Reconversion ET INSERTION PROFESSIONNELLE des sportifs

Reconversion ET INSERTION PROFESSIONNELLE des sportifs

La reconversion des sportifs devient depuis quelques mois un sujet d’actualité, porté à la fois par la Ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques et par l’imminence des Jeux de Paris.

Sous cette impulsion les acteurs du sport, de l’emploi, de la formation et les entreprises se mobilisent pour aider à la reconversion des sportifs professionnels et de haut niveau et de nombreux nouveaux protagonistes émergent pour accompagner ces sportifs.


Pour être moi-même très impliquée sur ce sujet depuis plus de 20 ans, je considère qu’on ne travaille le plus souvent qu’une partie du sujet.

On parle le plus souvent d’accompagner les sportifs dans leur reconversion. Cela signifie aider les sportifs à se définir un projet professionnel et se former à un nouveau métier. Certains iront jusqu’à les aider à rédiger leur CV, parfois même les guider et les accompagner dans leur recherche d’emploi. Des plateformes de mises en relation entre les sportifs et les entreprises arrivent en nombre sur le marché pour organiser la rencontre entre l’offre et la demande. Pour la très grande majorité des acteurs qui interviennent sur ce champ, une fois que la mise en relation est opérée, le sujet est clos, et si une embauche est réalisée à l’issue de ce processus on considère que le problème est réglé.

Or je constate régulièrement qu'après le recrutement les choses peuvent rester compliquées pour le sportif. Je considère pour ma part que l’accompagnement du sportif doit porter sur son projet de reconversion et son insertion professionnelle.


Pourquoi ? 

Parce que l’objectif n’est pas seulement que le sportif trouve un emploi. L’objectif est qu’il trouve un emploi dans lequel il va s’épanouir, donner satisfaction à son employeur et réinvestir toutes les qualités qui ont fait de lui un sportif reconnu. Trop d’anciens sportifs me disent s’ennuyer dans leur emploi et n’utiliser que 30% de leur potentiel.

Et parce que sans préparation des deux parties, sans acculturation réciproque, on va au-devant de difficultés qui vont se révéler plus ou moins rédhibitoires.


Du côté du sportif d’abord qui sort d’une expérience où toute son énergie s’est focalisée sur son sport et sa performance.

1-    Souvent il ne connait pas le monde de l’entreprise, à son entrée dans l’entreprise c’est parfois une totale découverte du milieu. Les exigences de la vie d’un sportif aujourd’hui rendent souvent impossible la réalisation de stages quand il suit des études, il ne fait pas de jobs d’été, et quand il est sportif professionnel il est salarié à temps plein de son club et il n’est pas question qu’il passe du temps à autre chose que se donner tous les moyens d’être performant.

2-    S’il s’est formé au métier pour lequel il est recruté, il en a acquis les compétences métier principales. Mais formé ou pas, il n’a que très peu CONSCIENCE des compétences qu’il a développées dans sa pratique sportive et qu’il va pouvoir réinvestir dans l’entreprise, et il n’est pas préparé à les ADAPTER à la culture de l’entreprise. Ces deux manques constituent un risque majeur pour l’ancien sportif. J’ai le souvenir d’un champion de hockey qui expliquait que quelques temps après son embauche sur un poste de manager il s’est fait mettre dehors car « on ne parle pas à ses collaborateurs comme on parle à ses coéquipiers dans un vestiaires ». Régulièrement, le sportif est confronté à son impréparation à l’entreprise et il va découvrir assez brutalement des pratiques professionnelles ou managériales très éloignées de son propre référentiel professionnel. A partir de là frustrations et incompréhensions peuvent s’enclencher et de part et d’autre le recrutement est décevant, voire voué à l’échec.

Le sportif doit donc aussi préparer son insertion professionnelle, se projeter dans ce milieu qu'il ne connait pas et se préparer au choc des cultures qui l'y attendent...

Du côté de l’entreprise aussi un travail doit être réalisé pour accueillir et intégrer un sportif, car elle non plus ne connait pas le sportif.

