Raconter son premier jour de travail...
Avez-vous déjà fait l'exercice d'écrire, de raconter votre première journée de travail ?
Je vous livre ici, mes commentaires à partir des textes pour cet exercice de mes camarades étudiants en Master 2 EFIS, qui avaient aussi une activité professionnelle.
Le moment avant d'arriver sur le lieu du travail : le peu de sommeil pendant la nuit précédente, la question de savoir comment s'habiller, le transport (Peugeot 103, train, RER, métro, voiture, vélo, à pieds dans les rues de Londres), l'attente devant la porte, "l'avant" de rentrer dans Le lieu du travail.
Ce moment avant d'arriver, est perçu comme une préparation, une mise en condition. Elle peut être bien identifiée, par exemple, pour celui qui préfère se garer loin, ce qui lui permettra d'avoir encore un peu plus de temps pour se mettre en condition, d'être prêt à affronter cette première journée. Elle est brisée cette préparation, pour celle qui a la surprise de voir son manager dans le train, elle n'a pas sa veste, elle n'est pas prête.
Le rapport à la Nature, rassurante, est présent dans plusieurs textes : l'esthétique des fleurs oranges, la vue magnifique de la campagne, la tache de ciel bleu qui redonne du courage, le fait de sentir le vent sur son visage.
Une fois passée la porte, le regard des autres, l'accueil, le sentiment d'avoir à faire à des personnes bienveillantes ou non est mélangé à la sensation physique des murs et des odeurs des lieux ainsi qu'à l'impression de gigantisme, d'être perdus dans un labyrinthe ou de ne pas pouvoir respirer.
L'Autre, ou les Autres au début de cette première journée, seront ressentis comme sincèrement bienveillants, comme ayant préparé l'arrivée de la nouvelle personne. Ils seront ressentis pour d'autres comme "faux" ou désagréables, parce que le contexte leur est inconnu : tensions à cause du déménagement des locaux forcé ou le refus de congés, ou bien parce qu'ils ont à faire à des personnes qui n'ont pas conscience de l'interprétation de leurs paroles : "les enfants difficiles", "difficile d'être au niveau de la stagiaire précédente", "ces gens-là ne pensent pas". D'autres se sentent testés ou impressionnés par le professionnalisme des personnes qui les accueillent. Certains ont peur, une peur qui durera des années pour l'un d'eux.
Dans ces premiers ressentis par rapport aux personnes, au niveau physique, je note que l'un est très sensible aux cheveux des femmes, qu'un autre a l'air d'être plus à l'aise en voyant que l'un des membres de l'équipe a le même pull que lui, un café, une cigarette, un petit lien peut se nouer en quelques secondes. On a besoin de se rassurer, en se trouvant un ou des alliés et pourquoi pas des amis.
Au niveau physique toujours, mais par rapport aux objets, aux murs, je note l'importance de préparer son matériel, d'organiser sa classe ou son bureau, de démêler les fils des nez rouges, s'approprier l'espace où l'on va évoluer dans ce nouveau travail, que la tête est ailleurs à cause du stress d'un déménagement et d'avoir à tout gérer en même temps qu'un nouveau travail, c'est déstabilisant, savoir ce que l'on fait de la craie sur ses doigts, de découvrir que l'on va être accompagné d'un "chien-caisson de rangement".
Ensuite viennent les prises de conscience du bien-être de travailler dans un environnement familial, de sentir un réel travail d'équipe qui semble être efficace, d'être rassuré parce que la personne que l'on va remplacer reste encore un peu et va nous former, de se rendre compte que le travail sera intense mais qu'il nous permettra d'atteindre notre but et nous donnera satisfaction, de sentir une tension d'énergie positive et que ce travail est celui pour lequel on est fait, de se soucier de consignes floues mais choisir d'en rire, de douter quant à l'attitude à adopter dans les différentes situations, de se sentir stupide mais d'en retirer le côté positif, de sentir une complicité entre les "déjà-là" et de ne pas oser entrer dans le groupe et rester à côté, d'être sûr que ce travail n'est pas pour nous mais qu'il nous apportera l'expérience dont on aura besoin pour plus tard, que les visages et les prénoms des personnes importantes ce premier jour ne seront jamais oubliés, que certaines personnes peuvent avoir des comportements différents dans leur vie personnelle et professionnelle, de se rendre compte que certaines choses dont on aurait besoin on ne nous les a pas apprises...
Je vous remercie de m'avoir lue.