Public Vs Privé ou Hybride : Le Cloud est sensible à l’usage…que l'on en fait
Quand on parle de Cloud, qu’il s’agisse de Cloud public ou privé, l’utilisation des ressources est la clé. Pour les Cloud privés, les ressources sont en général achetées en volume et plus ou moins bien gérées avec des outils de capacity planning. Le Cloud public ne requiert pas autant de planification de capacité que le Cloud privé, mais il n’en demeure pas moins sensible aux facteurs d’utilisation. En effet, si 10 instances sont réservées (RIs) à un coût de 100 €, mais que seules 5 de ces instances sont utilisées, alors le coût unitaire de chaque instance sera de 20€. Et chaque instance réservée mais non utilisée coûtera donc le double.
En fait, les Clouds privés, opérés et managés par les entreprises peuvent s’avérer moins chers que le Cloud public. Le prix à battre est de 25 dollars/VM/mois à 100% d’utilisation. Mais si les entreprises ne parviennent pas à obtenir un rendement de travail de 300 VMs /ingénieur, elles auront peu de chance d’êtres plus compétitives qu’elles ne l’auraient été avec un Cloud public.
Pour battre ce ratio, les entreprises doivent déterminer leurs facteurs d’utilisation du Cloud privé et surtout les forces et faiblesses de leurs ressources humaines pour le gérer.
Ainsi, pour déterminer la valeur d’un Cloud privé vs Cloud public ou hybride, on peut se référer à 3 systèmes d’évaluation.
- La valeur du coût direct : c'est-à-dire la capacité à réduire les coûts unitaires via l’utilisation du service.
- La valeur de travail (ou l’efficience) c’est à dire la réduction des efforts de gestion humaine via l’utilisation du service permettant de réduire le coût total des dépenses d’exploitation (OPEX)
- La valeur de revenus ou la capacité à améliorer son CA grâce à l’utilisation du service
Si l’on ne s’attache qu’à la valeur de revenu (3), les Clouds privés et publics sont pareillement sensibles aux facteurs d’utilisation. Le Cloud public offre cependant une indéniable adaptabilité aux pics de charge, pour le déploiement rapide d’instances (VM), sans nécessité de ressources humaines dédiées.
Les faibles coûts associés à la flexibilité du Cloud public font leurs preuves dès lors que l’on peut utiliser des stacks hybrides offrant une capacité dédiée en privé et la possibilité d’exploiter le Cloud public pour des charges spécifiques.
Toujours fonction de cette valeur de revenu (3), les Clouds hybrides sont susceptibles de dégager le plus de rentabilité à moyen long terme, pour peu que l’on s’engage sur du développement et de la différentiation de services. Les modèles Build -Operate -Transfer- des fournisseurs open source trouvent leurs légitimités dès lors qu’il s’agit implémenter, de sécuriser et/ou d’opérer des Cloud privés, avec la possibilité pour le client quand il le souhaite de reprendre la main sur son infrastructure pour de nouveaux développements.
Le tableau ci-contre montre les avantages du Cloud Public vs Cloud Privé en fonction du nombre de VM gérés par les ingénieurs et du taux effectif d’utilisation des VM. Le bloc en blanc détermine le seuil de rentabilité. Ainsi, un Cloud privé utilisé à un taux important (±90%) et très bien géré (~250 VM/ingénieur) permet de réduire les coûts unitaires de chaque ressources.
Ci-contre un cas d’étude entre Cloud public et Cloud privé, en fonction des coûts de VM et de l’efficience du travail. Avec un coût de 20$/VM et une efficience de travail de 500 :1, le TCO sera meilleur sur un Cloud privé. Mais si les coûts de VM sont supérieurs à $30, et ce pour une efficience allant jusqu’à 1000 :1, le TCO du Cloud public sera imbattable.
De l’importance d’analyser l’efficience du travail dans le choix d’une infrastructure de Cloud
Si, par exemple, les plateformes Cloud open source sont moins coûteuses à déployer (±14€/VM/mois) que les systèmes Cloud propriétaires (±22 €/VM/mois), elles sont en revanche plus difficiles à manager (1 ingénieur pour 250 machines, contre 1 ingénieur pour 500 machines en propriétaire). L’efficience est donc plus coûteuse que pour un Cloud propriétaire. Par ailleurs, même avec une efficience de 300 :1, le Cloud public demeure plus rentable.
La question n’est donc pas tant de savoir s’il l’on doit choisir entre Cloud public, privé ou hybride, mais bien de comparer les modèles tarifaires des CSPs, incluant les variables de négociation, de remises calculées sur le volume (utilisation du volume de stockage), sur les licences, voire sur les instances utilisées… et de bien y intégrer les coûts de gestion humains des Clouds et leurs valeurs d’efficience.