Quelle retraite demain pour les jeunes actifs actuels ?

Quand on interroge sur le sujet un actif trentenaire, il fait part de sa conviction qu’il ne pourra pas bénéficier d’une retraite quand il en aura atteint l’âge, le système ayant pris fin bien avant. Pourtant, sauf catastrophe imprévisible, le plus probable est qu’il bénéficie lui aussi d’une retraite, mais que le montant de celle-ci soit sérieusement raboté par rapport à ce que touchent les actuels retraités.

Il faut dire que la situation de ces derniers était réputée comme avantageuse, et plus avantageuse que celles de leurs semblables dans les pays voisins, puisque le revenu moyen par unité de consommation de ces non-actifs était supérieur à celui des non actifs…. Du moins il y a quelques années

On le sait en effet, la valeur du point AGIRC qui sert à calculer le montant des retraites versées, est bloquée depuis plusieurs années.

A vrai dire, on ne voit pas comment il pourrait en être autrement : depuis 2005, le nombre de personnes de plus de 60 ans augmente d’environ 250 à 300 milliers par an, ce qui augmente d’environ 2 % chaque année le nombre de bénéficiaires de notre système de retraite, alors que le nombre d'actifs(donc de cotisants) augmente beaucoup plus lentement. Et la plupart des nouveaux retraités ont eu une carrière complète, ce qui était plus rarement le cas des femmes de la génération précédente

Pour mieux comprendre l’évolution de la situation ces derniers temps, le graphique ce dessous compare l’évolution respective du SMIC horaire et de la valeur du point AGIRC, à partir d’une base 100 en 2005.

Le choix de la référence 2005 s’est imposé car avant cette date, il y a eu pendant plusieurs années plusieurs SMIC de référence, pour tenir compte du passage de 39 à 35 heures.

Par ailleurs, l’année 2005 fait également sens pour les retraites, car c’est à partir de cette année qu’arrivent à l’âge de la retraite les cohortes nombreuses nées à partir de 1945

Au premier janvier 2018, à partir d’une même base 100 à fin juin 2005, le SMIC se retrouve à l’indice 123,05 et le point AGIRC à 110, 46. Autrement dit, en moins de 13 ans, les pensionnés auront perdus plus de 10 % de pouvoir d’achat par rapport aux smicards, non compris l’opération de baisse des cotisations salariales début 2018. Il faut noter que dans le même temps, le ratio entre le SMIC et le salaire médian a baissé et que donc les smicards ont vu leurs revenus augmenter moins vite que la moyenne des salariés.

Conclusion, la situation des retraités n’est plus aussi avantageuse qu’hier quand on la compare à celle des actifs. On peut considérer qu’il y a là un retour à une situation plus normale (ne serait-ce qu’en comparaison de celle qui existe chez nos voisins). Mais bien sûr, la dégradation des conditions des retraités ne peut avoir lieu indéfiniment.

Le constat ci-dessus ne doit certainement pas être considéré comme une surprise : il est le résultat de l’augmentation considérable du nombre de retraités, et du ratio nombre de retraités/ nombre d’actifs.

Les simulations réalisées depuis sa création il y a près de 20 ans par le Conseil d’Orientation des retraites se sont toujours faites avec l’hypothèse que les pensions suivaient l’inflation mais pas l’augmentation du pouvoir d’achat des actifs : tout se passe donc comme si les participants de ce conseil (y compris les organisations syndicales) avaient accepté d’avance la situation que l’on constate aujourd’hui, les représentants des salariés s’arque boutant sur le refus d’un report de l’âge de départ en retraite.

C’est d’ailleurs parce que ce report a fini par être décidé par le législateur, celui-ci organisant aussi une hausse régulière du nombre de trimestres à cotiser, qu’on peut espérer d’ici quelques années que l’évolution du point AGIRC reprenne une courbe proche de celle des salaires.

On reviendra sur cette question dans un prochain article