Pourquoi ?

Pourquoi ?

C’est la question que nous avons abordée lors d’une soirée de discussions-débats avec des étudiants en écologie et en école de journalisme. Pour ce débat, la question est simple : pourquoi la presse s’est fait le relais en nombre ces derniers jours des résultats de l’étude BIODIVMED 2023 et du discours d’une Méditerranée qui se porte mieux ?

Jusqu’à présent, de façon majoritaire les messages sont essentiellement négatifs. Nous avons d’abord évoqué le contexte ambiant général dans lequel nous baignons. Il est pesant et parfois même très angoissant « Une bonne nouvelle, cela fait toujours du bien ». Mais pas que. Si l’information est reprise par de nombreux médias y compris à l’étranger, c’est parce « il faut en être pour ne pas être larguée par l’actualité de la concurrence ». D’ailleurs « vu le nombre de reprises de l’information, ce qui est raconté est forcément vrai » dixit les étudiants. Ah l’idylle du nombre. Une sorte d’effet boule de neige intéressante pour le débat, mais tout aussi inquiétante selon la nature et la véracité de l’information. « Il y a plusieurs organismes à avoir évoqué le sujet, c’est donc forcément vrai ». . Est-ce qu’avec moins de médias l’information transmise aurait été fausse ? Les réactions s’enchaînent. « Cela fait des années que certains disent que cela va mieux, ça finit par percoler ». « Vous dites que la santé de la Méditerranée s’est améliorée, mais aussi qu’il faut continuer à agir, car tout n’est pas acquis pour toujours. Du coup, cela contente tout le monde. Ceux qui voient la bouteille à moitié vide et ceux qui la voient à moitié pleine, une sorte de compromis ». Le fameux en même temps. « Avant, on n’avait pas vraiment de résultats. Maintenant, on en a. Du coup, on peut en parler ». « Dire que cela va mieux, c’est dire aux gens stop, il n’est plus nécessaire de faire des efforts. Il faut leur dire que cela ne va pas pour qu’ils s’intéressent au sujet ». Nous avons passé un peu de temps sur cette affirmation. Les avis sont partagés, voire clivants. Est-ce que faire peur est plus efficace que se féliciter des résultats acquis par le travail tout en soulignant qu’il faut poursuivre les efforts ? Vous avez certainement un avis. « Des années 80 où cela n’allait pas bien à maintenant où cela va mieux, c’est trop long. S’il faut autant de temps pour avoir des résultats votre génération n'a pas été bonne ! » Oups, un petit uppercut direct au menton. Je sors un peu de mon rôle d’animateur pour contribuer au débat. « Effectivement c’est long. Même trop long pour moi. Les sujets ne sont pas toujours faciles sur le plan technique, économique ou sociétal. Mais oui, il est probable que si on avait collectivement été meilleurs, cela aurait été beaucoup plus vite ». Un certain silence s’installe. Une sorte de malaise inter générationnel. Un face à face entre la fougue d’une jeunesse qui m'interroge par son regard un peu accusateur et le recul de quelques décennies à batailler pour faire bouger les lignes que nous avons hérité de la génération d'avant. OK. Il faut relancer la machine. « Il faut du temps pour avoir des résultats en écologie. Il faut avoir à l’esprit que ce n’est pas facile et que cela demande de l’investissement au quotidien. Seul le travail de moyen long terme apporte des résultats probants. Ce temps long n’est pas celui qui nous gouverne aujourd’hui. Nous sommes dans le temps de l’instantanée, de l’immédiat, des annonces qui se succèdent sans forcément de justifications et dont la prochaine qui n’est pas encore formulée a déjà chassé celle qui vient d’arriver. Il faut prendre le recul nécessaire pour comprendre les situations et apprécier les évolutions. Tout ce que nous ne faisons pas ou trop rarement ». Le débat est relancé, porté de façon plus significative par les étudiants en écologie. « Il nous faut aussi faire preuve de plus de pédagogie. Il faut nous assurer que l’information est appropriée et non pas seulement s'assurer de sa transmission. Il faut être présent sur la place publique et mieux communiquer pour lutter contre les fausses nouvelles. Il faut dire les choses et donner envie de faire plus, encore plus vite et encore mieux ». La soirée se termine sur ces propos mobilisateurs.

Croiser la vision de futurs professionnels de l’écologie et des médias, tous futurs acteurs de notre monde en évolution est toujours un moment plaisant et instructif. Certainement trop court, comme souvent. Un moment d’échanges et de réflexions peut-être constructif pour eux. Un moment utile pour moi.

À l’année prochaine et bel été.

valérie santini

Chargée de communication chez Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse

6 mois

presque un sujet de philo pour le bac :-)

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