Qu'est-ce qu'un bon sujet de formation?

La question du sujet de formation est une question bien plus compliquée qu’elle n’en a l’air, alors qu’il s’agit fondamentalement d’un point traité de façon relativement mécanique (si si!). Pourtant, il y a de nombreux écueils à contourner, aussi bien pour l’entreprise que pour l’organisme de formation qui se veut utile – véritablement – à la société.

• Le premier vrai sujet, la première vraie question à poser – et non des moindres – est la suivante : quel(s) problème(s) cherche-t-on à résoudre ?(Influence du Lean oblige !). Une réponse du type « donner un esprit de service à mes vendeurs » ne veut pas nécessairement dire que la formation est la solution. Peut-être que ce « manque » d’esprit de service vient du recrutement d’origine, de la capacité du manager à diffuser ce sens du service, de la culture propre à l’entreprise, ou même des espaces de vente mal agencés, des horaires décalés … ou du croisement de tout cela ! Ce que je veux dire, c’est qu’il y a un risque fort de penser que le problème initial vient des gens, et qu’en les formant en mode ex-cathedra, la lumière va venir. C’est une réaction normale car elle évite de remettre le système organisationnel voire le management en question, mais il faut essayer de s’en prémunir... Peut-être qu’effectivement la formation peut s’avérer grandement utile. Mais peut-être pas. Et il n’y a qu’une seule façon de le savoir, c’est de consacrer VRAIMENT du temps à cette première question, pour élaborer plusieurs pistes d’action, et voir celle(s) que l’on décide d’explorer en premier. Cette phase nécessite parfois un accompagnement pour démêler le fantasme de la réalité. Par conséquent, il faut agir avec ce proverbe touareg en tête : « Si tu ne sais pas où tu vas, tu risques de mettre longtemps pour y arriver », CQFD.

• L’autre écueil important à déjouer est celui des représentations diverses et variées qui s’affrontent. Hormis pour les formations techniques - formation produit ou savoir-faire artisanal ou industriel - le choix des sujets de la formation peut être un objet de débat.Il y a les sujets que le siège estime nécessaires, ceux que les collaborateurs estiment également utiles … mais aussi ceux dont ils ont envie ! Il y a également les sujets tendances qui prennent le devant de la scène et qui laissent penser que c’est là-bas qu’il faut aller ; ou encore ceux sur étagère que certains organismes de formation mettent en avant. Enfin, il y a le principe de réalité : ce que l’on peut trouver sur le marché, à des tarifs que l’on peut s’offrir. Le croisement de ces données aboutit souvent à des compromis, plus ou moins probants. Mais si le premier écueil sur le problème à résoudre a été bien travaillé, ce second écueil peut être bien plus facilement évité !

• Enfin, d’après les travaux de Marie-Paule Maugis (2019), le choix du sujet doit répondre à ces trois critères pour avoir une chance de susciter l’adhésion du plus grand nombre :

1. Le sujet est en cohérence avec la vision de l’entreprise. Cela peut sembler évident, mais dans les faits, ça ne coule pas de source. Évidemment, si vous êtes une entreprise spécialisée dans les ressources humaines et que vous faîtes des formations type « Les secrets d’une bonne manipulation »(ne rigolez pas, cela existe !), vous percevez vite le décalage vision / pratique. En revanche, certains manques de cohérence sont plus discrets, mais sautent toujours aux yeux des collaborateurs. Par exemple, si vous êtes une entreprise qui prône des engagements de RSE, et que votre business et vos formations engendrent des déplacements monstrueux, un gaspillage alimentaire excessif etc., vous perdez indéniablement de la crédibilité, et donc un certain engagement de vos équipes.
2. Le sujet de formation apparaît légitime aux yeux de tous (participants, commanditaire ET formateur).Le commanditaire perçoit un intérêt pour son entreprise de former ses collaborateurs sur ce sujet ; les collaborateurs comprennent que le sujet est important pour l’entreprise et y voient une continuité dans leur avancée professionnelle ; le formateur perçoit le fil rouge de cette action et est à l’aise avec.
3. Le sujet de formation répond à des valeurs partagées par le plus grand nombre des personnes impliquées.Aujourd’hui, à titre d’exemple, beaucoup de personnes sont spontanément favorables aux formations sur le respect de l’environnement, car il s’agit d’une valeur partagée. Mais ce n’est pas le cas de tous les sujets. Ce qui est certain, c’est qu’un sujet qui résonne à titre personnel engendre beaucoup plus qu’un sujet sans vibration chez l’apprenant.

Vous en conviendrez, un sujet de formation vraiment opportun est finalement assez rare, et n’est pas de la seule responsabilité de l’organisme de formation. Cela engage aussi un travail préalable de l’entreprise sur le pourquoi de la formation… Finalement, l’avant et l’après formation sont tout aussi importants que la formation elle-même, car ce sont ces phases-là qui nécessitent le travail le plus rigoureux. Mais si elles sont réalisées consciencieusement, la formation peut réellement faire décoller un collectif !