Qu’est-ce que la psychanalyse… pour les « nuls » ?

{{Concernant l’oeuvre peinte: huile sur toile, 69x42cm, 2023}}

Deux avertissements d’entrée de jeu. Le premier : cet article pourra souffrir de discussion ! C’est le propre d’un sujet vécu personnellement voulant être expliqué au plus grand nombre. Cet article ne s’adresse donc pas aux experts, quoiqu’il puisse être, je le souhaite, divertissant. Le second : je suis mal à l’aise avec l’expression populaire « pour les nuls ». L’expression « pour les nuls » n’a d’autre vocation que d’attirer le lecteur vers un sujet qu’il pourrait prétendre, à tort, hors de sa portée. Je suis d’avis qu’il n’y a pas d’état zéro, donc qu’il n’existe pas de « nul ». A contrario, nous portons en nous l’expérience de tous les sujets. Par des réminiscences successives, à nous d’en lever tout simplement le voile. Ceci étant… qu’est-ce que la psychanalyse pour… les profanes ? Voilà une expression que je préfère.

La psychanalyse est un vaste sujet. Du point de vue matériel, il a fait couler de l’encre. Du point de vue immatériel, il ouvre des champs des possibles aussi vastes que la somme de tous nos inconscients superposés. On pourrait commencer par lire l’introduction à la psychanalyse de Sigmund Fred. On pourrait et d’ailleurs, cette lecture est incontournable pour quiconque voudra approfondir le sujet. La bibliographie de Freud est d’ailleurs passionnante, mais le profane peut s’y perdre rapidement. Pourrait-on donc comprendre les linéaments de la psychanalyse sans Freud ? Quoiqu’il soit incontournable, le moment venu, il n’est pas nécessaire de commencer par là. Or, il faudra bien lire, un jour, mais pas les premiers. L’étude est, néanmoins, l’un des piliers de la transformation personnelle.

Que doit donc connaître le profane qui s’intéresse à la psychanalyse ? Je propose trois axes non réducteurs : récapitulation, inconscient et affirmation de Soi. Voilà les trois piliers. Le quatrième, invisible, étant l’étude, comme dit précédemment. 

La récapitulation : la psychanalyse est d’abord une méthode qui permet de récapituler sa vie, peut-être son œuvre, en prenant soin de remonter aussi loin que possible dans sa prime enfance pour se saisir consciemment d’où l’on vient et ce qui nous a fait. Elle ouvre la mémoire en direction de joies et de peines. Des blessures refont surface. Il convient avec la méthode psychanalytique de les accueillir pour les faire sortir de la spirale de ce que la même méthode appelle le refoulement. La récapitulation permet d’analyser nos peurs d’enfances avec un prisme plus mûr. Il s’agira encore de les accueillir avec un regard bienveillant d’adulte. D’ailleurs, la méthode ne convient pas à un public jeune.

L’inconscient : la psychanalyse ouvre aussi à la compréhension d’une force invisible qu’est l’inconscient. Elle ouvre le regard de notre conscience froide et souvent désabusée par la réalité sur des univers de possibilités : rêves éveillés, rêves endormis, lapsus, processus créatifs automatiques, j’en passe pour la forme de cet article. La psychanalyse permet d’établir des ponts entre la conscience et l’inconscience. Si elle permet de se développer une mémoire consciente de notre existence. Elle permet aussi de se développer un autre type de mémoire, celle de l’inconscience ; celle de nos rêves, de ceux qui reviennent en spirale, de ceux qui nous troublent, de ceux qui nous ont particulièrement excités. L’inconscient est un monde qui possède une syntaxe toute particulière et très personnelle. Sa découverte nous transforme.

Le Soi : enfin, quoiqu’il ne s’agisse pas d’un absolu en psychanalyse, la méthode fournit une grille de lecture d’affirmation de Soi. Jung parlera d’individuation. Il ne s’agira pas du tout d’exacerber son individualisme, au contraire. Le processus d’individuation permet de reconnaître qui l’on est vraiment ; avec ses forces et ses faiblesses. D’ailleurs, il faudra en prendre résolument conscience pour devenir Soi. 

Ces trois points, non exhaustif de ce qu’est la psychanalyse, récapitulation, ouverture à l’inconscience, l’appropriation du Soi, fournissent une grille de lecture sur notre Humanité en général et sur notre humanité en particulier. La réduction en trois points est, je le reconnais, osée, mais mon souhait n’est pas d’abaisser la discipline, mais, au contraire, qu’elle soit connue ou rétablie par le plus grand nombre en l’élevant. Quiconque s’y plongera pour s’y relever y ajoutera son expérience. Quiconque s’y épanouira accroitra l’édifice. Un édifice qui s’ouvre, j’en suis persuadé, par trois clés de lecture.