Projection

J'écris rarement, commente parfois et aujourd'hui je souhaiterais connaître vos réactions à l'anecdote suivante:

J'étais tranquillement en train de tenter de me concentrer sur un apprentissage de l'IA générative et la science des prompts, quand un collègue "discret" autant que cela se peut dans un OpenSpace demandait en visio à un "candidat" ce qu'il se voyait faire dans 10 ans ...

Sur le moment j'ai trouvé la question, ma foi, légitime, tant il est fondé de souhaiter s'engager avec une personne qui a "réfléchi » et qui a une vision de son devenir. Puis alors que je rentrais gentiment imbriqué dans un RER blindé, je me suis demandé ce que moi en 2014, j’aurais répondu à cette question ?

Je me suis interrogé sur la tête qu’aurait fait mon interlocuteur si je lui avais dit : « Dans 10 ans je serai un « prompt ingineer », spécilaiste des GPT en incidentologie »

Le monde technologique a tellement changé, personne ne parlait d’usage de GenAI il y a 10 ans.

Mais il y a pire, il y a 10 ans le réchauffement climatique était « loin », aujourd’hui nous sommes dedans, dans 10 ans où en sera le monde ?

Est-il encore pertinent de poser cette question alors que notre modèle de société montre tous les instants ses limites ?

Quelle réponse sommes-nous prêts à entendre ?

Acceptons-nous que l’on nous réponde : « Je ne sais pas,

-       le monde s’effondre, le modèle productiviste en vigueur depuis 150 ans est à bout de souffle et a mis la planète à genoux,

-       - nous allons peut-être prendre une bombe atomique sur la tête parce qu’une poignée de « va-t’en guerre » font des concours de pissotière,

-       il est annoncé que les océans contiendront moins de poissons que de plastiques en 2050,

-       que les terres sont tellement empoisonnées que déverser des milliards de litres de Monsanto ne suffit plus à obtenir des rendements agricoles décents,

alors dans 10 ans, la seule chose que j’espère c’est que la société dans laquelle je vivrai aura soldé positivement ces « détails »

Acceptons-nous que nos enfants, jeunes adultes, nous répondent que dans 10 ans ils espèrent qu’ils n’auront pas à se battre pour boire un peu d’eau non contaminée, manger à leur faim autre chose que des grillons et des phtalates et être encore capable de penser sans électrodes implantées dans le cortex préfrontal directement reliées à des calculateurs quantiques ?

Sommes-nous prêts à reconnaitre que la consommation à tout va n’est pas la solution, que les meilleurs des meilleurs peuvent avoir d’autres ambitions que de l’X, les Mines ou HEC voire Sciences-Pô ?

Bien sur le propos est provocateur, un tantinet pessimiste mais en votre for intérieur, comment vous voyez-vous dans 10 ans ?