Tourisme Durable et Mondialisation
Le tourisme durable doit devenir une norme.
Une clientèle de plus en plus attirée par des modes de voyages alternatifs. Analyse de la demande actuelle.
Tourisme de masse et tourisme durable, une utopie ?
L’avènement du tourisme, international et intracontinental, nous oblige à nous poser certaines questions quant à la durabilité de celui-ci dans le temps. Cette irruption fait l’objet de nombreuses réflexions et débats car il s’agit d’un sujet qui provoque des tensions sociales, économiques et environnementales. Nous avons dépassé, en 2013, la barre du milliard de touristes et l’OMT (Organisation Mondiale du Tourisme) estime à 1,6 milliards le nombre de touristes en 2020. Ces chiffres sont d’autant plus inquiétants lorsque l’on sait qu’il s’agit d’un secteur fortement dépendant des contraintes énergétiques, environnementales et géopolitiques. L’idée n’est pas de transformer radicalement le secteur du tourisme, il s’agit surtout de le corriger et de l’adapter aux enjeux actuels. En moralisant, la manière dont l’offre touristique est organisée et administrée, par les professionnels du tourisme, vécue, par les touristes eux-mêmes est ressentie par les populations et régions hôtes ; le tourisme durable se traduit comme l’opportunité d’accompagner et de développer une des principales activités économiques mondiales en limitant ses excès.
Le tourisme durable doit devenir une norme.
Le tourisme est devenu un secteur primordial pour nombre de pays du Sud. Par son impact, il permet le développement économique des régions, en étant un élément social et une composante importante en politique. Il permet le rapprochement et la paix entre les peuples.
Ce mode de développement touristique, tout en étant viable économiquement, doit permettre l’enrichissement social et garantir un impact minime sur l’environnement. Le tourisme durable s’inscrit dans une perspective propre au développement durable, soutenue lors de grands sommets et par de nombreuses organisations internationales, et a pour objectif de sensibiliser le public en appliquant aujourd’hui des méthodes de travail responsables en vue préparer demain.
Cette nouvelle manière de voyager et de proposer une offre responsable doit être soutenue par une labellisation est une certification efficace. La construction de protocoles sérieux est la clé pour éviter que les labels soient totalement déconnectés des pratiques touristiques réelles. Ainsi, nous pourrons mesurer l’évolution des projets entrepris et l’efficacité de tous les acteurs qui bâtissent un tourisme durable.
Il faut voir le modèle du tourisme durable comme la possibilité de développer d’autres activités en parallèle, notamment les transports, l’artisanat, l’agriculture. Ce modèle se construit dans la lignée des politiques publiques promouvant une régulation accrue, visant à proposer « un nouveau modèle économique ».
Une clientèle de plus en plus attirée par des modes de voyage alternatifs. Analyse de la demande actuelle.
La part des personnes passant à l’acte du voyage durable est encore faible. Le critère de « durabilité » est majoritairement perçu comme « un plus ». Il s’inscrit derrière d’autres éléments jugés plus importants comme la situation, le prix ou la qualité. Ce constat résulte de freins qu’il est possible de résoudre : les touristes ont une méconnaissance du sujet et se cantonnent aux idées reçues, il y a « la peur de se faire avoir », le fait que pour beaucoup le développement durable soit totalement incompatible avec les vacances, les intérêts sont encore mal identifiés… Enfin, ils constatent que l’offre n’est pas repérable et peu accessible.
Les clients du tourisme durable ne sont plus uniquement de jeunes baroudeurs en recherche d’aventure et d’authenticité, mais aussi de plus en plus de personnes qui recherchent un équilibre entre plaisir, confort et nature à l’état brut. Les nouvelles formes de tourisme à l’étranger séduisent de plus en plus les classes moyennes et supérieures qui souhaitent se distinguer des modèles « see, sex and sun » et « all inclusive » imposés (particulièrement par les clubs de vacances) depuis plusieurs décennies. Ces modèles de voyage sont l’archétype d’un tourisme qui ne respecte pas les principes intuitivement attribués au tourisme durable. Les touristes éprouvent de plus en plus « un sentiment de honte et de passivité » lorsqu’ils voyagent dans ces conditions de surconsommation surtout dans les pays du Sud. De plus, cette situation d’inégalité et d’incompréhension aggrave considérablement, avec le temps, les tensions entre visiteurs et populations locales.
