Quelle est l’empreinte carbone d’un événement de la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC) ?
Du 10 au 12 mars 2022, la CEC (Convention des Entreprises pour le Climat) (CEC) a rassemblé des centaines de participants et d’intervenants à la Friche la Belle de Mai à Marseille pour la session 4 “Génie Humain”. A cette occasion, la CEC a réalisé le Bilan Carbone de cette session marseillaise. Voici le compte-rendu et les enseignements tirés de la démarche réalisée avec les équipes d' Aktio .
1. Qu’est ce qu’un Bilan Carbone ? Pourquoi l’avons-nous réalisé ?
“La réalisation du bilan carbone était une initiative qui a été décidée dès le démarrage de la CEC, il y a une volonté d'être cohérent avec notre démarche auprès des participants et des bénévoles.” explique ✨ Laure Le Hello 💚 , bénévole CEC (pôle Evénementiel).
Un Bilan Carbone, c’est un inventaire des émissions de gaz à effet de serre (GES) générées sur un périmètre d’activité donné. On peut le calculer à l’échelle de toute une entreprise, d’un produit, ou comme nous l’avons fait pour un événement. Sa méthodologie a été initialement définie par l’ADEME (qui gère toujours la Base Carbone), et est maintenant portée par l’Association Bilan Carbone.
L’intérêt d’un Bilan Carbone, c’est de pouvoir comprendre d’où proviennent les émissions (transport, hébergement, alimentation…), et donc d’identifier et prioriser des actions concrètes pour limiter ces émissions !
Un Bilan Carbone est le point de départ incontournable dans toute démarche de transition bas-carbone. Bien qu’il soit obligatoire uniquement pour les entreprises de plus de 500 salariés, il était donc naturel de vouloir réaliser celui de la CEC. D’autant que nous avons prévu 7 sessions avec la CEC : il est donc possible de mesurer le Bilan Carbone de plusieurs événements, et mesurer nos progrès.
2. Bilan Carbone d’un événement : quel périmètre ?
Pour être complet, notre Bilan Carbone doit couvrir toutes les émissions liées à l’organisation de l’événement, du 10 au 12 mars 2022, y compris les émissions en amont (ex : fabrication des produits, déplacements sur place…) et en aval (ex : gestion des déchets). Il s’agit donc d’une étude sur l’ensemble du cycle de vie des activités considérées.
On distingue généralement les émissions par “scope”, selon qu’elles soient “directes” (scope 1) - typiquement, des consommations d’essence -, ou “indirectes” (scope 2 et 3), typiquement les achats.
Source : ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l'Energie)
Pour la CEC, l’association en tant que telle n’a quasiment pas d’émissions directes : nous n’exploitons pas les véhicules utilisés par les participants pour venir à la convention !
"S'arrêter aux émissions directes n’a pas de sens, car c’est bien pour la CEC qu’ils ont utilisé leur véhicule. Et il en va de même pour le traiteur, les déchets, etc. Toutes ces émissions doivent donc être comptées et ces notions de scope ont de moins en moins d’importance à mesure que les bilans carbone “complets” deviennent la norme, ce qui permet de se concentrer sur les leviers de réduction les plus efficaces” précise Laurent Barbezieux , cofondateur d’Aktio.
Ainsi, toutes les dimensions doivent être couvertes : les bâtiments, les déplacements, la restauration, etc. Le schéma suivant résume le périmètre que nous avons pris en compte avec Aktio :
Source : Aktio
“La mise en place du bilan carbone nous a permis de faire un point et d’avoir une cartographie des déplacements, de nos choix de prestataires et de nos achats. Il y a eu un travail important pour collecter les données. Pour les transports, les données ont pu être récupérées via les questionnaires remplis par les participants en fin de session. Pour les transports des bénévoles, les traiteurs et les consommables, nous avons récupéré les factures auprès de la comptabilité. Au passage, un grand merci à Sebastien Cambon , notre comptable, qui a dû faire un travail de fourmi pour ordonner et classifier les notes de frais, factures et autres documents !” précise Alexandre MEYRIGNAC , bénévole CEC (pôle Evénementiel).
3. Quels enseignements tirons-nous de cette démarche ?
Le Bilan Carbone de la session 4 à Marseille a été évalué à 11 tonnes d’équivalent CO2, soit 38 kg d’équivalent CO2 / personne présente. Quelques ordres de grandeur pour apprécier l’impact :
La réalisation du Bilan Carbone nous permet d’identifier les deux postes les plus émetteurs de gaz à effet de serre : le transport des participants (dont l'avion et la voiture thermique représentent la part majoritaire des émissions, même si ce ne sont pas les modes majoritairement utilisés) qui représente près de 45% des émissions et les achats (qui correspondent principalement à la restauration et à l’hébergement des participants et des bénévoles) qui comptent pour 36% des émissions de GES.
