Quel roman que la banque
Qui dit été dit vacances, et qui dit vacances dit lecture. Mais quel livre glisser dans votre sac en osier pour aller à la plage ? Vous pouvez toujours prendre le dernier Goncourt, mais un roman qui s’intitule L’Anomalie n’est peut-être pas très engageant.
Nombreux sont les auteurs à avoir puisé dans la finance leur inspiration. Il n’y a pas que les pâquerette et l’amour dans la vie.
Certains écrivains étaient aussi des investisseurs, voire des investisseurs chevronnés, avec plus ou moins de succès, comme Mark Twain qui fut l’un des premiers à croire en une drôle de machine : la machine à écrire, affaire dans laquelle Henry Irving et Bram Stocker ont laissé quelques sous. À défaut d’investissements rentables, Mark Twain nous a laissé quelques aphorismes sur la bourse. Le fameux « Octobre est un mois particulièrement dangereux pour spéculer en bourse. Mais il y en a d’autres : juillet, janvier, septembre, avril, novembre, mai, mars, juin, décembre, août et février. » est de lui.
Jack London est autant connu pour ses écrits que pour avoir investi et développé une ferme expérimentale. Selon une légende, Tom Sawyer passe pour être le premier roman écrit sur une machine à écrire.
Quand Balzac se demande ce que vous avez dans les poches
Comment ne pas penser à Balzac quand on pense à la banque ? Il faut dire que le père de la comédie humaine courait après l’argent, à défaut d’avoir été un bon investisseur. Il aura misé sur des mines en Sardaigne, fait pousser des ananas pas loin de Paris, misé sur des imprimeries sans succès. Mais il nous a laissé quelques œuvres magistrales à qui veut comprendre la finance à cette époque charnière qu’est le règne de Louis-Philippe.
Si l’argent tapisse les pages de son œuvre, on pense tout d’abord à La Maison Nucingen, qui raconte l’histoire et l’ascension d’une banque, celle du baron Nucingen. Balzac s’est en partie inspiré de la banque Rothschild, connue à cette époque pour avoir réussi à spéculer avant et après la bataille de Waterloo et avoir lancé ainsi sa légende. Toujours chez Balzac, on pourra se plonger dans César Birotteau, parfumeur inspiré de Bully (vous trouverez la boutique éponyme rue Bonaparte). César Birotteau c’est une histoire d’ambition, d’argent et de spéculation sous la Restauration.
Zola, une plume trempée dans la spéculation boursière
Zola, c’est La Bête humaine, Zola c’est Nana, comme Flaubert était Bovary. Avant Internet, la bourse prenait vie autour d’une corbeille. Mais chez Zola, la corbeille est un vrai panier de crabes. Dans L’Argent, l’auteur des Rougon-Macquart nous entraine dans la spéculation pure avec Saccard qui joue sur le cours de ses propres actions. Zola écrit son livre au lendemain du scandale du canal de Panama qui faillit bien emporter la IIIe République. Zola, carnet en main, nous conduit dans le Paris d’alors, première place boursière d’Europe.
Tom Wolfe, quand les maitres de l’univers tombent de haut
L’argent rend les gens différents, certains pensent être au-dessus de la mêlée, d’autres se croient les maitres de l’univers. Dans Le Bûcher des vanités, le dandy vêtu de blanc de Manhattan nous raconte la chute de Sherman McCoy, trader de Wall Street qui se croyait au-dessus de tout jusqu’au jour où il renverse un jeune Noir du Bronx. Tout ce qui va de travers aux États-Unis est dans ce roman.
Quand on vous dit que tout est vanité. Ce titre est un vrai clin d’œil à La Foire aux vanités de Thackeray…
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Jordan Belfort, quand l’argent rend fou
Vous connaissez Le Loup de Wallstreet. Avant de voir Léonardo DiCaprio amasser les millions sur grand écran, il y avait un livre. Est-ce un grand livre ? C’est déjà un gros pavé qui peut faire son impression sur la plage, ou servir d’arme de jet contre les mouettes en Bretagne. Une grande partie des bénéfices de ce livre permet d’alimenter un fonds pour rembourser les victimes de Jordan Belfort. Il faut dire qu’après une vie de financier peu scrupuleux, il en a laissé des victimes sur le bas-côté de la route, le Jordan. L’occasion de se plonger dans un monde révolu. Vraiment révolu ?
Balzac, Honoré de, La Maison Nucingen, Paris, 1838.
Balzac, Honoré de, César Birotteau, Paris, 1839.
Zola, Emile, L’argent, Paris, 1891.
Wolfe, Tom, The Bonfire of the Vanities, New York, 1987
Belfort, Jordan, The Wolf of Wall Street, New York, 2007
Tous ces titres se trouvent aisément en poche notamment chez Gallimard pour Balzac et Zola. Le bûcher des vanités est édité en France au Livre de Poche, (Hachette) tout comme Le loup de Wall Street.
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Honoré de Balzac (1799-1850), portrait par Louis Boulanger
Edgar Degas, portrait à la bourse, musée d'Orsay, Paris
Tom Wolfe en 1966 par Jack Rubinson
Paramount Pictures, Leonardo DiCaprio dans The Wolf of Wall Street