Quelle lecture estivale pour les amis de l’économie ?

Vous vous  intéressez à l’économie mais vous n’avez pas nécessairement le temps pour des lectures systématiques? Vous aimeriez profiter du calme de l’été pour lire un bon livre d’économie ? Alors c’est le moment d’ouvrir l’Economie du Bien Commun. Dans cet ouvrage, publié aux Presses Universitaires de France en Avril 2016, le professeur Jean Tirole, prix Nobel d’Economie 2014, nous livre ses réflexions sur plusieurs défis économiques contemporains: le réchauffement climatique, le chômage (en France et Europe), la construction Européenne et l'euro, les défaillances et l'organisation des marchés, le rôle des institutions, la régulation économique. Certains chapitres s’intéressent à la science économique : ses forces et ses faiblesses, les interactions avec les autres sciences sociales, le rôle des mathématiques pour l’analyse économique, la recherche en économie et l’enseignement de cette discipline.

Le livre, sans aucune formule mathématique, présente de manière claire et captivante les résultats des recherches les plus récentes et les plus abouties par rapport aux sujets traités. Les 17 chapitres du texte (628 pages quand même) sont indépendants. Comme un fil rouge, on retrouve toutefois la question des incitations et celle de l’information (imparfaite) dans une perspective résolument moderne.

Le style d’écriture révèle la personnalité du Professeur Tirole – une grande modestie doublée d’un savoir scientifique sans faille, une capacité d’analyse hors pair, l’absence de tout biais idéologique. Le livre propose des nombreuses recommandations de politique économique et régulation, en insistant sur les difficultés que rencontre actuellement l’économie française. 

Si le livre est accessible au grand public, l’auteur ne cherche pas le succès commercial. Les nombreux exemples sont sobres, on ne tombe jamais dans la dramatisation à outrance, les risques sont présentés avec lucidité, sans amplifier les peurs des lecteurs pour en faire un argument de vente. Les avis d'autres chercheurs, même divergents, sont cités avec respect et sans polémique.

Pareil pour les solutions, l’auteur se refuse le scenario de la « solution miracle » qui consisterait à résoudre tout problème sans aucun sacrifice. En revanche il propose des solutions efficaces et il nous (nous, les lecteurs) met face à nos responsabilités de citoyens.

A la fin on a bien compris le titre – le bien commun est un concept ancien, qui englobe celui de intérêt public si cher aux pouvoirs publics : l’auteur propose une vison de l’économie et des recommandations à même de faire améliorer le fonctionnement de notre société, vers une situation où efficacité et équité se renforcent réciproquement, et les individus y développent des valeurs comme la confiance en autrui et le respect de l’autre tout en poursuivant librement leur propre développement. Tout particulièrement Jean Tirole est convainquant quand il nous explique comment la bonne théorie économique peut contribuer au bien commun.

Enfin, un paragraphe du livre que j’aimerais partager avec mes amis :

« Sans renforcer ni affaiblir en lui-même nos liens sociaux, le marché est un miroir de notre âme, rendant ainsi explicite des réalités de notre société ou des facettes de nos aspirations et de nos préférences que nous aurions préféré cacher non seulement aux autres, mais aussi à nous-mêmes. »

Bonne lecture !

14/08/2016