Pro Bono : Un effet de mode ou l’occasion d’un engagement personnel plus fondamental ?
Cette semaine s’ouvre la 53ème édition du Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace (Paris – Le Bourget). Vous verrez donc sur LinkedIn de très nombreuses publications sur les avions, les hélicoptères et bien d’autres innovations volantes ou aidant à voler… C’est une actualité passionnante mais j’ai décidé de vous proposer une lecture un peu différente.
Pro bono, c’est l'abréviation de l’expression latine pro bono publico, signifiant « pour le bien public ». Le pro bono désigne l'engagement de volontaires qui s'impliquent dans des initiatives d'intérêt général, à titre gracieux. Il s’agit d’une tradition qui remonterait à l’Europe antique et médiévale ! Le pro bono est surtout connu dans le monde des professionnels du droit. Ce sont des avocats d’affaires anglo-saxons qui en ont été de fervents promoteurs. Les fidèles de la série Suits entendent souvent Gabriel Macht – qui tient le rôle-titre d’Harvey Specter, avocat associé aux dents particulièrement longues – mettre en avant les dossiers pro bono pris en charge par son cabinet.
A l’origine, une « bonne action » pour donner « bonne conscience »
Il est intéressant d’observer que c’est dans le droit des affaires, théâtre des travers les plus violents de l’économie de marché, qu’est née cette pratique à dimension humaniste et qui connait à présent un certain essor. Ce type d’approche se répand dans d’autres professions telles que le marketing et la communication, la stratégie, l’informatique et les ressources humaines notamment. Le pro bono recouvre plus généralement les pratiques de mécénat de compétences et de bénévolat d’entreprise. De fait, le pro bono se marie plutôt bien avec la Responsabilité Sociale des Entreprises. D’ailleurs, depuis quelques années, les Trophées du Pro Bono[1] valorisent les actions engagées pour des causes telles que l’accès au droit, mais aussi à la culture, la protection des droits de l’Homme, l’insertion et le soutien des plus exclus, ou encore la protection de l’environnement.
La mise en place de programmes Pro Bono au sein d’une entreprise, généralement dans le cadre de sa fondation, lui permet de valoriser son image vis-à-vis de ses clients. Elle est aussi de nature à attirer des collaborateurs soucieux de travailler dans le respect de certaines valeurs – tout particulièrement quand ces derniers appartiennent aux plus jeunes générations. C’est ainsi une démarche fructueuse pour l’employeur, car les collaborateurs sont alors plus productifs dans leur travail, tout en lui restant plus fidèles.
Depuis quelques années, des réussites riches de sens
Parmi quelques bons exemples mis en exergue à l’occasion de la Pro Bono Week[2], une trentaine de collaborateurs de Thales se sont ainsi mobilisés en Inde, en Afrique du Sud et en France pour un « marathon Pro Bono » organisé par la fondation du groupe. En quatre jours, ces volontaires de tous âges ont mis leurs compétences en communication, marketing, ressources humaines, juridique et finance, au service de neuf associations.
La fondation Thales se concentre sur deux thématiques : l’éducation, à travers l’enseignement des sciences et l’innovation pédagogique ; et le soutien aux professionnels de l’urgence humanitaire, en favorisant la prévention des risques de catastrophes naturelles et environnementales et la préparation à l’intervention. Ces thèmes correspondent à la culture de Thales, celle d’une entreprise de chercheurs, d’ingénieurs, de techniciens et de passionnés de technologie pour qui l’éducation et l’intelligence collective sont des leviers essentiels pour améliorer le monde autour d’eux.
Autre exemple significatif, le « Marathon pour l’emploi », porté par l’association Pro Bono Lab et Accenture, en faveur des associations œuvrant dans le champ de l’insertion professionnelle. Cet action a donné l’occasion pour celles-ci de bénéficier de conseils d’équipes mixtes composées de consultants d’Accenture, de demandeurs d’emploi, et même de professionnels d’entreprises clientes du cabinet de conseil.
Celles et ceux qui ne se satisferaient pas des seules initiatives de leur employeur peuvent toujours donner de leur personne en proposant leurs services à une association. Pro Bono Lab, entre autres, propose de nombreuses opportunités, ouvertes aussi aux jeunes retraités.
A la recherche d’une résonance personnelle plus forte
Au final, le partage de compétences avec des personnes qui en sont privées peut bénéficier soit à un individu défavorisé, soit à des organisations d’intérêt général, comme des associations ou des ONG. Informatique, gestion, marketing, ingénierie… les occasions d’aider ne manquent donc pas. Les entreprises prêtes à leur prêter main forte non plus. Elles sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser au pro Bono, dont elles ont compris l’impact positif en termes de performance et de motivation.
Pour ma part, je vous invite à vous engager, quelle qu’en soit la forme. Pour un ancien fonctionnaire qui a pu alimenter en son temps la complexité administrative, dans un rôle d’écrivain public (rédiger des courriers, aider aux déclarations de revenus, accomplir des démarches). Pour un manager ou un collaborateur chevronné, arrivé à l’automne de sa carrière, passer du temps avec les plus jeunes, faire du mentoring, transmettre. Pour l’ancien élève d’une grande école ou d’une université, donner des conseils de carrières, encadrer des travaux de recherche, aider à préparer des concours… Le champ des possibles est immense. Il permet de retourner au contact de cette notion de gratuité que la vie en entreprise – rythmée par le compte de résultats – peut nous faire oublier.
Et ce don de soi est certainement encore plus gratifiant quand il se fait sans aucune publicité.
[1] Créé en 2012 par l’Ordre des avocats de Paris
[2] Tiré de l’article d’Elisabeth TORRES, Manager Attitude (septembre 2017)
Vice-Président, Thales
5 ansChers contacts, avez vous des expériences d'actions pro bono à partager ?