Quand la mort goûte à la saveur de la vie !
Illustration Violeta Lopiz

Quand la mort goûte à la saveur de la vie !

C’est une histoire savoureuse, une histoire que j’ai goûtée la première fois avec délectation et à laquelle je reviens avec la même ferveur parce que je sais qu’en ouvrant ce très bel album, j’y retrouverai ce goût inimitable de gâteaux qui ont marqué mon enfance comme celui des brioches de Noël confectionnées par la vieille femme « qui avait renoncé à faire le compte de ses années ». Un goût pétri par mes souvenirs d’enfant qui n’ont eu de cesse d’exister tout au long de ces années de vie et que je garde précieusement en moi comme le plus merveilleux des talismans.

Y repenser, c’est avoir avec la certitude d’entrer à chaque fois dans une longue méditation, sur le temps, la vie et la mort.

Lire ce livre, c’est faire l’apprentissage de cette mort inhérente à la vie même, c’est côtoyer cette dame à qui je pense tous les jours depuis que je suis petite, à l’époque où je dégustais les fameux gâteaux de Savoie d’une boulangère, en fait, pas si ordinaire ;  c’est oser la regarder et dialoguer avec elle. C’est ainsi. La mort s’invite à moi comme dans ce livre. Elle s’invite. Je ne l’évite pas, elle fait partie de moi, de ma vie depuis que je suis née, et me voit très occupée. Aussi, me laisse-t-elle vaquer à mes multiples activités. Il faut dire que je lui promets de parler d’elle régulièrement, et c’est ce que je fais en ce moment. Et comme elle a un bel ego, j’en profite pour distiller mes ribambelles de mots pour mieux la tenir à distance tout en parlant de sa perpétuelle présence.

Comment aurais-je pu passer à côté de cette petite vieille qui m’a tout de suite entraînée dans sa spirale de brioches avec tant de délicatesse, et invite la mort à goûter à sa recette à chaque étape de sa confection pour en retarder l’échéance ?

Poser son regard sur la couverture, c’est déjà entrer dans une forme de méditation. La petite vieille ferme les yeux avec douceur et profondeur comme pour nous convier à mesurer ce que son geste a de sacré. Oui, ces petites brioches cuisinées avec amour sont autant de délices que de messages de vie laissés à ceux qui connaîtront le bonheur de les goûter, d’en garder un souvenir impérissable, et de prolonger cette merveilleuse histoire en en confectionnant à leur tour. La plus belle des histoires d’amour.

« La vieille dame et les brioches d’or »  / Editions Cambourakis.

Annamaria Gozzi et Violeta Lopiz  forment un merveilleux tandem. Dessins et textes se marient avec profondeur et finesse.

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