RELIGION D’ETAT OU RELIGION DE LA NATION, L’APPROCHE COLLECTIVISTE MENACE TOUJOURS LES LIBERTES INDIVIDUELLES
Une nouvelle constitution en cours d’élaboration en Tunisie supprimerait la notion de « religion d’Etat ». Selon le journal électronique TSA du 21 juin 2022 citant le Président tunisien, « Dans la prochaine Constitution de la Tunisie, nous ne parlerons pas d’un État dont la religion est l’islam mais (de l’appartenance de la Tunisie) à une Oumma (nation) dont la religion est l’islam ».
Cette formulation peut traduire une volonté de réduire la pression religieuse sur la législation et le fonctionnement de l’Etat tunisien. Les institutions tunisiennes pourraient se prévaloir un peu plus des standards internationaux. Est-ce l’intention réelle du pouvoir tunisien ? Cela reste à vérifier. Cependant, la formulation proposée n’écarte pas définitivement le risque de confusion de la politique et de la religion. Le déplacement sémantique qui renvoie la religion vers la Nation musulmane à laquelle appartiendrait le peuple tunisien n’est pas exempt de dangers. Cela rejoint la conception ethnique de la Nation définie par la religion et la langue. La nouvelle définition de la place de la religion dans l’Etat tunisien se rattache à une conception ancienne, celle de « l’Islam, religion du peuple ».
Recommandé par LinkedIn
Religion d’Etat ou religion du peuple, c’est la collectivité qui impose son choix. Autoritairement par l’Etat. Démocratiquement par la souveraineté populaire. Le résultat est le même. L’individu ne choisit pas sa religion, ne choisit pas ses croyances et idéologies. Les libertés de conscience et de culte sont ainsi contestées. Et par voie de conséquence, ce sont les droits fondamentaux, les libertés individuelles qui sont niés.
La tradition étatique et les pesanteurs religieuses de la société civile tunisiennes imposent peut-être un chemin escarpé pour se diriger vers la liberté religieuse. La mise à l’ordre du jour d’une nouvelle définition de la place de la religion dans la société tunisienne est le signe de la conscience d’un problème à résoudre. Sommes-nous en présence de choix tactiques de partisans de la laïcité ? Ces choix tactiques aideront ils à assoir la liberté religieuse ? C’est possible. Mais cela expose en permanence les libertés individuelles aux rapports de force politiques. Le chemin le plus sûr pour l’affirmation des libertés individuelles, c’est l’adhésion pleine et entière à la Déclaration Universelle des Droits de l’homme et au Pacte international relatifs aux droits civils et politiques des Nations-Unies.