Quand l’atome s’invite au pays de l’or noir
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Quand l’atome s’invite au pays de l’or noir

Cet article a été publié dans la Revue Générale Nucléaire de Mars - Avril 2020

Pourtant riche en hydrocarbures, les Émirats arabes unis (EAU) vont devenir le premier pays du monde arabe à se doter d’une centrale nucléaire avec le double objectif de la sécurité d’approvisionnement et du respect des engagements climatiques. La filière française sera au rendez-vous pour accompagner l’exploitant émirati dans la maintenance de ses quatre réacteurs de troisième génération.

Située dans le nord-ouest du pays à environ 250 km d’Abou Dhabi, la capitale, la centrale nucléaire de Barakah a été construite par un consortium coréen pour un coût estimé à 24,4 milliards de dollars. Elle accueillera quatre unités de type APR1400, pour une puissance totale de 5 600 MWe et une production électrique équivalente à 25 % des besoins du pays.

Le 17 février 2020, l’Autorité fédérale de régulation nucléaire des EAU a approuvé la délivrance de la licence d’exploitation du réacteur 1. Début mars, le chargement des 241 assemblages de combustible a été effectué avec succès. La montée en puissance électrique va maintenant s’opérer pour un couplage au réseau dans le courant de l’année 2020.

Un besoin vital de diversification

Quatrième producteur parmi les pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), riches également en gaz naturel, les Émirats ont pourtant décidé de diversifier leur mix énergétique [1] pour ne plus dépendre des énergies fossiles. En effet, ce pays du Golfe, à l’instar de ses voisins, cherche à anticiper l’après-pétrole sur fond de tensions géopolitiques et de crise du baril de brut, notamment provoquée par la puissante production nord-américaine de pétrole de schiste. Le pays fait également face à une forte hausse de la demande en électricité (+50 % entre 2013 et 2020) liée à l’amélioration constante du niveau de vie de ses 9,3 millions d’habitants.

De plus, alors que les Émirats accueilleront, à Dubaï, la prochaine Exposition universelle dédiée au développement durable, à partir d’octobre 2020, la fédération se classe encore à la huitième place des pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre par habitant. Face à cette situation, le Premier ministre, Cheikh Mohammed ben Rachid al-Maktoum, a annoncé en 2017 son intention d’investir 163 milliards de dollars dans la diversification énergétique du pays et plus particulièrement dans les énergies solaire, hydraulique et nucléaire.

La centrale nucléaire de Barakah, dont le projet avait été lancé en 2009, rentre dans cette stratégie globale de transition énergétique.

Le partenariat franco-émirati

Le 21 novembre 2018, EDF et Nawah Energy Company, filiale de l’Emirates Nuclear Energy Corporation, ont signé un accord-cadre par lequel EDF fournira une gamme de services dans l’exploitation et l’entretien de la centrale de Barakah dans des domaines variés allant de la sûreté nucléaire à la gestion des déchets radioactifs, en passant par le management.

À titre d’exemple, EDF assurera, auprès des futurs opérateurs de la centrale, une formation sur les bonnes pratiques de sûreté fondée sur les recommandations de la World Association of Nuclear Operators (WANO). Cette formation sera suivie d’une période d’immersion des stagiaires émiratis dans une centrale nucléaire au Royaume-Uni, puis de sessions de formation aux Émirats.

Dans leur transition vers un futur bas carbone, les Émirats pourront donc compter sur le savoir et l’expérience du premier exploitant de centrales nucléaires au monde.


  1. Un mix énergétique, en 2017, composé pour 85 % de gaz naturel, pour 10 % de pétrole et pour 5 % de biomasse selon l’Agence internationale de l’énergie.

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