Même si les motivations touristiques privilégient souvent le repos et le sommeil, la recherche de l’authenticité et la rencontre avec l’autre, sont susceptibles de séduire une part non négligeable des touristes. Selon un sondage d’ATOUT France 85 % des personnes interrogées se déclarent intéressés ou très intéressés par le concept de tourisme durable.
Il est important que le touriste de demain soit sensibilisé aux problématiques de la région qu’il visite. A l’opposé du tourisme conventionnel (qui le réduit à un espace clos sans contacts extérieurs), le séjour devra être propice à l’échange et à l’ouverture en vue de nouer de vraies relations. De plus, le tourisme durable s’attaquant aux problèmes de pauvreté des pays en développement et des pays les moins avancés, il donne l’occasion de redonner un sens au voyage et il renvoi en même temps à la responsabilité individuelle.
Tourisme de masse et tourisme durable, une utopie ?
Les offres de tourismes alternatifs se développent progressivement. Il s’agit d’un marché nouveau essentiellement composé de petites entreprises positionnées sur des niches de marché très artisanales. Cependant, c’est par les grands opérateurs que doit s’opérer le changement. Ainsi, c’est là que résidera la possibilité d’agir sur un tourisme de masse, en proposant au départ des expériences certes exemplaires mais qui par leur succès, séduiront de plus en plus la majorité des touristes.
Selon les critères mondiaux du tourisme durable introduits en 2008, les professionnels du secteur touristique doivent retravailler quatre points importants :
- La planification de la durabilité : par un management qui doit s’inscrire sur le long terme et qui doit être adapté à l’entreprise ; par des infrastructures qui doivent s’intégrer naturellement à l’environnement ; par la formation du personnel aux enjeux environnementaux, sociaux, de santé de sécurité ; par l’information du consommateur sur les comportements appropriés lors des visites et sur la préservation du patrimoine culturel…
- L’optimisation des avantages sociaux et économiques : avoir un soutien actif et être initiateur de projets pour promouvoir le développement social (santé, éducation, assainissement) ; promouvoir l’ascension professionnelle au sein de l’entreprise à tous les employés ; garantir un salaire décent ; mettre en place une politique d’achats durables et favoriser les entrepreneurs locaux ; mettre en place une politique d’éthique et veiller à son application…
- La préservation du patrimoine culturel : avoir un code pour la visite de sites sensibles ; aider à la préservation du patrimoine et le promouvoir en faisant attention à ne pas le folkloriser ; utiliser le savoir-faire local pour harmoniser les infrastructures avec l’histoire et l’art local…
- Minimiser les impacts de l’activité touristique sur l’environnement : conservation de l’environnement (limiter la consommation d’énergie et d’eau, mettre en œuvre des pratiques pour réduire la pollution, avoir des politiques d’achat intelligentes) ; conserver la biodiversité, les écosystèmes et les paysages.
Grâce à ce nouveau mode de tourisme, les entreprises et les professionnels du secteur peuvent, en adaptant leur offre, espérer un accroissement de leurs ventes tout en améliorant leur image auprès de la société. En contribuant à la préservation de l’environnement, ils peuvent s’attendre à une baisse importante des coûts liés à la gestion de celui-ci.
Par leur implication sur l’activité et l’économie locale, ils s’imposeront comme de vrais piliers sociaux. Cependant, la « responsabilité » touristique concerne autant les touristes eux-mêmes, que les entreprises et les populations qui les reçoivent.
Bibliographie
- CREDOC, 2010, « le tourisme durable à l’étranger : regards croisés de l’OMT, des touristes et de quelques grands offreurs »
- HAL, 2011, « le tourisme responsable en Amérique Latine »
- IDBAmerica Online, 2002, « L’écotourisme en Amérique Latine »
- Edition Atout France, 2011, « Tourisme et développement durable. De la connaissance des marchés à l’action marketing. »
- Schéma du développement durable du tourisme, source ATM.fr