Propos sur l'éducation. Mhamed Hassine Fantar (1)
Je me hasarde là sur un terrain plein d’embûches. Peut-être faut-il me conformer à la devise de Platon : nul n’entre ici s’il n’est géomètre ! J’y souscris volontiers. Mais il y a la tentation du risque, ce que les Grecs appellent « le beau risque, Καλὸς γὰρ ὁ κίνδυνος », selon l’expression que Platon a utilisée dans le Phédon. C’est un véritable péché originel : Adam et Eve succombèrent à cette noble tentation. L’homme ne saurait y échapper : le désir de connaître et de savoir fait partie de son argile. En dépit de Zeus, l’homme se fait prométhéen. Il souffre mais continue d’agir pour connaître et savoir. Mes propos risquent de vous paraître simplistes. Vous n’auriez pas tort. Il ne s’agit pas d’une théorie de la connaissance et du savoir que j’entreprends de vous soumettre. Je ne m’en crois pas habilité. Mais l’occasion m’a insufflé l’audace, voire la témérité de vous proposer quelques réflexions suivies d'interrogations , tout en reconnaissant d'ailleurs ma qualité d’intrus dans cet univers philosophique de Platon, d’Aristote, d’Averroès, de Maimonide, de saint Thomas d’Aquin, auxquels s’ajoutent Spinoza, Erasme, Pascal, Montaigne, Kant, Hegel, Scheler et, plus près de nous, Michel Foucault, Jacques Derrida et d'autres. J’adopte la très nette distinction entre la connaissance et le savoir sans pour autant méconnaître leurs rapports dialectiques : entre ces deux faits, il y a une véritable osmose.
Le rôle de l’homme, qui requiert la connaissance consiste à augmenter la masse de ses découvertes. C’est ainsi, écrit Diderot, "qu’on mérite le nom d’inventeur ". Mais l’homme qui cherche à savoir ou à acquérir la science, s’évertue toujours, selon Diderot, « à rapprocher les découvertes et à les ordonner entre elles» afin d'en saisir les relations organiques, les mécanismes et d'éclairer les angles obscurs de l’univers.