sur vos transactions. Donc un respect de votre vie privée. Prétendre que ces monnaies reproduiront cela est mensonger car ce n'est précisément pas le but.
La CNIL est d'ailleurs la première à alerter à ce propos.
Et d'appeler à un débat démocratique sur cette question.
L'absence totale de débat démocratique et de consultation
Deuxième problème : c'était quand la dernière fois que vous avez pu prendre une décision en matière de monnaie en tant que citoyen, par le vote ?
"Reste ensuite à expliquer auprès de l'opinion et des banques l'intérêt du projet" peut-on lire dans cet article. Je pense que c'est assez clair : les décisions sont prises à notre place et il faudra ensuite nous "expliquer" en quoi cela consiste et en quoi c'est dans notre intérêt.
S'il y a bien eu une consultation, elle ne portait pas sur le fait de savoir si les gens voulaient ou non d'un euro numérique. Là-dessus, on ne nous demande pas notre avis, la décision est prise, il est déjà acté qu'il sera créé, les citoyens doivent s'y faire. Surtout, cette consultation n'engage absolument à rien.
En revanche, pour le choix de l'esthétique des prochains billets de banque, sachant que ça n'a aucun impact sur la politique monétaire, pas de problème, on peut faire voter le citoyen lambda.
D'autre part, Christine Lagarde elle-même, piégée lors d'une vidéo où elle croit s'adresser à Volodymyr Zelensky, révélait qu'il y aurait un contrôle exercé sur les populations grâce à cet outil monétaire.
N'aurions-nous pas ici la fameuse réponse à la question de cet article... ?
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D'autant plus que si la BCE communique sur un euro numérique qui ne serait pas programmable, elle nous explique aussi que le montant pouvant être détenu par chaque portefeuille sera limité... Se contredisant elle-même : il sera bel et bien programmable.
Hors ça, voyez-vous, c'est un vrai souci et pas des moindre. Car cette programmabilité ouvre à la voie à de dangereuses dérives :
Ce n'est évidemment pas ce que les discours officiels nous vendront.
Une #MNBC : pourquoi faire ?
Ce qui nous amène au troisième problème : quelle utilité ? Quel intérêt ? Le moins que l'on puisse dire, c'est que les porteurs de ces projets ont bien du mal à répondre à ces questions. "Le pourquoi de l'euro numérique reste une question à creuser", reconnaît une source proche de la BCE" dans cet article de La Tribune. Autrement dit, on agit d'abord et on réfléchit ensuite.
A nouveau, voici ce qu'on peut lire sur le site de la BCE :
En quoi la forme numérique actuelle de l'#euro ne pourrait-elle pas suffire à atteindre ces objectifs... ? Car l'euro est déjà numérique aujourd'hui, en très grande majorité. C'est le cas des euros qui apparaissent sur votre appli bancaire quand vous consultez le solde de votre compte.
Côté utilisateurs, si l'on s'intéresse à des pays dans lesquels des monnaies numériques de banque centrale sont déjà en place, des leçons intéressantes peuvent être tirées.
Voici un étude du cas du Nigéria et de son e-Naira.
L'étude indique que la population est très peu sensible au e-Naira et semble très peu encline à l'utiliser, notamment parce qu'elle ne voit pas d'utilité ni de bénéfice clair pour elle. Une tendance confirmée par les chiffres : à fin novembre 2022, le FMI relevait 860 000 wallets téléchargés, soit 0,39% de la population du pays (219 millions d'habitants) à raison d'un wallet par personne.
Le fait que les MNBC soient si populaires auprès des banques centrales et autorités politiques en général et, à l'inverse, à ce point ignorées, voire redoutées, par les populations devrait nous en dire beaucoup.
Les autorités nigérianes avaient d'ailleurs, début 2023, tenté de pousser sa population vers le e-Naira en faisant un pas de plus dans son combat contre le cash en limitant les retraits en espèces à l'équivalent de 42€ par jour.
La propagande comme stratégie marketing
De son côté, la BCE semble déterminer à convaincre les citoyens européens du bien fondé de cet euro numérique. Au point de prêcher la bonne parole dans les médias.
On apprend ainsi dans un article de Corpradar que "l'euro numérique vise à révolutionner le paysage financier, en offrant aux citoyens et aux entreprises un système de paiement sûr, efficace et axé sur la confidentialité". Mais alors que penser du système actuel... Pas vraiment la meilleure stratégie marketing qui soit.
Corpradar se présente comme ceci sur son site : "Corpradar is a global media brand empowering leaders, visionaries, governments using the power of right communication as a medium". Traduisez une agence de propagande payée pour écrire ce qu'on lui demande et non pour faire un vrai travail de journalisme.
L'intégralité de cet article le démontre et vise à vendre l'euro numérique comme un outil innovant, merveilleux et dont il ne faut absolument pas avoir peur, en particulier sur les aspects de confidentialité.
L'article est particulièrement révélateur des véritables intentions derrière l'euro numérique, notamment ce passage concernant son architecture.