Répartition des postes d’émission du bilan carbone de la session 4 à Marseille
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Par ailleurs, nous nous sommes rendus compte que la collecte des données était l’un des plus importants défis du projet :
“La collecte des données d’un bilan carbone sur un événement se prépare bien en amont pour connaître les types de données à récupérer afin de travailler au mieux avec les prestataires et savoir ce qu’il faut leur demander et ce qu'ils seront capables de nous fournir.” précise Laure Le Hello.
“Le plus difficile fut la collecte de données concernant les déchets, les consommations énergétiques des bâtiments et des hébergements. Chaque session est organisée dans un lieu différent, et en réponse à diverses contraintes (nombre de personnes, de pièces, etc…), nous n’avons pas forcément le choix du bâtiment et de sa performance énergétique.” confirme Alexandre Meyrignac, bénévole CEC (pôle Evénementiel).
“Nous avons essayé de minimiser nos déchets en choisissant des traiteurs qui n’utilisent pas ou peu de vaisselles jetables et qui intègrent des consignes verre avec nos prestataires de boissons. Nous avons également distribué tous les surplus de repas au staff des prestataires, aux participants, aux bénévoles et à des associations caritatives pour limiter au maximum le gaspillage alimentaire. Mais malheureusement, nous n'avons aucune quantité chiffrée de déchets.” ajoute Alexandre Meyrignac.
Laure Le Hello et Alexandre Meyrignac, synthèse du bilan carbone de la session 4
4. Focus sur les actions déjà mises en place
Lors de cette édition marseillaise et avant la réalisation de notre Bilan Carbone, nous avions déjà mis en place des actions de réduction concrètes. Celles-ci ont contribué à réduire notre empreinte carbone pendant la session :
“Dès la première session, il y a eu une volonté d'intégrer une charte pour choisir une prestation de traiteur végétarien, de privilégier le train pour nos bénévoles et participants et de diminuer les déchets, par exemple en demandant aux prestataires de n’utiliser que de la vaisselle réutilisable.” affirme Laure Le Hello.
Parmi les autres actions de réduction d’émissions, on peut citer :
5. Les pistes d’action de réduction à la suite du bilan carbone
Après la réalisation du Bilan Carbone (scope 1, 2, 3), nous avons élaboré, avec l’équipe Aktio, composée de Thibault Faninger et Thibaud Burle , un plan d’action concret et accessible pour aller plus loin.
Trois leviers d’actions prioritaires ont émergé de nos réflexions, tous les trois agissant à différents niveaux de l'organisation d'un événement :
“On avait dès le début une volonté de créer des événements collaboratifs (école, éco-lieux…) ayant une empreinte carbone minimisée, mais nous n’avions jamais mis en place d’indicateurs simples qui nous auraient permis de faire des suivis par événement. La prochaine étape est d’essayer d’avoir une vue d'ensemble sur la totalité des événements de la CEC et de créer une liste d’actions qui pourrait être utilisée sur les futures sessions CEC.” ajoute Laure Le Hello.
Ce Bilan Carbone nous a bien montré l’importance de compter l’ensemble de ses émissions (scope 1, 2, 3), pour avoir une base factuelle pour agir. C’est pour cela que la CEC a retenu dans ses 10 mesures prioritaires la généralisation de l’obligation du Bilan Carbone à toutes les entreprises de plus de 50 salariés, sur les 3 scopes, chaque année. Cette mesure est une condition nécessaire pour que toutes les entreprises soient à la hauteur du défi de la transition bas-carbone.
Le paradoxe de la démarche CEC est que pour permettre à des entreprises de trouver les moyens de réduire leur impact environnemental, nous avons dû nous-même créer une activité, qui, même si elle est contenue et contrôlée, est émettrice de carbone. Et non, la méthode de comptabilisation carbone ne nous permet pas d’attribuer à la CEC tout ou partie des réductions qu’elle aura permis à ses participants, car l’impact de la CEC est trop indirect - même si l’on espère qu’il dépassera de très loin les émissions de ses événements ! Seuls ses participants en auront la gratification et nous en sommes fiers et heureux ! Du carbone que nous espérons bien investi si in fine il crée de la valeur environnementale.
Consultante RP associée chez FP&A
2 ansGhita ALAMI HAMDOUNI
Product Manager Freelance | Climate Fresk Facilitator
2 ansTrès instructif, merci
Directeur Centre de profits, Directeur Régional, Directeur Etablissements recevant du public
2 ansUn très bel exemple concret de bilan carbone avec ce qui a été mis en place et les pistes de progrès encore possible. Le tout très bien expliqué. Félicitations et merci pour ce partage avec les participants de la CEC.
Coache et permacultrice. Accompagner des transitions durables, résilientes et joyeuses avec l'Intelligence Collective et le Codéveloppement
2 ansSuper ce zoom très éclairant sur notre impact ! Et du coup, intégrons cette démarche d’évaluation / ajustements dès le démarrage de la Convention des Entreprises pour le Climat Provence Corse, en y ajoutant le coût de l’organisation au fil des jours (impact numérique) et qqs indicateurs de biodiversité aussi ? Alexandre MEYRIGNAC Sylvie GILLET et Emmanuel Delannoy
bravo et merci ✨ Laure Le Hello Alexandre MEYRIGNAC