Pourquoi voter Hamon, c’est voter utile
Tribune publiée en « Une » du Huffington Post le mardi 18 avril 2017
« Macron n’est pas de Gauche! ». Mais qu’est-ce qu’être de Gauche aujourd’hui ?
« Mélenchon, c’est la vraie Gauche! » Mais qu’est-ce que la vérité de la Gauche aujourd’hui?
Macron n’est pas de Gauche parce que c’est un candidat de la conservation du système, et donc de « l’adaptation » des individus au dit système. La force du capitalisme néolibéral, c’est de faire croire qu’il n’y a pas d’autre système qui ne reposerait pas sur l’absolue loi du marché et sa fameuse main invisible, partout, et pourtant nulle-part, puisque quotidiennement violée par ses meilleurs zélateurs, ceux qui nous la chantent, la clament, l’acclament pour mieux nous la claquer dans la gueule, tout en nous mangeant la laine sur le dos.
Macron va vous « adapter » au système, mais il n’est ni bête, ni méchant. Par les temps qui courent, c’est déjà çà, et on peut au moins espérer qu’il s’inscrive fortement dans le mouvement fédéraliste initié récemment par Angela Merkel et François Hollande, pour un nouvel élan européen à quelques-uns. Plus d’Europe à moins de pays pour mieux d’Europe, voilà la voie ouverte par l’Allemagne, l’Espagne la France et l’Italie, prêts à partager plus de souveraineté en matière fiscale, sociale, de défense, de culture, d’enseignement et de recherche. Vive François Hollande, ce Président à l’envers qui finit par faire quand il est sur le départ ce qu’il n’a pas su impulser à son arrivée. Finalement et contre toute attente, voilà qu’il nous laisse un héritage qui rentrera peut-être dans l’Histoire comme la première pierre de futurs Etats-Unis d’Europe.
Non, Mélenchon n’est pas la « vraie » Gauche », parce qu’il se moque du peuple qu’il prétend incarner avec son programme économique au parfum de 1981 qu’il nous sert aujourd’hui. Son lamentable copié-collé nostalgique voudrait nous faire croire qu’un programme économique conçu pour une économie fermée qui s’est fracassé en 1983 parce qu’appliqué à une économie entrouverte, serait efficace aujourd’hui dans une France à l’économie totalement ouverte! CQFD, logique, le Jean-Luc… Malheureusement, ce n’est pas parce que l’on pare ce programme du passé d’un nouveau Mantra de l’avenir, « la Transition écologique », que les lois fondamentales de l’économie, les leçons de l’Histoire et la dure réalité d’une souveraineté piétinée par la mondialisation en sont pour autant supprimées.
Et, toi pauvre électeur-trice de Gauche, que vas-tu faire de ton vote, alors que ton candidat désigné par la primaire se voit promettre une Bérézina électorale sans précédent? Vas-tu voter pour Emmanuel « Konservator », le beau gosse sympa qui va réduire à peau de chagrin les droits des salariés et qui demain t’expliquera que la meilleure façon de partager le travail, c’est de supprimer le salaire minimum garanti? Ou pour le bourru Méluche, notre « Archaos » au puissant chant de coq gaulois qui gonfle sa poitrine pour faire rempart à la mondialisation ultra-libérale? Nous aimerions rêver d’une souveraineté soudainement libérée de la mondialisation, mais nous savons tous qu’un coq n’impressionne que ses poules. Et il le leur fait payer cher à certaines de ses poules, le cinglant Mélenchon, ce « rassembleur » qui annonce froidement aux communistes qui lui ont pourtant donné les indispensables signatures nécessaires à sa candidature, qu’il va présenter des candidats contre leur poignée de députés sortants pour mieux les liquider! Mélenchon, ce grand défendeur de la liberté de la presse qui traite les journalistes comme des chiens et boycotte les médias de son électorat, France Inter, Médiapart ou Libération, pour ne citer qu’eux…
La question, c’est l’emploi, le problème, c’est la mondialisation, la solution, c’est l’Union qui fait la Force. Allemagne, Espagne, France, Italie, c’est un marché dont aucun acteur de taille mondiale ne peut se passer, aucune multinationale, banque, assurance, fond d’investissement, aucun Gafa (Google-Apple-Facebook-Amazon) , aucune puissance économique d’aucun continent ne peut être absent, car à seulement quatre pays, nous sommes quasiment le 2 ème PIB mondial, à égalité avec la Chine.
Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement notre présent d’européens et l’avenir de nos enfants, mais aussi le devenir de l’Humanité et de la Planète. Le capitalisme ouest-européen s’enracine dans une Histoire et des valeurs qui font de l’Humanisme son identité et de l’Ecologie son avenir. Nos quatre pays peuvent constituer un nouvel super-Etat doté d’une masse critique politico-économico-culturelle suffisante pour imposer à la mondialisation des règles du jeu en adéquation avec nos valeurs. Il n’y a pas deux gauches irréconciliables, seulement deux offres de gauches irréconciliables. Nuance. À nous de savoir créer une troisième offre politique de Gauche à la hauteur du défi qu’est la mondialisation, en mettant nos pas dans la voie ouverte par François Hollande à la fin de son mandat pour aller vers les Etats-Unis d’Europe.
Electrices et électeurs de Gauche, la vraie, celle qui ne se résigne pas à ce monde dominé par l’argent, sans pour autant verser dans une insoumission lyrique qui nie la réalité, il nous faut revenir aux fondamentaux. Nous n’élisons pas une Reine ou un Roi qui fera de nous ce qu’il voudra, mais un-e Président-e de la République dont le pouvoir dépendra de sa majorité à l’Assemblée Nationale. L’élection présidentielle se gagne sur un programme politique associé à une personnalité, les législatives sur la base d’un projet de mandature porté par des collectifs, alias les partis politiques.
Hier, face aux dangereuses illusions des Mélenchon de l’époque, Léon Blum décidait de « garder la vieille maison » autour de laquelle, seize ans plus tard, se bâtira le Front populaire avec toutes ses conquêtes sociales qui nous sont si chères et pourtant bien menacées par le néolibéralisme qui voudrait nous en priver. Aujourd’hui, la vieille maison brûle et il semble y avoir plus de pyromanes pour l’achever que de pompiers pour la sauver.
Au soir de son dernier grand Trafalgar électoral, la défaite aux législatives de 1993, la Gauche a su se reconstruire pour reconquérir le pouvoir quatre ans plus tard. Elle y est arrivée car elle a su préserver l’unité de la vieille maison, le seul cadre démocratique de la Gauche républicaine, le Parti Socialiste. Malgré toutes ses contradictions et revirements, vécu-e-s par certain-e-s comme autant de trahisons, le PS reste le bien commun de la Gauche de réalisme et de combat, celle qui veut réellement changer le monde, pas se pâmer devant la beauté de ses idées dans la jouissance narcissique malsaine d’hommes providentiels auto-proclamés.
Chacun-e d’entre nous détient un petit seau d’eau à même de sauver notre vieille maison. Plus nous serons nombreux-ses à l’utiliser, mieux nous saurons parer à la pire des éventualités, non pas Marine Le Pen à l’Elysée, mais une majorité parlementaire réactionnaire, ultra-conservatrice, liberticide, xénophobe, sexiste, homophobe à l’Assemblée Nationale. Ce petit seau d’eau s’appelle un bulletin de vote et porte le nom de Benoît Hamon. Plus nous serons nombreux-ses à l’utiliser à la mi-temps du match, la présidentielle, plus nous aurons de chance de l’emporter au coup de sifflet final, les législatives.
Malik Lounès, Président de LOLitik, rédacteur du blog de la Bise
Sur le thème de l’Europe et la présidentielle, cliquez pour retrouver sur Youtube mon passage aux « Z’informé » de Beur FM : Présidentielle, mondialisation, Europe
Founder & Chairman
7 ansVoter Hamon, ce serait voter utile ? Mais utile pour qui ? Pour Mélanchon ? Pour Le Pen ? Ou utile pour achever l'éclatement du PS ? En fait, voter utile pour Hamon, c'est ne pas voter pour Macron... Petit il est, Hamon, petit il restera dans l'histoire de la gauche.
Vivre ensemble entre les croyants de toutes confessions et les non-croyants
7 ansJe suis bien d accord !!!