Il est question d'abord de décentralisation du réseau, c'est-à-dire que le registre ne serait pas centralisé entre les mains de la BCE. On a un peu de mal à imaginer l'institution faire don gracieusement et volontairement de son pouvoir de battre monnaie. Et on a bien raison, puisque l'extrait parle ensuite non plus de décentralisation, mais d'un réseau "distribué". Ce qui n'est pas du tout pareil : un DLT distribue l'information sur les nœuds de son réseau, mais il y a bien centralisation des prises de décisions, contrairement à un réseau décentralisé ou, comme son nom l'indique, le pouvoir est dilué. Il est d'ailleurs explicitement indiqué que le livre distribué de l'euro numérique sera "autorisé" et non en accès libre comme certaines "crypto-monnaies privées" (l'article cite notamment Bitcoin, qui n'a en fait rien de privé mais s'apparente bien plus à un commun). Il s'agira donc de ce que l'on appelle un réseau permissionné : il faudra une permission pour en faire partie et y intervenir. Le narratif de la BCE ne tient pas.
Dans sa publication LinkedIn pour annoncer son article, voici ce que les équipes de Corpradar écrivaient :
C'est la fin de la dernière phrase qui m'intéresse : "help to reduce the use of cash". Pourquoi aurions-nous besoin d'aide pour réduire l'usage du cash ? La formulation semble ici présenter ce dernier comme un problème à résoudre. Or si le cash est un problème, ce n'est certainement pas pour l'utilisateur. Le cash étant la forme de monnaie la plus anonyme qui soit. Ce sont plutôt les Etats qui aimeraient en réduire l'usage, car des solutions numériques qu'ils contrôleraient leur donnerait un pouvoir de surveillance et de contrôle sans précédent sur leurs populations.
Bitcoin, dangereuse menace contre le monopole monétaire des Etats
Enfin, s'il fallait encore une raison pour répondre à la question de cet article, ce serait assurément #Bitcoin. La première des cryptomonnaies inquiète les Etats qui y voient un très sérieux concurrent monétaire (c'est d'ailleurs explicite dans l'article de Corpradar : "les crypto-monnaies privées comme Bitcoin et Ethereum gagnaient en popularité. L'essor des crypto-monnaies privées a soulevé des inquiétudes concernant la stabilité financière, la protection des consommateurs et la perte potentielle de souveraineté monétaire"). Véritablement décentralisé et donc acéphale, pas d'entreprise à qui coller une amende ou imposer une réglementation drastique, pas de PDG ou de conseil d'administration sur qui faire pression. Bitcoin est simplement là, à disposition de tout le monde et son usage ne cesse de progresser à travers le monde.
Le Nigéria est ici, à nouveau, un cas intéressant, étant donné le lancement du e-Naira, puisqu'il est l'un des pays ayant le plus fort taux d'utilisation de cryptomonnaies au monde, proche de 50%, malgré les interdictions).
Conclusion
La monnaie est le véhicule de la confiance dans une civilisation. C'est à travers elle que nous transférons de la confiance dans le temps et dans l'espace. Que dire alors d'une monnaie qui pose de sérieux doutes sur ses objectifs et ses usages ? Comment avoir confiance dans une telle monnaie ? Comment transférer de la confiance via une monnaie qui n'inspire pas confiance ?
Finalement, après tout l'argumentaire de cet article, la réponse à sa question initiale semble évidente. Et c'est Agustin Carstens, patron de la BRI (Banque des Règlements Internationaux, qui est la banque des banques centrales) qui nous l'a livré dans une vidéo, il y a 2 ans : “We don’t know who’s using a $100 bill today and we don’t know who’s using a 1,000 peso bill today. The key difference with the CBDC is the central bank will have absolute control on the rules and regulations that will determine the use of that expression of central bank liability, and also we will have the technology to enforce that".
Nous sommes donc prévenus : les MNBC sont là pour apporter un contrôle absolu sur les citoyens.
Entrepreneur Influenceur Motivateur
10 moishttps://reg.solargroup.pro/gcp520https://reg.solargroup.pro/gcp520/02
Entrepreneur Influenceur Motivateur
10 moisWaouh c'est du ouf
Technicien méthodes at Renault
1 ansPourquoi ? Mais juste pour nous surveiller, nous contrôler et nous prendre l'argent qui nous reste... si on est pas sage !!
Ex Président AURIVA Elevage , Ex Trésorier chez ALLICE
1 ansAttention DANGER pour nos libertés fondamentales!!!!!!!
𝗿𝗶𝗽𝗰𝗼𝗿𝗱𝗖𝗵𝗮𝗶𝗻.𝗲𝘁𝗵 - 𝗖𝗚𝗜 Consultant Blockchain (diplômé Alyra) - 𝗔𝗿𝗰𝗵𝗲𝘁𝗵𝗶𝗰 𝗕𝗹𝗼𝗰𝗸𝗰𝗵𝗮𝗶𝗻 Advisor - 𝗖𝗿𝘆𝗽𝘁𝗼 𝗘𝗻𝗱𝗹𝗲𝘀𝘀 𝗦𝘂𝗺𝗺𝗲𝗿 Cofondateur et coorganisateur
1 ansDans notre système financier occidental, souvent au bord du précipice, le principal risque est la perte de confiance des citoyens et avec le bank run. Adopter une MNBC et supprimer les espèces, cela constitue une solution pour que l'épargne ne puisse plus sortir du système et que le risque de bank run soit bien plus limité.