Rebel Ridge
Atteindre une maîtrise de la langue anglaise (étasunienne) qui permette de comprendre Rebel Ridge sans ses sous-titres, voilà un bel objectif linguistique ! Car on n'y pipe mot. La langue employée pour les dialogues relève presque du patois, tant intonations et vocable inscrivent les échanges dans une culture hyper locale (toute petite bourgade de Louisiane). Mais qu'est-ce que c'est bien ! Jérémy Saulnier m'avait enchanté avec Blue Ruin en 2014. Green Room tenait bien la route aussi... Cette fois, le projet est légèrement moins ambitieux, centré sur un personnage assez mystérieux, dont on attend ce qui n'advient pas vraiment, dans une confrontation qui serait traitée bien différemment dans le système hollywoodien. On est donc, malgré une diffusion par Netflix, dans un entre-deux qui relève davantage du film d'auteur que du cinéma de genre... Invité à pimenter la dramaturgie, le fabuleux Don Johnson est employé mezzo voce dans un rôle hélas assez terne. Mais n'est-ce pas justement là ce que Jérémy Saulnier vise : un suspense plutôt tendu, mais dont la résolution doit surprendre en mode mineur. On devrait en fait anticiper sa frustration avec cet auteur qui détonne et intéresse...