POURQUOI L’URBANISME - COMMENT L’URBANISME ? #5
Préfigurer.

POURQUOI L’URBANISME - COMMENT L’URBANISME ? #5 Préfigurer.

Finalement, quand on laisse le temps à ces ouvrages, parfois douloureux mais nécessaires, de maturation, macération, cristallisation, décantation des intuitions/impulsions, qui conduisent à une simplification du trait, à une clarification, à un éclaircissement du message, de l’explication, des idées, ce verbe d’action - préfigurer - m’apparaît comme très juste pour désigner une part des tâches d’assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO).

Je l’ai fait apparaître dans un premier temps un peu spontanément auprès des maîtrises d’ouvrage et des maitrise d’œuvre partenaires, en réaction à la vague de l’urbanisme transitoire et autres tactiques, maquillant souvent l’absence, la carence de travail - car de visée, d’ambition - stratégique.

L’urbanisme n’est plus ; il est urbanisme quelque chose, flanqué désormais presque toujours d’un adjectif oscillant entre tautologie et contradiction dans l’indifférence presque générale.

La « fabrique de la ville » comme l’expression d’un positivisme béat entre conception et réalisation, m’apparaît l’exact contraire de la féconde création plurielle et permanente.

Pourquoi en est-on arrivé à devoir systématiquement affubler, flanquer le mot urbanisme - qui, comme d’autres termes, connait d’évidence des significations contextuelles diverses selon lieux et époques - d’un adjectif, produisant soit tautologie (l’urbanisme durable) soit antiphrase, (l’urbanisme transitoire) actant si parfaitement cette indifférence à la forme et au sens, prétendant affiner alors qu’il (em)brouille ! Les embrumés, ou embrouillés volontaires le sont car, tour à tour, client, vendeur et produit ; réellement virtuels ?

Pourquoi est-ce l’urbanisme et non pas l’aménagement, les aménagements qui est ou sont « devenu(s) » transitoire(s), sinon par ce phénomène de « trafic du sens » sur lequel, depuis toujours écrit si justement Annie Le Brun ?

La répétition de constats, l’usure des expressions comme sésame à une réflexion active n'est sans doute pas nouvelles. Elle est préoccupante, et en quelque sorte paradoxale, car chaque seconde un peu plus admise, tandis que chacun manipule des outils d’expression, de production, diffusion qui se superposent entre eux.

Dire pour être instantanément audible ? Quel contre-sens, si l’on consent à y songer un moment, pour soi-même comme pour autrui ! Penser, dire, exprimer, entraine un mouvement, un décalage, une mise en question, des hypothèses, des pérégrinations. Ou bien alors, qu’est-ce donc, sinon rien ?

En enfant, je crois, je crains, toute ma vie, je continuerai de poser des questions et à parler (un peu de travers) pour apprendre.

Comme si, travailler à dire le mieux possible ce que l’on entend faire le mieux possible pour être compris - condition indispensable pour laisser place à un débat, une réplique, une participation contradictoire possible et ainsi, au passage, opposer radicalement la démocratie et la démagogie, pouvait contribuer à organiser des tâches souvent disjointes sous le terme de préfigurations, comme manière d’impliquer, c’est-à-dire de constituer en acteurs, en interlocuteurs les différents participants.

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