1-    Au-delà des conférences inspirantes de grands champions qui viennent témoigner de leur expérience de la performance, de la résilience, de la gestion de soi et autres thématiques transversales aux deux univers, le monde de l’entreprise ne connait pas vraiment le sportif. En effet dans notre système, le jeune est souvent confronté au choix de faire de belles études ou de faire du sport. On se retrouve ainsi avec des élites qui ont fait ce choix étant jeune et n’ont, par conséquent, pas pu vivre cette expérience des apprentissages réalisés par la pratique sportive ; ils ont par là-même souvent déduit que ceux qui faisaient le choix du sport n’étaient pas les plus doués scolairement. 

À partir de là une représentation insidieuse du sportif émerge selon laquelle s’il a fait ce choix, c’est parce qu’il n’était pas assez intelligent pour faire des études. Comme beaucoup je suis convaincue du contraire et nous avons beaucoup d’exemples de sportifs brillants, mais les nombreux témoignages des sportifs qui sont confrontés à ce jugement m’amènent à considérer que ce point de vue est malheureusement très répandu au sein des entreprises, et de la société en général. L’entreprise est encore très loin de savoir repérer, valoriser et utiliser les compétences (Softskills) qui constituent le bagage du sportif.

2-    Quand une direction d’entreprise voit dans le sportif un profil atypique qui peut enrichir par sa différence l’équipe de travail, les collaborateurs pour leur part voient souvent une personne recrutée qui n’a probablement pas toutes les compétences ou expériences requises -puisque son précédent métier était sportif- (la jalousie ou l’incompréhension n’est jamais bien loin), ou qui arrive avec une ambition et une énergie parfois différente du reste de l’équipe et qui va générer des tensions.

Sans préparation ou accompagnement du manager et des équipes, le risque d’échec de l’intégration du sportif est réel.


Or aujourd’hui l’État, qui veut s’engager pour les sportifs au-delà des Jeux, bien aidé par la crise de l’emploi que nous traversons, mobilise les entreprises pour recruter des sportifs. Celles-ci se disent qu’il y a là probablement des ressources intéressantes. Jusque-là leurs CV ne les attiraient pas réellement, trop éloignés de leurs standards en termes de diplômes ou d’expériences professionnelles, mais faute de candidats l’argument des soft skills prend du poids au niveau des recruteurs.

Je trouve cette opportunité formidable pour les sportifs qui vont pouvoir montrer ce dont ils sont capables. 

Et je suis en même temps très inquiète au regard de la méconnaissance mutuelle que j’observe chaque jour à leur égard. Car si les tentatives de recrutement de sportifs ne sont pas concluantes, les conséquences sur leur recrutement et leur intégration à l’entreprise seront durables. Et l’après JO risque d'être difficile pour les sportifs qui se présenteront pour intégrer le monde de l’entreprise….


C’est pourquoi je suis très heureuse de l’initiative menée aujourd’hui avec @BPCE Sylvie Baccialone qui, au-delà de son partenariat avec les jeux de Paris, s’engage pour s’imprégner de la culture du sport et des sportifs et être ainsi en mesure de mieux prendre en compte leurs spécificités, ou de ces autres entreprises qui ne font pas que du sponsoring avec les sportifs mais les accompagne dans la construction de leur après ( Veolia Haïdy ARON-CAMPAN , RATPgroup , FDJ - La Française des Jeux , et beaucoup d’autres)


C’est pourquoi je suis fière de voir que notre dispositif #SportCompétences cocréé avec Collectif Sports et FDJ - La Française des Jeux et auquel sont associées plusieurs entreprises participe activement à cette acculturation réciproque et à l’intégration réussie de sportifs en entreprise.


C’est pourquoi je considère que toutes les opportunités qui me sont offertes de présenter mon documentaire « le sport, des médailles et après ? » constituent un pas dans le bon sens.


C’est pourquoi je suis impatiente de concrétiser tous les projets et partenariats ( Apec - Association Pour l'Emploi des Cadres Sophie DOMENECH-VINDEX ) en cours…

Alors Vive 2023, 2024, 2025,….

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