Quand la bourse aime se faire peur
Quand l'investisseur prend peur

Quand la bourse aime se faire peur

Retour à la case départ pour les indices mondiaux ? Le Dow Jones est à nouveau perdant en 2023, le CAC 40 affiche une performance depuis janvier inférieure à 10% et est renvoyé sous les 7 000 points. La moindre mauvaises nouvelles est durement sanctionnée par les investisseurs. Les marchés semblent parfois être bien peu cohérents, en pleine bourrasque. Pourtant cette fébrilité se mesure très bien.

Un monde d’indicateurs

En bourse, comme dans la vie courante, on cherche à décrypter et surtout à prévoir de quoi demain sera fait. Parmi tous les indicateurs dont nous sommes inondés quotidiennement – indices manufacturiers, indice PMI, indice de confiance des ménages, indice de confiance des entreprises, etc. – quelques-uns traduisent l’anxiété des acteurs sur le marché.

Le sentiment des investisseurs s’échelonne d’un état très anxieux à un état d’euphorie. Depuis plusieurs mois les marchés sont anxieux, et les indicateurs qui permettent de connaître leur état de fébrilité sont cités à tour de bras un peu partout. Les investisseurs en crypto en sont friands, d’autant plus que ce type d’actifs n’est pas le sujet d’analyses fondamentales.

VIX et versa ?

Le plus connu est le VIX. Cet indice mesure la volatilité des marchés, et par extension il nous renseigne sur le sentiment d’anxiété des acteurs : plus la volatilité est élevée, plus le VIX est haut, et plus les acteurs sont anxieux, d’où son surnom d’indice de la peur. On peut superposer la courbe du VIX sur la courbe et l’évolution des principaux indices, notamment le S&P 500. À proprement dit le VIX ne mesure pas la volatilité des cours des actions qui composent l’indice Standard & Poor's 500, mais fait la moyenne de la volatilité des options sur actions (put et call) ; les options sont des prises de risque sur des prix à venir. Plus l’avenir semble incertain plus le prix d’un put (option de vente) ou d’un call (option d’achat) est élevé. C’est cette volatilité qu’on mesure pour fournir le VIX. Un sentiment d’euphorie fait baisser le VIX. Un VIX au tapis serait bon signe.

Quand le VIX s’approche ou dépasse les 40 points, c’est le signe d’une panique dans les bourses mondiales. Actuellement le VIX (au 5 octobre 2023) est à 18, quand les Russes ont passé la frontière ukrainienne il était à 35. Au début de l’année il était à 22… Lors du premier confinement, et donc de l’arrêt total de l’économie mondial, il était de 66. En 2008, lors de la crise des subprimes il était à près de 60. Il a dépassé les 100 une seule fois dans son histoire, lors du krach de 1987 où il avait frôlé les 150 points…


 Fear and greed

Voilà un index dont le nom est assez transparent : le Fear and Greed de CNN Business. Cet index mesure l’état d’anxiété des investisseurs, pas besoin d’attendre de connaître le niveau de confiance des entreprises ou le climat des affaires de tel ou tel pays qui sont communiqués que tous les mois. Avec cet index vous disposez d’une mesure quotidienne ou hebdomadaire du niveau de peur (fear) ou d’avidité (greed) des investisseurs. Son mode de calcul est plus complexe que le VIX. Les éléments pris en compte sont par exemple le volume d’actions échangées à la bourse de New York (Stock Price Bredth), le market momentum, c’est-à-dire la moyenne mobile à 125 jours du S&P 500, la demande en junk bond, c’est-à-dire des obligations de mauvaise qualité et donc présentant un rendement plus élevé, et a contrario la demande en safe haven des actifs moins risqués (refuge), la force des actions cotées (Stock Price Strength) qui se mesure par la part des actions ayant atteint leurs plus hauts au cours des 52 dernières semaines, la différence entre les put (option de vente) et les call (option d’achat) et enfin le VIX, qui lui aussi est pris en compte.


"La bourse a peur" aurait pu dire Roger Gicquel

Pourquoi suivre ces indices?

“Be Fearful When Others Are Greedy and Greedy When Others Are Fearful” nous dit Warren Buffett. Voilà la réponse traditionnellement donnée à cette question en oubliant que le sage d’Omaha est un investisseur long term. On aurait tendance à suivre ces indices pour trouver les meilleurs moments pour investir ou pour vendre. Il y a quelques années, un ancien broker me disait « Si tu vois le VIX à 40 tu vends, s’il passe en dessous tu achètes… ou bien est-ce l’inverse ? En tout cas sache qu’autour de ce point, il se passe quelque chose ». Même si on ne souhaite pas investir, ces indices nous sont utiles pour comprendre la tendance du moment, à un instant précis, mais difficile d’en tirer des analyses solides.

L’importance qu’ont pris ces indicateurs pour les investisseurs relève davantage d’un besoin de prédire l’avenir plutôt que de comprendre ce qui se passe. N’oublions pas la différence entre économie et finance : la première étudie le rapport des acteurs avec les marchandises, la seconde celui des individus avec le temps. Un actif financier, comme une action, est un droit sur des revenus à venir, d’où l’importance prise par tout ce qui permet ou permettrait de connaitre l’avenir : VIX, Fear and Greed ou encore le pendule…

 

Tristan LAZUECH

Directeur Adjoint de la Banque Privée chez Caisse d'Epargne Ile-de-France

1 ans

Quand les taux augmentent les actions baissent !! C’est la toute première fois, ces 2 dernières semaines, que je peux matériellement observer ce que j’ai appris sur les bancs de l’école il y a 15 ans !!! 😂😂😂

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