Présidentielles 2022 : Des idées pour voter
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C'est décidé : je vais tenir un "carnet de campagne" très régulièrement sur ma page LinkedIn et Facebook en préparation du rendez-vous d'avril 2022 que le pays a pris avec lui-même. Ceux qui me connaissent en tant que sculpteur seront peut-être surpris. Ceux qui me connaissent mieux, ne le seront pas. Il me semble en effet normal d'entrer dans le débat public que doit logiquement, naturellement et légitimement susciter un tel rendez-vous électoral. Ce sera ma petite contribution.
Bonne lecture.
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Un grand historien du droit, Rudolf von Ihering, a écrit : « Une nation qui s’isole, non seulement commet un crime contre elle-même, […] mais elle se rend coupable d’une injustice envers les autres peuples. L’isolement est le crime capital des peuples, car la loi suprême de l’Histoire est la communauté. »*
Nous sommes alors en plein XIXe siècle, un siècle qui vit la montée de la pensée nationale partout en Europe.
Cette phrase peut surprendre.
Du coup, est-elle juste ? Interrogeons les faits.
Ces dernières années, un certain nombre de grandes initiatives politiques ont fait du nationalisme ou de la pensée nationale leur cheval de bataille.
Pour quels résultats ?
Il semble raisonnable d’observer qu’elles se sont condamnées, les unes après les autres, aux échecs les plus cuisants.
On ne reviendra pas sur le National-socialisme du petit peintre viennois qui s’est terminé dans la catastrophe que l’on sait.
Mais retenons le nationalisme exacerbé d’un Trump qui devait rendre l’Amérique à nouveau grande et dont le mandat s’est soldé par un calamiteux coup d’Etat avorté, un retrait piteux d’Afghanistan, auquel sont venus s’ajouter des déficits commerciaux creusés à des niveaux jamais vus ; exactement l’inverse de ce qui avait été promis.
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Retenons Viktor Orban qui devait nous faire voir ce que nous allions voir : il décida de ne pas suivre la politique sanitaire de l’Union européenne en achetant seul contre tous le vaccin russe. Son pays affiche le pire bilan d’Europe face à l’épidémie de Coronavirus avec plus de 3086 morts par million (près du double du bilan épidémique français – Source : Le monde, au 26/9/21) ;
Retenons encore le Brexit qui vantait les mérites d’un Global Britain en claquant la porte au nez des Européens et dont les étagères des supermarchés et les pompes des stations-services semblent se vider mystérieusement. Toutes les analyses convergent : c’est la disparition de la main-d’œuvre venue de feue l’Union européenne qui cause ces pénuries…
C’est à croire que l’arroseur finit systématiquement les pieds dans l’eau.
Ihering semble avoir raison : toutes ces politiques véreuses qui cèdent à la tentation de l’isolement se muent systématiquement en drame contre leurs peuples car, nous dit l’historien, elles tournent de fait le dos à la loi suprême de l’Histoire : les peuples du monde forment une communauté. On ne tourne rarement le dos aux "lois du monde" sans en subir les contrecoups.
C’est de l’avoir compris et accepté que certains peuples d’Europe continentale ont embrassé en 1957 l’idée d’une Communauté économique européenne qui allait devenir le cadre politique et juridique de leur avenir commun.
Résultat ?
Quelle que soit la relation de causalité que l’on peut établir entre la signature d’un tel traité et la suite des événements, il est impossible de ne pas constater que cette « communauté » leur a permis de jouir de rien moins que 75 années de paix et d’une prospérité sans précédent. Une double bénédiction qui ne s’était jamais produite en 1700 ans.
ça ce sont les faits.
Au cours de la campagne qui s’annonce, nous allons beaucoup entendre parler de « nation », de « nationalisme », de « pensée nationale ». Et de bien d’autres choses encore puisées dans ce tonneau-là.
Au moment de voter, il ne sera pas inutile de se souvenir des propos du grand juriste.
P. Masi - -- 1/n
*Cité par l’historien Louis Rougier dans "Le génie de l’occident", p. 78)